Bon, vous voulez une histoire, très bien mais ne me gavez pas si vous n'aimez, je suis une danseuse, pas une conteuse! Je ne saurais vous dire quelle est ma date de naissance exacte ni les raisons qui m'ont vu éclore dans un pays de prairies mais c'est là que j'ai vue le jour. Seule? Oui, je l'étais mais faute de connaître mieux, j'ai fait de ma vie ce que bon me semblait pour 200 saisons, plus ou moins. Jeune dragonne, je gagnais en grandeur et en vitesse, je devenais un excellent prédateur et j'étais le sommet de ce monde. Du moins, c'était ce que je pensais avant de remarquer qu'un de mes points d'eau favoris était peuplé de créatures étranges à la peau de couleur de cuir au contraire de ma beauté rouge, or et blanche. Mais, comme toute créature qui n'est un prédateur, ils ont rapidement prit la fuite devant ma magnificience et j'ai cru que c'était là la fin de l'histoire.

J'avais tort, bien entendu.

L'humain, car je sais maintenant ce qu'ils sont, s'est présenté devant ma modeste tanière et est entré sur mon territoire, un affront tel que je n'avais connu et force est d'admettre que j'étais arrogante, sure de ma victoire, de ma puissance. Mes écailles sont incroyablement dures et lorsque je m'énerve, elles se couvrent en prime d'une couche de glace mais la lame de l'homme n'a pas fait ricochet, elle n'a pas brisée sur mes écailles. Pour la première fois de ma vie, j'ai eu véritablement mal de la part d'un être qui n'était pourtant qu'une fourmis. Jeune et sotte, dans ma panique, j'ai fait usage de mon souffle pour blesser l'être qui m'agressait mais je savais que ce ne serait. Pour la première fois, je devais fuir. La défaite n'est pas gracieuse et j'ai fuit. Saignant abondament, pour la première fois de ma vie je voulais être moins grosse, plus agile, plus rapide et je me souvenais de ces créatures, bavardes, qui avaient des couleurs semblables aux miennes. La douleur avait soudain monté de plusieurs crans et j'avais prit la forme, sans le savoir, d'une de ces créatures dont je porte le nom encore à ce jour.

Mais changer de forme ne guérie pas les blessures, ma patte me faisait un mal, presque tranchée et je n'avais eue le choix de tenter de me planquer pour ne pas être vue mais, dans ma fuite aveugle, j'avais débouchée dans la clairière, ma patte cédant sous moi et me tirant un glapissement animal. Pire, dans cet endroit était une maison d'un de ces trucs moches qui m'a entendue et est venu pour voir ce qui se tramait.

Force est d'admettre, j'ai grandement profité de cet être, des années allant et venant, observant les us et coutumes de ces créatures. Ma patte ne guérit pas entièrement, elle ne le fera sans doutes jamais et je garde encore la cicatrice sur mon corps encore maintenant. Mais force est d'admettre que je comprennais bien peu l'homme qui m'a sauvé et ses motivations. Pire encore, il me parlait et encaissait les coups de mes petits crocs quand il m'énervait trop.

De nouveau, je ne connaissais pas véritablement mes dons et autant dire que le jour que je me suis réveillée, nue dans le lit de l'homme, ce fut un choc autant pour lui que pour moi. Une gamine échevelée qui ne savait pas véritablement parler... Autant dire que ce pauvre Hashmàl en a morflé! Pire encore, il m'a prit sous son aile et m'a éduqué, m'a apprit la majorité de ce que je sais à ce jour... incluant les trucs pour pouvoir faire de la magie! (un jour, Père, je serai capable!)

Quatorze ans, voilà le temps que j'ai passée sous le toît du mage avant de comprendre que je n'étais pas sienne et que le monde est bien plus vaste que ce que je connais. Peut-être suis-je égoiste, peut-être est-ce simplement ma nature mais j'ai laissé une note à mon père (Oui, une note laissée à un aveugle) avant de prendre un sac de mes vêtements, quelques couronnes avant d'aller explorer le monde.

Ce fait maintenant un peu plus de vingt ans que je me promène par le monde, explorant, écoutant, amassant quelques pièces. J'ai découvert depuis longtemps maintenant la fascination pour la musique et tout ce qui s'y rattache, ces sons me faisant vibrer malgré mon incapacité de les produire moi-même (et mon manque de patience d'apprendre un instrument).

J'ai fait quelques essais de retrouver père mais sans succès, celui-ci avait aussi quitté le logis familial et me voilà de nouveau, orpheline mais pour rien au monde malheureuse, vivant pour danser, rire et m'amuser.

Vous voulez tout savoir de moi? D'accord, mais ce va vous coûter cher d'hydromel! Bon, peut-être pas autant que vous pensez, je n'aime pas boire en grande quantité, j'ai déjà amplement la tête légère au naturel. Je suis une “jeune femme” selon tout les points de vue de la chose, que ce soit ma forme humaine ou la véritable apparence que je garde sous un voile métamorphe. Avec cela vient quelques défauts bien prononcés tels que ce sentiment d'immortalité qui vient avec la jeunesse, l'impulsivité et la passion. Oui, je suis certes la victime de passions et pourtant je ne m'en plaint guère, au contraire, je m'y complait. Je vis au jour le jour, demain n'a d'importance que demain et je trouverai encore le moyen d'y survivre.

Je suis une tête brulée qui vie sans véritables économies, vivant pour mon prochain repas, pour ma prochaine bouteille et pour la danse. Oh, je fais d'autres métiers mais pour ce qui est d'être une garde du corps, je ne fais pas le poids contre une mercenaire entrainée depuis longtemps. Je sais me battre mais c'est mon dernier recours et encore, je préfère parfois simplement disparaître que de faire face aux conséquences de mes actions. Je suis une fille en pleine croissance et donc mon appétit n'est pas à démentir (Le pauvre Hash et les têtes de troupeau de jadis peuvent témoigner...) Mais je suis aussi quelqu'un qui est loyale en amitié, au rire facile et contagieux. Je respire la joie de vivre, l'insouciance et la vitalité.

Enfin, il m'arrive parfois d'avoir des moments que je ne me sens pas au mieux, les jours que la cicatrice du tueur de dragon me fait mal, ces jours-là, si je ne m'occupe, je deviens une véritable loque mais je refuse de laisser ce que certains pensent être bien m'atterrer bien longtemps. Le temps de trouver un partenaire de danse, faire un spectacle et tout sera de nouveau en ordre.

La musique est une passion et j'en suis l'extension, je tire plaisir de la fascination des gens pour moi, je vis pour être le centre de la scène, la vie du spectacle.