Le toit de feuille orange se laisse mouvoir sous les douces bourrasques de vent ajoutant à la cacophonie du chant des oiseaux environnant se préparant à la tombée de la nuit. Prêt d'une petite cascade faisant se rejoindre deux court d'eau calme, un sorceleur est assit à son bord, ses mains s'affairant à malaxer les herbes dans un bol en argile dont une forte odeur se dégage. Ses yeux semblent perdus dans des pensées que seul lui peut voir s'animer sous ses pupilles d'or vêtues. La mixture principalement verte se transforme peu à peu grâce aux pétales d'un blanc limpide; Des silhouettes apparaissent comme les fantômes du passé dans le vieil esprit du sorceleur solitaire.

Des enfants font leurs entrées en riant dans une grande bâtisse, dépassant les lourdes portes de bois protégeant l'enceinte des regards curieux. L'un à du mal à suivre, élancé et maigrichon, il traîne ses longues jambes comme deux sticks pénibles à porter, dégageant de longues mèches de cheveux blancs de son visage. Il tente de rejoindre la troupe mais abandonne finalement lorsque celle-ci escalade l’échafaud branlant de bois fait. Le petit se laisse tomber dans un nuage de poussière sur le sol terreux en soufflant, les joues rouges d'effort. Quelques sorceleurs dont le médaillon d'un loup pend fièrement autour de leurs cou le regarde avec pitié; Beaucoup n'ont pas comprit l'idée d'un elfe passant l'épreuve des herbes, comment y arriverait-il? Un simple coup d'oeil pouvait suffire à comprendre que cette vie n'était pas faite pour lui. C'était du suicide. Il ne serait qu'un échec de plus.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change.

L'histoire d'un homme ayant ressenti tellement de pitié envers ses élèves qu'il prit les plus défectueux sous son aile afin de les amener vers une autre promesse, celle de vivre un peu plus longtemps, d'avoir une chance de survivre pour un destin qu'ils n'avaient jamais demandé. Le petit elfe blond ne fût plus caractérisé comme trop svelte, trop sensible, trop peureux, trop tout et pas assez d'autres. L'école du rat était plus patiente, plus tendre avec le gringalet émotionnel qu'il était alors. Chacun prenait le temps de trouver et manier une arme de prédilection que beaucoup auraient trouvé aberrante. Tous cherchaient à se servir de leurs failles comme pouvoirs, ne faire plus qu'un avec ce qu'ils étaient afin d'embrasser ce qu'ils seraient. Une méthode d'enseignement qui sembla porter ses fruits après dix longues années. On ne l'aurait pas pensé mais destinée sauva le garnement aux souvenirs brumeux qu'était Rodànn, lui ouvrant les portes d'une nouvelle vie qu'il devrait s'approprier bien vite. Il revoit sa chambre froide, allongé sur son lit aux draps rugueux, changé à jamais. Le sourire de son mentor lui affirmant que c'était finit maintenant.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change. Un sourire amusé étire ses lèvres fines tandis qu'une main se porte à son oreille droite pour y frôler le bout pointu.

Un sorceleur de l'école du rat, certainement un imposteur! Qui plus est un elfe?! N'a-t-il pas la présence d'esprit de cacher ce trait pour couvrir son mensonge? Quel honte. Des dires crachés sur sa personne qui ne comprenait, bien souvent, pas pourquoi. Faut dire que Rodànn comprenait pas grand chose à l'époque. Alors lorsqu'on lui quémanda de cacher sa race afin d'obtenir plus de contrats et redorer le blason de son école, il le fit comme on le lui avait apprit. Se taire et obéir voilà le credo qu'un sorceleur de sa trempe devait suivre. Pendant longtemps il ne fût que le reflet miroitant de ce que l'on voulait voir de lui. Un simple et inutile reflet d'une rivière douce dans laquelle tous venaient se rafraîchir, asséchant peu à peu ses cours gentillet. Assis devant le feu brûlant dans la salle à manger de son école, les épaules affaissés et le visage maigre du poids des expectations l'elfe caresse distraitement une lame aiguisée avant de la mener vers le bout de son oreille. Le métal s'enfonce quelque peu dans la chair et dans une grimace il laisse retomber l'arme dans un tintement sonore sur les pierres de la salle. Il se perd un peu plus à chaque inspiration qu'il inhale.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change. Dans un soupir, les doigts descendent lentement sur la surface fraîche du bijoux à la forme particulière d'une vipère mordant la courbe de son oreille.

