L’enfance :
Toc! Toc! Toc!

Le bruit de deux épées de bois se percutant de façon répétitive. Le rire de deux enfants, deux petits garçons, contagieux à souhait et sans malice. Deux blonds aux yeux bleus, combattant vaillamment du haut de leurs 8 et 10 ans un épouvantail dans le champ de maïs de leur père. Aux yeux de leurs imaginations débordantes, les objets inanimés étaient de redoutable dragon, des vampires et des créatures de mythologie tous aussi effrayante, les unes que les autres. Le cri du plus jeune des frères résonne,

-GABRIEL! Attention! Il va te donner un coup de queue!

Le plus vieux, se tourne soudainement vers le vide et recule de deux pas en grognant,

-HA! Sariel! Maintenant!!!

Le plus maigrichon des deux bondit soudainement vers l’avant, la lame de son épée de bois s’abattant sur la tête du pantin. Le cri des deux petits résonne dans le champ, faisant fuir quelques corbeaux curieux alors que la tête du vil dragon s’étale au sol à leurs pieds. Gabriel a toujours été le meneur entre les deux, plus vieux, plus robuste, il brille de par son éloquence et sa force devant son petit frère. Sariel a toujours été le plus intelligent des deux toutefois, alors qu’il brille par la ruse et sa vivacité d’esprit. Possédant une complicité sans égal, ils se bondirent dans les bras dans une accolade fraternelle pour fêter leur victoire, avant d’être appelé par une voix féminine.

-Les garçons! À table!

Ils ont la chance d’habiter avec leurs parents. Venant d’une bonne famille, dans la moyenne en termes d’économie, ils ont eu le luxe d’avoir une enfance aisée et sans responsabilité. En comparaison de quelques enfants de famille noble, ils pouvaient se battre contre les dragons et chevaucher leurs licornes pendant que d’autres apprenaient l’étiquette. Ils ont appris à lire et écrire, la base dans une société un minimum éduquée. Le travail dans les champs a forgé le corps des enfants. Le travail dur et ardu quotidiennement leur donnant une bonne endurance musculaire, si bien que cela fut source de compétition dans la fratrie toute leur enfance.

Artenos et Melinas pouvaient être fiers de leurs gamins. Éduqués avec des valeurs familiales et aidant leur prochain, ils étaient connus pour leur cœur en or et leur dévouement.

***

L’adolescence :
-Gabriel… J’ai peur…

L’enfant est maintenant un adolescent. Sa chevelure blonde est maintenant plus longue que le niveau des épaules et des poils timides poussent ici et là sur son visage. Il approche, ses larges épaules et sa grandeur peu assumée en termes du centre d’équilibre sur le plan physique. Son corps est en changement, l’équilibre hormonal n’est pas encore rétabli et sa voix brise aux notes aiguës,

-Je sais que tu as peur, mais je te promets qu’on va bien rigoler…Tu dois rester immobile pour le moment et me faire confiance, d’accord?

Son ton est doux, rassurant. Il a toujours eu ce pouvoir, le don de rassurer les plus vulnérables. La fillette hoche la tête, la peur lisible dans son regard, alors qu’elle recule encore plus contre le mur de pierre derrière elle. Le serpent qui sépare les deux jeunes semble mécontent et siffle en sortant sa langue, rampant vers la jeune fille, menaçant de par sa longueur et grosseur. La créature est noire comme l’ébène, une ligne rouge recouvrant ses écailles et le blond ne sait point si l’animal est venimeux, mais il agit par instinct, l’adrénaline dans ses veines. Agrippant un bâton au sol, il le frappe alors sur la pierre, question d’attirer l’attention du monstre. L’animal tourne alors ses deux yeux malicieux dans sa direction, ce qui encourage l’adolescent à frapper de nouveau le morceau de bois, alors que la distraction semble fonctionner. Le reptile avance finalement vers lui et un sourire éclaire son visage, alors qu’il souffle à la jeune fille, une gamine de 6 ans tout au plus,

-Sors de la grotte, tout de suite!

Elle s’élance alors, fuyant son cauchemar, alors que l’adolescent fait tournoyer le bâton comme s’il s’agissait d’une épée qu’il brandissait pour affronter un dragon. Retour en enfance, alors que sa confiance le rend téméraire quant à ses fausses habilités au combat. Un garçon de ferme ne sait après tout pas réellement se battre… L’adversaire bondit et le blond est surpris de la vitesse, les crocs du serpent se loge dans la cuisse du jeune homme, morsure douloureuse, alors qu’il abat son arme improvisée sur la tête de la créature en grognant.

