La musique était quelque chose d’inné chez bien des gens, mais une majorité de la population avait bien une chose en commun, au-delà de la science de ce talent ou de cet art : tout le monde aimait à entendre la musique. Cette dernière avait différents caractères qui permettaient à certains de se retrouver pour rire et danser, tandis que pour d’autres, elle était plus significative de nostalgie et de mélancolie. Chaque note avait son propre trait et son propre intérêt pour chacun mais rares étaient ceux qui détestaient entendre quelques mélodies bien jouées, sans fausses notes. C’était pour cela que tu aimais autant ton métier de barde, tu aimais jouer pour apporter un peu de douceur aux autres par le biais de quelques cordes frottées à la volée. C’était un plaisir qui ne connaissait de fin que celle de la chanson ou la mort de l’artiste, de l’interprète. Tu aimais monter sur les planches du Caméléon ou du Martin-Pêcheur pour effleurer du bout des doigts les cordes de ta mandoline ou de ta harpe ou même encore tenir entre tes doigts l’archet de ta vièle pour faire se disperser quelques douces notes au sein de l’assemblée. Tu n’avais certainement pas le talent de Cantarella ou encore Maître Jaskier et même si, secrètement, tu aspirais à être aussi bons qu’eux, tu te suffisais de quelques sourires ou de quelques perles salées pour la beauté de ta musique, de temps en temps. Tu aimais à profiter du sourire des enfants dont tu emballais les quart d’heure de pause par quelques notes bien placées sur le son de ta vièle, tu aimais les quelques secondes de détente pour les catins et les mendiants épuisés par leur journée quand tu venais glisser quelques notes de mandoline auprès du Bosquet Putride. C’était quelque chose qui animait tes jours et tu ne te voyais pas sans un de tes instruments de musique, tu ne pouvais vivre sans ces petites choses qui donnaient à ta vie ce sel et ce sucre si propice à toutes bonnes choses. Il était vrai que les jours n’étaient pas simples, il était vrai que ce n’était pas toujours facile de vivre comme tu le faisais, sur la corde raide financière, mais tu ne changerais probablement ta vie et ton rythme pour rien au monde. Tu possédais de merveilleuses personnes dans ton entourage et tu aimais à les bercer, de temps à autres, de quelques délicieuses notes, et ces mêmes personnes te donnaient tout ce dont tu avais besoin ans ta vie : de l’amitié, de l’allégresse et l’amour simple qui s’en découlait était tout ce dont tu avais besoin.

Bon, il fallait être honnête, tu avais aussi besoin d’argent, cruellement. C’était pour ça aussi que tu travaillais pour Elerinna, la nouvelle baronne de Novigrad – une ville que tu avais vu drastiquement changée au cours de ses dernières années, passant d’un climat extrêmement tendu à quelque chose de plus assoupli suite au décès de Radovid. Bien sûr, elle était une amie, précieuse même, mais c’était aussi ta patronne pour pleins de choses. Elle te demandait, très régulièrement, d’être son messager pour des lettres aussi triviales qu’importantes – tu ne demandais jamais leur contenu, ça ne te regardait pas – ou pour aller récupérer une lettre ou un colis chez ses différents associés et contacts. Cependant, ce soir… Le travail qu’elle te demandait était tout autre : tu devais animer la soirée d’ouverture de son nouveau bordel déguisé en casino. Tu savais à quel point cette soirée comptait pour elle puisque tu avais plus ou moins aidé à certains préparatifs en disposant différentes lettres à certaines personnes et tu l’avais vu, plus d’une fois, être prise dans le tumulte des préparations. Tu étais tout simplement heureux de voir que tout semblait sur le point de fonctionner désormais et… Maintenant que tu étais à quelques heures de l’évènement, tu avais hâte. Tu avais même acheté des vêtements plus ‘dignes’ pour l’évènement, pour faire en sorte d’être digne de cette soirée. Tu observais alors ton reflet dans le miroir de ta chambre au caméléon et tu te disais que vraiment… Tu avais bien fait. Tu portais alors une chemise rouge bordeaux avec des manches bouffantes au bout desquelles se trouvaient des broderies noires qui étaient également au niveau du col et des épaules. Par-dessus, tu avais rajouté un corset noir au laçage dorsal de couleur similaire à la chemise et sur lequel était également brodé des arabesques dans un sous ton noir. Ton pantalon était noir, très près du corps, rehaussé par des cuissardes à talon de la même couleur que tu avais agrémenté d’un fin laçage rouge par-dessus le noir originel. Tu retiras les bandages autour de tes doigts avant de partir, veillant à ce que tes mains soient parfaitement hydratées et en l’espace de quelques instants, tu étais parti, ta mandoline et ta vièle accrochée à ton dos avec des sangles noires permettant le transport de ses instruments. En quelques minutes, tu ne tardas pas à arriver sur la place du hiérarque, là où tout allait se produire et tu étais particulièrement impatient à cette idée. Tu trépignais presque à l’idée de pouvoir aider Elerinna à animer cette soirée qui semblait terriblement importante pour elle, et tu comprenais pourquoi dans le fond, c’était une nouvelle affaire et elle devait marcher alors tu allais absolument faire de ton mieux. Tu n’étais pas le seul sur scène ce soir, Dany allait être là également, et ça… ça t’enjouait encore plus !

