Tout ce dont je me souvenais avant mes 6 ans, ce n'était que mon nom : Connor Orenheim.
J'ai été retrouvé par un étrange individu, il s'appelle Alexander Gauntz. Lorsqu'il m'a découvert, il disait avoir la quarantaine, mais il avait déjà des cheveux blancs. C'est lorsqu'il m'amena à Aevon Woed, son bastion, que je compris enfin l'ampleur que ma vie venait de reprendre.
Il me mit au repos durant quelques jours, il me nourrit, me traita comme un élève, comme un fils.

Je rencontrais les autres garçons de mon âge, de très jeunes gars, avec qui aujourd'hui j'ai gardé bon contact pour certains, quelques uns sont morts par imprudence, paix à leurs âmes. Parmi les autres élèves, j'étais celui qui semblait trop studieux, enfermé dans les bouquins, les recettes, les entraînements. Jusqu'à mes 12 ans, je restait assez dans mon coin, me contentant de suivre ce qu'on me disait. Vers 12 ans, j'ai commencé à m'extérioriser auprès des autres, et de là commença ma bonne réputation.
Durant les entraînements, j'étais le meilleur, tant qu'aucun autre élève ne réussit à me mettre à terre après mes 15 ans. J'étais un maître du maniement des armes à une main. En même temps, c'est un subtile mélange de force et d'agilité, surtout pour la hache et la masse. Savoir taper juste, et fort, c'est un art qui s'apprend.
Vint le jour où je passais le rituel, celui qui ferait définitivement de moi un sorceleur. Cette mutation, elle fut d'une douleur incomparable... Mon corps tout entier voulait s'en aller, je sentais la douleur qui me donnait envie de lâcher prise. Mais j'ai tenu bon, je suis revenu, mon corps était étrangement saillant, tout mes muscles ressortaient, sans même avoir modifié ma masse. Mes yeux de chats luisaient, bleus clairs, bleu comme le ciel dégagé. Peut-être même plus.

Je me souviens du regard d'Alexander ce jour-là. Malgré le fait qu'il était convaincu de mon retour, je pouvais voir la stupeur dans ses yeux, légèrement écarquillés, sa bouche entrouverte et la position de ses bras. Il disait voir comme une aura autour de moi, comme si j'étais un être particulier, unique en mon genre. Je lui avais répondu que le rhum ne lui réussissait pas trop.
Je devenais alors un vrai adulte ce jour-là. Et ce jour, il a bien plus de 50 ans. Deux ans après mon intronisation de sorceleur, mes souvenirs revenaient petit à petit.
Je me souvenais à présent pourquoi j'étais seul avant qu'Alexander me retrouve. Je me rappelle du feu, du brouhaha ambiant, des cris, des sanglots de ma mère et d'un autre enfant à ses bras... Il semblait plus jeune que moi. Ma mère, entendant comme moi les pas lourds approcher, me jeta un regard des plus apeurés, comme si elle avait peur pour moi, peur qu'à l'instant où la porte allait s'ouvrir, elle allait me perdre.
La porte s'ouvrit en fracas, je n'eut le temps de me retourner que je me retrouvais projeté à l'extérieur, aux pieds d'un grand gaillard. Il me donna un coup de pied qui me mit la tête en branle. Le sang coulait sur ma mâchoire, ma vue se troublait, et je voyais ma mère se faire enlever l'autre enfant des bras avant qu'un des hommes ne l'emmène ailleurs...
Je commençais à m'évanouir, mais c'est à ce moment-là que je semblais me ressaisir. Je fonçais rattraper l'enfant et l'emmena avec moi, courant de toutes mes forces pour échapper aux tueurs.
Ils furent vite bloqués par un débris, me laissant le temps de fuir. Je tombais sur un adulte barbu, un homme en qui je semblais faire confiance, et lui confia l'enfant.
Il me dit : "Tu n'es pas sérieux Connor ?! C'est ton frère ! Je ne peux pas le prendre à ta mère !"
- "Ma mère ne voudrait pas qu'il tombe entre leurs mains, alors prenez-le avec vous ! Je dois retourner la sauver !"
Je ne lui laissais pas le temps de continuer qu'il rattrapa l'enfant dans ses bras et tenta de me rappeler. Je courais vers ma maison, contournant les débris m'ayant octroyés le sursis.
Je fus surpris de voir les hommes partirent de la maison. J'attendais qu'ils soient loin avant de revenir.
Dans le sang et la terre, je voyais le corps immobile de ma mère. Les larmes et le sang emplissait son visage d'une telle manière que j'eus du mal à la reconnaître.
Je me précipitais vers elle, les larmes coulant le long de mes joues.
"Maman ! Je vais te sortir de là ! Restes avec moi !"
Elle vit mon visage, et esquissa un sourire faible, avant de m'adresser des paroles douloureuses :
"Connie. Gardes cette amulette précieusement. C'est le dernier souvenir de ton père. Je veux que tu y tiennes comme à tes yeux, tes magnifiques yeux bleus... Retrouves ton petit frère, et promets moi de veiller sur lui !"
Elle s'effondra à la fin de cette phrase. Je me souviens de peu de choses après, mise à part être sorti de la maison, le chagrin explosant. Je tenais fermement l'amulette dans mes mains, près de mon torse.
Je tentais de retrouver mon chemin à travers ce dédale de flammes et de débris.
Puis je reçus un coup à la tête, m'effondrant sur le sol.
Je ne repris conscience que plus tard. Le feu s'était estompé de lui-même, le soleil était à peine levé. Et le village n'était plus qu'une ruine indescriptible.
Ma jambe me faisait souffrir, alors je ne pouvais que boiter. J'avançais à mon rythme, pendant quelques heures surement, avant de m'effondrer et d'oublier totalement ce qui s'était passé. J'oubliais mon bas-âge, mon frère, ma mère, j'oubliais tout sauf mon attachement à cette amulette.
Tout ces souvenirs, finirent par me revenir lorsque j'atteignit techniquement mes 25 ans.
Je me souvenais de la localisation approximative de mon village, loin, très loin, au nord de tout. Nous n'étions même pas menacés par l'empire Redanien. Nous étions proches des montagnes, malgré le fait que nous habitions un village côtier.  