Le coup fut assez puissant pour rendre son adversaire hors d’état de nuire, le serpent devenant soudainement moue, inerte au sol, alors que les crocs sortaient de sa chair légère sanguinolente de la récente blessure. Plus de peur que de mal, alors qu’il venait de sauver une fillette d’une redoutable couleuvre. Il ne garda aucune séquelle de cette attaque, mais se mérita les remerciements du père de la gamine qu’il avait aidé. La chance tournait pour lui et sa famille, alors qu’il acceptait à l’âge de 16 ans de devenir l’écuyer d’un chevalier. Décision déchirante, quitter sa famille et le nid familial pour accomplir un rêve, une occasion en or.

Sir Malrick croyait en lui. Croyait en sa détermination, son courage et sa discipline. Il accompagna l’homme dans quelques missions hors de la ville, apprenait les rudiments du combat à ses côtes et accomplissait les tâches indignes au départ, comprenant qu’il devait gagner en expérience pour espérer faire comme son maître, défendre les plus vulnérables, défendre sa famille et sa ville bien aimée.

***

Adulte :
Neuf années à servir Toussaint en tant qu’écuyer d’un chevalier. L’autodiscipline était importante, tout comme le respect et la persévérance. La volonté n’avait jamais été un manque chez Gabriel, qui releva les défis sur son chemin avec brio. Valeureux, le dévouement envers sa ville était aveugle et alimenté par une énergie infinie. L’enfant était devenu un homme au cœur d’or. Grand, puissant et valeureux, il sut se forger une place de choix parmi les chevaliers à l’âge de 25 ans, alors que la lame de la duchesse le couronnait en se posant sur ses épaules, puis sa tête. Sa mère pleura toutes les larmes de son corps lors de cette cérémonie, alors que son père tentait de faire le fier. Mais Gabriel savait qu’au fond, il était fier comme un pan de sa progéniture. Son plus jeune frère pour sa part se retenait de lancer une réplique salace, l’heure n’était pas à la rigolade, mais plus tard? Il ne manquerait pas de se moquer de l’habit propre que le guerrier devait porter, le comparant à un bourgeois. Mais il était bien différent de ces nobles sans cœur.

-HAAAAAA!

Un cri de fureur lui échappait, alors qu’il lançait son épée dans un lac en forêt. L’épée ensanglantée du sang de ses ennemis, un groupe d’orque ayant voulu prendre d’assaut sa belle ville. La douleur, la culpabilité, l’impuissance le rongeant, alors que son destrier relevait la tête de l’herbe quelques secondes pour regarder son maître. L’errance l’ayant amené jusqu’ici dans ses bois pour s’y perdre et être seule.

-Pourquoi je suis si faible!

Tombant à genoux devant l'eau transparente du lac, il fixait son reflet quelques secondes, avant de soudainement donner un bon coup de poing dans l’eau pour en effacer la trace. Les flashes de souvenir lui revenant en mémoire, bride d’image, revivant les scènes dans lesquelles plusieurs chevaliers perdaient la vie. La guerre avait été difficile, ils avaient gagné, mais les pertes de leur côté étaient importantes, trop grande. Combien d’enfants grandiraient sans père, combien de femmes devrait trouver un autre époux… Il allait frapper de nouveau dans l’eau, lorsque le reflet d’une femme fut visible. Sursautant, il reculait subitement pour tomber sur les fesses, sa lourde armure limitant sa dextérité. Clignant des yeux avec surprise, une femme à la peau de couleur argent émergeait de l’eau, son épée dans sa main, avant de la lui tendre. Retrouvant un minimum de contenance, l’homme se redressait pour prendre l’arme tendue en répondant avec un sourire gêné,

-Désolé de vous avoir dérangé, je ne pensais pas qu’il y avait quelqu’un dans ce lac. Je vous présente mes excuses.

Un sourire sincère, honnête. Aucune surprise pour lui de constater l’existence d’une créature aquatique, ce monde fantastique était après tout surprenant. Rangeant son épée maintenant propre dans son fourreau, il entendit soudainement une voix féminine dans son esprit, chantante et ensorcelante,

-Je suis la Dame du Lac. Enchanté de faire votre connaissance, Gabriel…

Cela eut le mérite de faire sursauter de nouveau le brave militaire, qui observait les lèvres immobiles de la dame. Comment avait-t’elle put parler? Il posa une main sur sa tête, comme si cela pouvait lui permettre de sentir cette présence dans son esprit, qui l’avait pourtant déjà sondé complètement. Lui, simple d’esprit et sans complication psychique.

-N’ai pas peur, je ne te veux aucun mal.

Il se redressa alors, posture droite et fier, alors que son ton grave et formel résonnait, lui redonnant l’image du chevalier sans peur,

-Je n’ai pas peur ma Dame.
-Si, tu as peur… Ton cœur est troublé par le chagrin, tu as peur d’annoncer aux familles le décès des tiens, tu as peur de voir ta ville à feu et à sang.