Rodànn Fin'caem, un nom au passé inconnu, au présent façonné et au futur sillonné. Si peu vivant que lorsqu'il assista à la chute de son école, ce qui aurait dû être sa famille, il traça son chemin afin de finir son contrat puis s'endormit sur une pensée âcre que rien n'importait dans cette vie. Encore moins le moindre mal. Il pouvait encore voir les murs brisées, la fumée s'élevant des quelques bâtiments qui avait été la proie des flammes de la haine, l'étendard autrefois si fier gisant maintenant dans une flaque de boue, s'agrandissant sous les gouttes de pluie accompagnant son silence. C'est dans cette survie fantomatique qu'il rencontra Glyenn. Une entrevue des plus fracassante qui se termina bizarrement dans une tumultueuse étreinte avant que les deux ne se séparent et ne se retrouvent à nouveau quelques semaines plus tard. Et ainsi de suite comme si destinée se moquait et s'amusait d'eux. Chaque fois était aussi passionnelle qu'écourtait par manque de temps ou de volonté. Pourtant malgré leurs esprit volage, Glyenn apprit bien des choses à Rodànn, plus que son mentor n'aurait jamais pu lui apporter. Parmi elles, être fière de tout ce qui pouvait le constituer car si lui ne le faisait pas, alors qui le pourrait? Ce fût un long chemin qu'il fût ravi de faire en compagnie de cet autre être à la morale douteuse selon beaucoup mais qui serait-il pour jugé?
Il se souvient encore des longues nuit d'été passait les yeux grands ouvert à scruter le ciel à la recherche de réponses. Le plus gros travail se faisait dans ces moments là lorsque la solitude se rappelait à lui après avoir quitté compagnie. Qu'adviendrait-il de lui lorsque tout cela serait finit? Rien ne pouvait calmer l'anxiété qui faisait rage en son sein résultat de ces nombreuses années de silence où il pensait être dépourvu d'émotions lorsqu'il en avait trop pour y prêter attention.
La dernière fois qu'il vit Glyenn avant que celui-ci ne commette l'irréparable il faisait orage. Les deux partageaient une couche tandis que le grondement faisait trembler le maigre matelas posait à même le sol, finissant de briser leurs lombaires. Rodànn affichait fièrement son appartenance à l'école des rats malgré la dissolution de celle-ci. Et une étincelle de vie semblait avoir prit place dans ses yeux normalement si morne. Une étincelle qui se transforma en brasier ardent lorsque quelques semaines plus tard il apprit son exil.
Au contraire ce que l'on attendit de lui, il ne chercha pas à le retrouver, il pensa que destinée le remettrait sur sa route si tel était son choix. Néanmoins, comme héritage, il croqua l'existence à pleine dent et en aima tellement le goût que cela ne le quittera plus jamais.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change.

Bientôt le nom de Rodànn Fin'caem résonna comme à la fois une honte pour les sorceleurs comme une fierté. Un elfe dans cette tranche souvent prit pour un imposteur dû au médaillon pendant à son cou; Un bijou de plus en plus lourd à porter mais que jamais il ne retirera. Ses oreilles maintenant à la vue de tous, agrémentées de bijoux argentés dont les plus voyants représentaient un rat et l'autre une vipère, étaient portées fièrement. Partout où il passait il laissait dans son sillage des chuchotements admiratifs, craintifs, plaintifs et bien d'autres car jamais un être ne ferait l’unanimité. Cela eut le don néanmoins d'amener plus facilement les contrats car l'on disait malgré les apparences qu'un travail était toujours achevé et cela convenait à un être qui commençait à devenir bien trop âgé pour se préoccuper des dires d'une populace trop agitée à son humble avis.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change. Ses yeux se firent plus chaleureux malgré le chagrin l'envahissant, mélancolie n'était pas forcément porteuse de tristesse. Et dans un souffle il murmure le nom de la gamine.