C’est alors tout sourire que tu ne tardas pas à dépasser les videurs qui étaient là pour garder l’entrée, leur adressant un sourire avant de passer la grande porte qui donnait d’abord sur le casino. Tu pris quelques minutes pour observer les quelques clients déjà présents et les hôtesses qui géraient absolument tout le beau bazar installé pour les jeux d’argent rentrant en vigueur ce soir. Tu pris quelques minutes supplémentaires pour jeter un coup d’œil sur le petit jeu de gwynt qui se faisait dans un coin ainsi qu’un coup d’œil sur la table de poker qui avait été installée pour les férus de ce jeu. L’animation était présente ici, et tu ne doutais absolument pas que cela allait continuer d’emplir au fur et à mesure que la nuit allait se déliée doucement. Toutefois, ton travail n’était pas à cet étage et tu ne tardas pas à descendre les escaliers, dépassant le nouveau videur, pour pouvoir arriver au Pandémonium, découvrant avec merveille le travail soigné qui avait été fait sur la décoration. Tu sifflas doucement d’admiration tout en te déplaçant doucement entre les diverses hôtesses et hôtes jusqu’à trouver Elerinna qui ne tarda pas à t’interpeller. Tu lui adressas un large sourire avant te presser ton pas pour arriver à elle, déposant rapidement un baiser sur sa joue en guise de bonjour tandis que tu adressais un léger sourire à la succube que tu avais déjà eu l’occasion de voir ci et là dans la maison de la maquerelle, ainsi qu’un sourire à l’homme qui était à ses côtés, beaucoup plus sombre que la baronne pouvait l’être. « C’est moi, comme convenu ! Danaän n’est pas encore arrivée, on dirait ? Peu importe, je l’attendrais ! En tout cas, ce que tu as fait est très joli, Rinna ! C’est splendide et je suis ravi de voir que tout ton travail a porté ses fruits ! » Tu lançais alors sur un ton bien enjoué qui laissait paraître toute ton admiration et toute ta fascination pour le travail de la maquerelle. Tu te balançais d’un pied à l’autre en souriant, tes yeux s’arrêtant sur les multiples détails qui étaient présents dans la salle dans laquelle tu te trouvais jusqu’à trouver la petite scène aménagée spécialement pour que toi et ton amie barde puissiez jouer en toute sérénité. Tu inspiras alors doucement, les mains sur les sangles maintenant tes instruments avant d’offrir à la baronne un nouveau sourire. « Je vais aller m’installer sur scène pour jouer ! Tu me diras quand il faudra qu’on commence.. Enfin, j’imagine que ce sera quand Dany sera là ! Mais j’espère que nous serons à la hauteur de ton évènement ! A plus tard ! » Tu déposais un nouveau baiser sur la joue de la baronne, mais sur l’autre joue cette fois-ci avant de détaler en direction de la scène où deux tabourets avaient été installés. Pas de maigres tabourets de fortune comme on pouvait trouver dans la majorité des tavernes, non, de beaux tabourets qui ne détonnaient nullement avec la décoration globale du lieu. Tu t’installas alors sur l’un deux, retirant les sangles et posant les instruments au sol avec précaution avant de te munir de ta mandoline pour commencer à l’accorder. Tu avais tellement hâte de commencer à jouer !