« Il y a du mouvement du côté de Novigrad. On pense que la nouvelle baronne en place ne sera pas un problème pour le plan de destruction du temple, mais Bedlam pourrait l’être, lui. » Tu écoutes, curieux de ce qu’a à dire l’espion qui revient justement de Novigrad, après y avoir passé les quelques mois hivernaux là-bas. Tes yeux sont figés sur les rapports qui sont disposés de part et d’autre de la grande table en bois, tes iris scannant sans mal les informations qui sont écrites ci et là, dont les plus importantes qui sont généralement sous-lignés ou écrites bien plus grosses. Tes doigts tapotent le bois, doucement, alors que tu te sais être encore seul dans cette salle, tandis que la fête, derrière les portes, bat son plein. Ton compagnon ne devrait pas trop tarder, tu imagines, mais pour l’heure, tu es le seul avec cet espion à conspirer contre l’anéantissement d’un des plus gros foyers religieux du nord : le temple du feu éternel à Novigrad. L’espion venait de rentrer de mission et tu étais le premier à l’avoir repéré dans la foule alors au lieu de traîner encore au milieu de la foule, tu as préféré prendre ceci comme un signe pour t’échapper un peu et rendre compte de ce qui allait être le coup de tous les temps, ou du moins, c'était l'esprit. « Depuis la grande nuit où les monstres ont fait une débâcle en ville, tout le monde est un peu sur les nerfs, notamment les chasseurs de sorcière qui ont repris du service mais pas pour traquer les mages mais bien les monstres... Ils sont limites pires que les sorceleurs à ce stade, toutefois… C’est moitié-moitié. Les morts sont plus imposants d’un côté que de l’autre. »  Tu humes doucement alors que tes yeux traversent doucement le rapport qui mentionne justement une perte significative du côté des chasseurs, qui est en parallèle doublée d’un plus grand recrutement, ce qui a de quoi t’agacer quelque peu, sans nul doute. « C’est évident. Mais ils recrutent et trouvent du monde plus facilement donc finalement... » Tu laisses ta phrase en suspens alors que tes yeux se reposent sur l’espion qui tient entre ses mains d’autres fiches de rapport. « ça compense, oui, et nous sommes en perte, ou du moins, les monstres. Certains de nos membres à Novigrad sont tombés sur les bûchers. Peu, certes, mais quelques-uns. » Tu soupires, las. C’est toujours comme ça : quelque chose de bon et quelque chose de mauvais qui vient supplanter le bon. Comme toujours. Un cercle infini qui ne cessera jamais de venir ternir vos actions et la gloire qui en revient. « Depuis l’évènement de cet été, aussi, il y a une drôle de paranoïa dans l’air à cause de meurtres inexpliqués, d’empoisonnements et de maladies qui n’ont ni causes ni remèdes. » ça, tu en étais au courant parce qu’il en est de même à Toussaint. La maître espionne en chef du duché t’avait convoqué afin de savoir si ce n’était pas de ton fait – et non, ça ne l’était pas. Il y a de quoi rendre fou, mais c’est ainsi : la paranoïa règne un peu partout sur les terres et c’est très loin pour te plaire. Tu sais que tu n’as pas le rang et la position pour prendre des décisions à l’heure actuelle, mais au moins, tu écoutes et tu commences d’ores et déjà à réfléchir à ce qui pourrait être fait pour contrecarrer les actions déjà mises en place à Novigrad et faire en sorte que les vôtres aient l’impact déterminant qui leur est attribuée. « Il va falloir voir avec Ataroa pour le reste, c’est trop important pour lui être laissé de côté, mais on ne peut certainement pas annuler l’attaque prévue à Novigrad. Il faudrait que l’on arrive à traiter avec la baronne en place, celle qui nous causerait pas de souci. Elle pourrait être utile, même si elle est humaine. »  Tu souffles tandis que tu attrapes un autre rapport : celui des morts monstrueux recensées ces derniers mois. C’est assez affligeant à voir, mais au vu du climat actuel qui se dégage de la ville, ce n’est pas étonnant que les pertes soient si conséquentes. C’est, de toute façon, qu’une question de temps avant que tout soit définitivement basculé. Il est temps, à ton sens, de renverser l’équilibre. Cette secte religieuse ne peut plus durer, elle ne doit tout simplement plus avoir d’emprise à Novigrad et libérer la ville sera très clairement un poids en moins pour beaucoup.  