Je me suis rendu là-bas, chevauchant un vieux cheval. Si tu y réfléchis bien, tu te rendras compte que je ne peux pas chevaucher Despair depuis mes débuts, ce cheval aurait quarante ans, au bas mot, ça n'aurait pas de sens. C'était un vieux cheval de prairie, je l'avais dompté pour l'occasion et je ne lui avais pas donné de nom.
Ce "bourricot" m'amena alors aux abords des ruines du village. Je descendais à terre et marchait lentement à travers les décombres. Les souvenirs de cette douloureuse nuit me revenait un à un.
Je retombais alors sur les restes de ma maison, tellement en ruine que le toit s'est effondré avant d'emmener le reste de la bâtisse avec lui. Il ne restait que quelques planches cramées.
C'est alors que je me souvins d'avoir vu le visage du meneur des assassins. Il avait ce visage, un visage assez hideux mais reconnaissable que je revis des années plus tard sur quelques avis de recherche.
Petit à petit, les éléments se concluaient dans ma tête, et je pense enfin avoir la réponse : Ma mère fut abusée sexuellement avant d'être offerte en pâtures à ce monstre et de mourir, se vidant de son sang.
Cela ne renforçait qu'encore plus ma haine envers ces monstres, et je parle bien des assassins.
Mais je mentirais si je disais que je n'ai aucune rancœur particulière pour les vampires. J'ai du mal avec eux. Je ne peux nier leur capacités, on m'a enseigné à les tuer. Mais d'un autre, j'ai croisé durant mon périple afin de retrouver les assassins, un vampire revanchard, qui avait ses comptes à régler avec le chef des meurtriers. Mais je n'ai pas parlé de l'élément qui me permit de les retrouver.
Alors que je cherchais des indices un peu partout dans le village, m'aidant notamment de mes sens perfectionnés de Sorceleur, je tombais sur une lettre aux abords du village, sur la place. Elle semblait griffonnée depuis des années, et un petit bout de son message était coupé.
Si je devais la retranscrire, cela ressemblerait à ça :
"Cher Bison Longbottom, de l'Escouade du Serpent, je vous contacte par missive afin...