Le chevalier écarquilla alors un peu les yeux, choqué d’être ainsi cerné. Ses épaules si tendues se relâchèrent soudainement, alors qu’il avouait avec un élan de vulnérabilité, son soupir long et tremblant,

-J’ai peur de perdre la guerre… J’ai vu la peur dans le regard de mes hommes aujourd’hui, leur détresse alors que le combat était sanglante, au pic de la violence… J’ai peur de perdre ma ville, ma patrie…

La forme féminine, nue et à la peau argentée avançait alors vers lui, lente démarche alors que l’eau glissait le long de ses courbes. L’homme garda son regard respectueusement dans les yeux de celle-ci, évitant de profiter de cette vision fort délicieuse. Son regard déterminé a protégé sa ville, sa patrie, ses hommes… Mais avec la présence d’une certaine vulnérabilité alors qu’il avouait sa faiblesse,

-Je ne suis qu’un simple hommes après tout… Que puis-je faire contre tous ces monstres qui rodent et menace la vie.

La main presque spectrale se posa alors sur sa joue barbue. L’homme figea de la tiédeur de celle-ci, malgré la provenance du lac. Le toucher était réconfortant, agréable et semblait chasser ses doutes d’un revers de main. Il reprenait confiance, alors qu’elle répondait mentalement,

-Je comprends ton désir de protection, j’entends ton sentiment d’impuissance. Laisse-moi te donner un petit coup de main dans ta quête Chevalier.

Une sensation de chaleur envahissait alors le blond. Un sentiment de bien-être venait remplacer sa tristesse, sa confiance revenait à la charge, se dressant devant lui comme un bouclier. Ses yeux commencèrent à briller légèrement, le bleu devenant rayonnant dans les ténèbres afin de guider les âmes perdues vers la lumière et redonner espoir. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, aucunement même! Mais il se sentait… Plus fort, plus brave que jamais! Ho, le tout était purement psychique, alors que son corps restait fragile pour les montres, mais sa volonté n’avait jamais été aussi puissante. Le désespoir quittait rapidement ses traits, et ce, même avec le retrait de la main sur sa joue. Il sourit finalement à la Dame du Lac, reconnaissant,

-Merci, vous venez de me redonner espoir.

-Comme tu le feras dorénavant, porte les chants d’espoir et surtout, n’abuse pas du don que je t’ai offert.

Il ne savait pas réellement quelle était cette entité, mais elle était bienveillante et il s’engageait à protéger ce lieu de paix également dans le futur. En guise de remerciement pour cette intervention qui venait de le remettre sur le droit chemin. Il n’y eut pas seulement les guerres avec les orques, il y eu diverses créatures qui tentèrent de poser préjudice à Toussaint. Honorant le code de la chevalerie, il repoussa les attaques et n’eut pas la chance de revoir la Dame du Lac. Mais, il réalisait avec le temps le don que lui avait offert celle-ci. Une aura de courage, une énergie contagieuse pour ceux et celles autour de lui. Transmettant à ceux affectés par l’aura bravoure, confiance et espoir.

L’enfant : Il est niais, enfantin et parfois immature. Lorsqu’il est détendu, son humeur taquine reprend le dessus avec sa joie de vivre. Un être au cœur pur, utopiste et aveuglé par son manque de maturité. Il redonne à son prochain, partage ses biens et déteste voir des personnes exclues de groupes. Patient, il pardonne à son prochain leurs péchés et les aides même à se relever. Croyant au fond qu’il arrivera à porter la ville sur ses épaules et à protéger les plus démunies. Ses convictions sont fermes, aucunement malléables alors que son entêtement peut sembler puéril, tout comme son imagination débordante.

L’adolescent : Il a appris ce qu’est la mort, la destruction. Il a voulu se rebeller en réalisant qu’il n’était pas assez fort pour tous les sauver. Il a culpabilisé de nombreuses années, prit le poids des âmes qu’il n’a pas pu sauver à son passage sur ses épaules. L’adolescent est téméraire, courageux avec un brin de folie. Entêté, il n’abandonne jamais. Les échecs sont difficiles à supporter, mais ce qui ne l’a pas tué la rendu plus fort. Il s’est adapté, a pris ses expériences pour devenir meilleur, plus sage, plus puissant. Il a une pensée rationnelle et sait analyser une situation, confiant dans les décisions qu’il prend.

L’homme : Il est noble, bien intentionné et valeureux. Il fait de son mieux pour aider son prochain. Il comprend de par sa conscience sociale qu’il n’existe pas de bien, ni de mal. Que cela n’est qu’un contraste abstrait pour dicter une ligne de conduite. Il vit donc dans la zone grise et n’est en aucun cas raciste. Son jugement est juste et équitable, alors qu’il évalue les actions des individus et non leurs races ou appartenances à un groupe. Respectueux, il honore les valeurs de la chevalerie et brille de pas son audace, éloquence. Sa bravoure est contagieuse et la loyauté sa première valeur.