Lorsqu'il croisa à nouveau Glyenn les deux furent autant surprit l'un que l'autre de ce qu'ils étaient devenus et le chemin qu'ils avaient parcouru. Et par amitié et loyauté, Rodànn fût l'un des seuls à accepter d'entraîner la petite à ses côtés malgré quelques premières réticences. Eux n'avaient pas eu le choix, peut-être pouvaient-ils le lui laisser? Mais Glyenn était catégorique et refusait bien souvent d'en discuter.
Il n'apprit malheureusement pas tout ce qu'il savait à la petite pleine de vie. Bien évidemment il lui enseigna tout ce qu'il y avait à connaître sur le bestiaire ainsi que les tactiques de combat mais lorsqu'il commençait à s'agir des monstres se cachant dans leurs propres esprits, ceux se tapissant dans l'ombre des chaumières qu'ils ne pouvaient atteindre, ou encore les combats qui se mèneraient en leurs sein, déchireraient leurs entrailles de l'intérieur, il s'y refusait. Malgré les années passées et la petite se transformant en une belle jeune femme, Rodànn se berçait d'illusion et ne voyait toujours en elle qu'une enfant si innocente.
Il revoit encore les marchés dans lesquels elle les entraînait malgré leurs protestations composées principalement d’onomatopées grognées comme les rustres qu'ils étaient. Il entend son rire se répercuter de ci de là tandis que ses petites mains touchaient tout ce qui tombait sous ses pupilles ravis devant tant de merveilles que eux ne regardaient plus depuis longtemps. Lorsque les nuits se font rudes et le feu éclaire son visage glacé, il les revoit assis près l'un de l'autre, Glyenn affinant une de ses armes tandis que la gamine chantonne un air de son pays, berçant l'elfe. D'heureux souvenirs qui malgré tout lui laisse un goût amer dans la bouche.  
Lorsque cette dernière tomba enceinte, il se montra plus protecteur mais se distança manifestement de la jeune femme. Malgré leurs proximité, Glyenn et lui n'arrivait plus à bien communiquer, l'elfe se renfermant sur lui-même. Ils atterrirent bien vite dans une ferme, hébergée par une femme des plus attentionnée. Les deux sorceleurs firent alors tout ce qu'ils pouvaient afin de calmer la crainte et la colère des habitants mécontents de voir cette petite troupe sur leurs terres. Mais cela ne servit à rien. Destinée amena la mort à leurs porte et ne s'arrêta que lorsque leurs troupes fut brisée. Et tandis que Rodànn les regardait s'éloigner au travers des volutes de fumée provoquées par l'incendie, il regretta n'avoir transmit que la moitié de son savoir à Mirage et ne pas avoir parlé avec Glyenn, ayant ainsi trahis leurs confiance. Son ouïe se remémore encore le hurlement déchirant que poussa celle qui serait sa seule élève et les aboiements de ce qu'il considéra comme son meilleur mentor. Cette nuit, il se rendit compte les avoir trouvé au moment où il les perdait.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change. Sa main se porte au niveau de son abdomen tandis qu'une grimace déchire ses traits apaisés par de doux souvenirs.

La cendre envahissait ses papilles tandis qu'une torche lui brulait la nuque, évincé par la douleur d'une lame se logeant si proche de son foi. La mort sembla vouloir danser avec lui sous le ciel d'étoiles constellées. Mais destinée en décida autrement. Comme une bonne nouvelle circulant entre les maisons on annonça la mise à mort d'un monstre étant venu sur leurs terre pour détruire leurs garnison.
Si proche de la lapidation, il fût sauvé par une mage de passage, fuyant son passé tandis que lui souhaiterait le retrouver. Ils passèrent un long moment ensemble, voyageant sans arrêt sous couverture et vivant des contrats que Rodànn réussissait à décrocher. Leurs relation se développa sans que l'un ni l'autre n'y prêtent attention et ce fût le début de leurs fin. La mage souhaitait qu'il oublie son passé et ne se focus que sur leurs futur et ce qu'ils allaient faire, elle émit même l'idée de se poser quelque part afin de construire une famille, elle rêvait de bien des choses qui semblaient impossible pour eux alors que leurs corps s'étreignaient passionnément d'un amour fougueux. Finalement une violente dispute éclata lorsque l'elfe mentionna à nouveau Mirage et Glyenn, qu'elle savait son ancien amant. Rodàn n'arriverait jamais à être en paix tant que destinée ne le ferait pas recroiser leurs chemin. Dans un accès de colère, ils combattirent et sous sa puissance, le sorceleur tomba. À son réveil, elle était partie et il reprit alors sa route comme il l'avait commencé des années auparavant, seul. Ainsi était sa destinée propre, une solitude déchirante comptant le nom de ses amants dont il n'avait que le souvenir pour se réchauffer.

