Des doigts claquent, dans l'obscurité d'une pièce peu commune, embrumée de ténèbres et à peine illuminée par la flamme d'une bougie qui descend petit à petit à mesure que les minutes s'effilent. Il se tient là, le sourire sur le bord des lèvres alors qu'il contemple, depuis sa pièce, les hommes qui discutent au bas de l'escalier de la taverne, ressassant de vieux souvenirs ou des ballades de leurs dernières aventures. Il fait tourner entre ses doigts une pièce portant encore le profil sévère de celui qui fut Radovid le sévère. Si il est dit qu'il est mort de la main de Philippa Eilhart, les plus conspirateurs pourraient croire qu'il était déjà sous le coup de cette mort sombre et tragique, tout comme il était, d'une certaine manière, coupable de celle du prince ophiri, changé par malheur en un crapaud géant aux pores purulents. La pièce vole, à nouveau, dans les airs mais s'immobilise soudainement lors qu'un deuxième claquement de doigt se fait et que le temps est soudainement stoppé, comme figé. L'homme se lève, retire les quelques filaments de poussière qui ont pu se poser sur ses vêtements et bientôt ses pas le guident jusqu'à la balustrade qui donne sur l'étage du dessous où les hommes qui parlaient précédemment sont désormais figés dans le temps. Il les observe pendant un moment, découvrant leurs mimiques et leurs gestuelles une fois figée, essayant de comprendre leurs conversations alors qu'elles sont stoppées, comme cristallisées par le temps désormais lui-même glacé.

Il inspire quelque peu et laisse s'échapper une nouvelle pièce entre deux hommes qui se disputaient une bière, la laissant alors tomber dans cette dernière dans un léger bruit qui casse le silence ambiant. Il se détache de la balustrade, se dirigeant vers la pièce dont il possède la clé. Déverrouillant celle-ci, il se retrouve dans une pièce dont l'éclairage est similaire à celui de la pièce précédente. Cependant, c'est avec un sourire qu'il se rapproche du petit bureau, seul endroit dont la lumière est suffisamment diffuse pour permettre la lecture. Ses doigts glissent contre le bois où se trouve de nombreuses tours de couronnes Novigradiennes ainsi que des cartes de gwynt et des parchemins encore enroulés et scellés. Toutefois, ses doigts s'arrêtent sur un livre dont la couverture indique une petite fille s'échappant d'un livre entouré de bois, un livre dans lequel s'échappe une lettre qu'il a lui-même écrit, en de nombreux exemplaires. Il en extrait celle qui était son témoin avant d'ouvrir la totalité du livre pour en trouver les dessins de certains lieux qui apparaissent dans ce monde utopiste. A l'aide d'un mouvement de la main, la lettre s'embrase en quelques flammes bleutés qu'il observe distraitement. Ses doigts glissent sur les quelques mots de l'introduction du livre avant de venir se poser sur le sceau en bas de page sur lequel il appuie avec son pouce. Bientôt, le sort qui liait les lettres et ce livre et son monde est rompu, devenant un souvenir étrange aux allures oniriques. C'est avec un dernier sourire qu'il s'échappe de la pièce, le livre sous le bras. Il récupère alors sa pièce, encore figée dans le temps, et descend les escaliers, esquivant gracieusement les personnes qui se trouvent sur son chemin avant de pousser la porte de la taverne, le temps se libérant en même temps que la pièce retombe au sol, sa face dévoilant le profil de Radovid, décédé, comme bien d'autres le seront dans les moments à venir.

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