Tu savais qu’être présent à cette table dans l'état actuel de ton énervement n’était probablement pas la meilleure des idées car tu pouvais tout aussi bien parvenir à des idées particulièrement suicidaires et si tu ne t’étais pas encore confronté à la mort, tu ne souhaitais pourtant pas le faire. Toutefois, tes idées étaient parfois meurtrières et assassines, amenant bien plus de déraison que de logique, de quoi ennuyer et inquiéter ton compagnon, ce dont tu te fichais largement maintenant au vu de nouveaux éléments qui étaient apparus et qui contribuait largement à un énervement que, pour une fois, tu jugeais mérité. Toutefois, l’heure n’était pas à ramener tes problèmes personnels sur une table qui ne devait pas en contenir. C’était pour cette raison que tu gardais une oreille attentive aux paroles de l'espion qui semblait aussi embêté que toi vis-à-vis de cette situation particulièrement épineuse. Le plan ne tombait nullement à l’eau mais il pouvait être compromis par des détails que tu ne souhaitais pas voir sur la table mais qui étaient pourtant là. Tes yeux glissaient sur les rapports, trouvant les informations que tu cherchais parmi les lignes.

Toutefois, tu levas les yeux de tes papiers en entendant la porte s’ouvrir pour voir entrer Cecil, le jeune fils d’Ambroos avec qui tu avais déjà eu des mésaventures. Mais… Pas de personnel dans cette salle. C’était une règle intangible qui ne devait jamais être brisée. Tu humas à ses paroles et tu levas les yeux l’espion qui semblait aussi attentif que toi.  « On sait de source sûre que la baronne a comme bras droit un vampire. Pas mon clan, ceci dit. Donc on devrait pouvoir jouer sur ce tableau. Et on pourrait tenter de la contrôler par ce biais oui. » tu soufflas en te souvenant que tu avais connaissance de ce vampire que tu avais croisé par le passé, pour un contrat. Un pragmatique, tu te souvenais, attaché aux humains malgré tout, qui n’avait jamais voulu se mouiller et rejoindre la cause. Tu n’avais guère plus de contact que cela avec lui, quand bien même il faisait parti de ton espèce mais pour peu, surtout si sa Baronne était en danger de quelque manière, il pourrait bien reprendre contact pour pouvoir mener les actions à bien de son côté. À voir si cela était vraiment possible ou non, par ailleurs. « Un vampire qui a pour amant un doppler. Je ne sais pas si ça peut s’avérer utile, mais j’imagine qu’il doit y avoir quelque chose à creuser. Ils sont tous liés à la baronne d’une certaine manière.. À voir ce que l’on peut en tirer. Elle est entourée de monstres sans le savoir, si ça se trouve. Dans le cas contraire... Elle serait, je pense, plus flexible quant à nous aider. » L’espion rajouta tandis qu’il déposait de nouveaux papiers et de nouveaux rapports qui tournaient autour de son entourage. Deux doppler, un vampire, une succube… Quoi d’autre alliez vous encore découvrir sur cette femme au pouvoir plus que naissant ? C’était la grande question. Et Cecil souleva un point auquel tu as déjà pensé sans pour autant t’arrêter plus que cela dessus. La notion du besoin, de l’envie mais surtout du besoin pouvait être une arme clé de négociation, surtout quand il s’agissait de personnalités puissantes qui détenait plus qu’un ridicule commerce de bas de rue.


Tu levais alors à nouveau les yeux vers Cecil, un léger sourire mutin sur le bout des lèvres, curieux de voir ce que le rejeton de ce vampire de pacotille pourrait bien trouver comme solution à un problème légèrement épineux. Et tu coupas l’envie à l’espion de parler quand tu te redressas pour plonger ton regard dans celui du jeune vampire, non pas prêt à en découdre mais bien à écouter plus qu’attentivement ce qu’il pouvait avoir à dire. « C’est une bonne question. À toi de nous le dire, tu es celui qui vis à Novigrad, tu vois ce qui se passe directement sous tes yeux, tu vois sa montée au pouvoir. » Tu lui accordas un léger sourire, presque chaleureux si une colère sournoise ne vibrait pas dans ta poitrine comme une armée et t’empêchait d’atteindre ce niveau de douceur. L’espion posa de nouveaux papiers sur la table, avec de nouvelles données. Peut être celles qui vous manquaient, au final. Des données qu’il faudrait étudier avant même de faire quoi que ce soit, avant d’entreprendre toute réelle action. « Je ne sais pas ce que tu as toi, en tant qu’habitant de la ville mais.. On suppose qu’elle a des problèmes avec Francis Bedlam, le roi des Mendiants, autre baron de la pègre, ça pourrait jouer. » L’espion souffla alors que tes yeux se reposaient sur les papiers avec un soupir. Ça allait être compliqué, plus que tu ne l’aurai imaginé de prime abord. Mais c’était le jeu. Et tu aimais jouer, mais seulement quand tes règles pouvaient être appliquées et sur le jeu n’était pas tordu par des paramètres comme ceux-ci. Il allait falloir faire avec, ceci dit.