L'ustensile écrase à nouveau la mixture, le sorceleur cligne des yeux et la scène change. Ses yeux se relèvent et tombent sur le geai moqueur à la robe rosée qui piaille sur sa branche frêle non loin. En sentant son attention, l'animal s'arrête et plonge ses mirettes auburn dans celle féline. Ses ailes s'étendent, battent un instant et l'oiseau s'envole loin pour commencer sa ronde tandis que les derniers rayons du soleil éclairent la forêt aux allures enchanteresse.

En entendant des rumeurs circulaient de plus en plus fortes comme quoi l'école du rat avait renaquit de ses cendres, il se mit en quête d'en trouver le bâtiment qu'on disait son nouveau siège. N'étant absolument pas doué pour la traque lorsqu'elle était humaine, il mit des mois avant de simplement croiser la route d'une sorceleuse femelle clamant venir de cette école ci. Il ne la cru pas, alors pour lui prouver le contraire elle l'emmena voir de ses propres yeux que non seulement l'école avait renaquit de ses cendres mais en plus formait des femmes grâce à un mage ayant inventé un moyen de rendre cela possible. Son esprit s'envola vers Mirage, était-elle devenue sorceleuse? Avait-elle emprunté cette route qu'il aurait désiré lui refuser?
Refusant la proposition de devenir mentor, il reprit sa route vers ce que destinée voudra bien mettre sur son passage, notamment une multitudes de nouvelles plantes ne florissant qu'en cette dure période automnale.

Ses jambes restaient trop longtemps allongées protestent lorsque le sorceleur se lève afin de boiter vers un cercle de pierre contenant en son centre une multitudes de brindilles. D'un signe de la main et un marmonnement indistinct, l'elfe allume un petit feu qui se met doucement à réchauffer ses orteils endoloris. Demain sera encore un autre jour, apportant avec lui, son nouveau lot d'histoires et de souvenirs.  

Il y a de cela bien longtemps
Alors que je n'étais qu'un enfant;
Ma grand-maman a recueilli
un étrange sorceleur dans not' lit.

Aux oreilles pointus et grand gaillard
Le nomade n'était pas des plus bavards
Car ainsi l'on contait l'histoire
De ces combattant notoires.

Tout de noir vêtu,
Aux cheveux blancs,
Aux oreilles pointues;
Rodann, Rodann
Tout de noir vêtu,
Les cheveux au vent,
Et le monde se tut;
Rodann, au coeur vaillant

Dépourvu de quelconques émotions
Ainsi, pour sûr, aucun soupçons
D'humanité ne venait ternir nos propos
Parfois trop bien pour not' peau.

L'elfe n'était pas des plus loquace
Pourtant de bonté ses actions étaient vivaces
Lorsqu'il aida à toutes les tâches
Que simplement on s'attache.

Tout de noir vêtu,
Aux cheveux blancs,
Aux oreilles pointues;
Rodann, Rodann
Tout de noir vêtu,
Les cheveux au vent,
Et le monde se tut;
Rodann, au coeur vaillant

Et quand les flammes ont envahit
Le village voisin sans répit
Le sorceleur d'une héroïque manière
S'en est allé occire ce mal délétère.

Médisance suit sans relâche son espèce
Bien souvent remercié par une pièce
Ce jour là il ne fallut qu'un sourire
Pour qu'il nous laisse dans un rire.

Mon coeur accompagne cette ballade
Pour tout sorceleur en rade
Ecoutez ce refrain criant et parlant
D'un être qui me fût fort charmant.

Tout de noir vêtu,
Aux cheveux blancs,
Aux oreilles pointues;
Rodann, Rodann
Tout de noir vêtu,
Les cheveux au vent,
Et le monde se tut;
Rodann, au coeur vaillant.