- Votre récompense, amplement méritée, vous attendra lors d'une rencontre au sommet, dans un village sécurisé et caché de Velen. Signé Gérald des Marées."
Ce nom me disait quelque chose... Gérald des Marées, c'était l'une des plus grosses fortunes de Velen à l'époque. Il devait bien avoir la quarantaine maintenant. Je ne sais pas pourquoi il a commandité la destruction d'un village loin de tout, et à vrai dire je m'en moquais. Tout ce qui m'importait, c'était de venger les miens, et tuer tous ceux ayant permis la destruction de ma vie d'avant.
Alors que j'enquêtais au village de Gérald des Marées, ne pouvant lui demander audience car il était soi-disant "en voyage", je fus approché par un homme étrange dans la taverne.
Il était vêtu de vêtements de cuirs sombres, et d'une capuche masquant son visage aux autres usagers de la taverne.
"J'ai ouïe dire que vous cherchiez des réponses sur Gérald des Marées..."
"Et puis-je savoir ce que cela peut vous faire ?"
"Et bien, je pense pouvoir vous aider dans votre quête. Voyez-vous, ce Gérald me doit aussi quelques réponses."
Me dit-il, en relevant les yeux, me révélant sa part de surnaturelle, son état vampirique.
"Donc, Gérald des Marées est un arnaqueur ? A ce que je vois, Bison Longbottom n'a pas fait les choses à moitié... Il sait choisir son entourage, aussi bien qu'on choisit comment on finit une soirée de beuverie."
"Bison Longbottom ? Vous voulez parler du meneur de l'ancienne Escouade du Serpent ?"
"Et qui d'autre ?"
"Cela fait longtemps que cette Escouade a disparue. Des mercenaires sans scrupules. La plupart de leurs membres furent exécutés par les gardes d'un peu partout. Seulement cinq individus ont pu s'en sortir, dont Bison Longbottom. Ils sont aujourd'hui introuvables, surement planqué quelque part..."
"Et si Bison n'avait pas menacé Gérald des Marées afin de se servir de lui comme pantin ? Il aurait pu ainsi, le garder sous sa coupe, lui permettant de se cacher et de subsister durant tout ce temps ?"
"Théorie un peu perchée mais très intéressante que vous soumettez là, Sorceleur."
Il attendit que la taverne se vide petit-à-petit des autres usagers avant de retirer sa capuche et de continuer notre conversation.
"Je me nomme Julian. J'ai été escroqué jusqu'à l'ongle par Gérald des Marées et fut traqué par les quelques hommes de Longbottom avant que son Escouade ne tombe en fumées. Ils m'ont forcés à fuir pendant des années, et je compte bien prendre ma revanche. Et vous, Sorceleur, qu'est-ce qui vous amène à leur poursuite ?"
"Affaire personnelle, cela ne te concerne pas."
"Oh, je vois. Mais cependant, j'ai une proposition à vous faire."
Il se pencha vers moi, parlant plus bas et me proposant un marché.
"Je vous proposes un marché. Nous nous associons pour mettre la main sur Gérald des Marées et l'Escouade du Serpent, et en échange, si il y a du butin à se faire, on partage équitablement les parts. Qu'en dites-vous ?"
"J'en dis que je suis volontiers partant."
Lui répondis-je en offrant ma tournée à ce suceur de sang.
La nuit suivante, nous nous retrouvions devant les portes de la demeure de Gérald.
Le garde semblait vaseux, sur le point de dormir. Le vampire et moi étions cachés dans des feuillages.
Il saisit un gros caillou tout en entonnant un sifflement rythmée. Il jeta la pierre sur la tête du garde, qui vacilla en arrière et du mourir dans sa chute, retombant sur sa nuque. On put ainsi s'introduire sans mal dans la demeure de Gérald. Nous montions la petite pente et arrivions à la porte d'entrée.
Nous investissions les lieux, cherchant des indices un peu partout dans le manoir.
Julian se servait dans les richesses de Gérald, étrangement, il n'y avait pas âmes qui vive à l'intérieur.
Mes investigations finirent par me conduire jusqu'au bureau privée de Gérald.
En fouillant tout ses papiers, non seulement ses escroqueries étaient plus que prouvées, mais en plus, il avait exactement écrit le lieu de rencontre entre lui et l'Escouade, pour ce qui semble être un "banquet".
Si ces papiers venaient à tomber entre les mains d'autorités compétentes, c'était tout cuit pour Gérald et la planque de l'Escouade.

Julian me rejoint dans le bureau privé, un sac rempli de pièces d'or. Je lui fis part de mon plan pour anéantir ces salauds. Il aurait préféré les tuer mais il me dit qu'il se contenterait d'une exécution rondement mené.
Alors ainsi fut fait. Les papiers atterrirent entre les mains des autorités compétentes, qui arrêtèrent Gérald à son retour.
Ils débarquèrent de jour à la grotte des bandits et réussirent à les faire sortir en jetant des explosifs à l'intérieur. Sur les cinq meurtriers, quatre sont sortis, s'offrant sans le savoir à la garde.
Ils furent neutralisés et transportés jusqu'à la place publique du village de Des Marées.
Ils étaient tous alignés sur un billot. Et devinez qui a su jouer de ses talents pour être leur bourreau ?
Et oui. Julian était dans l'assistance, le sourire aux lèvres. Non seulement ils allaient être jugés pour leurs crimes, mais aussi pour ce qu'ils m'ont fait et ce qu'ils ont fait à Julian.
Le garde énonça tous les crimes pour lesquels ils allaient mourir décapités. Vint enfin le moment où le garde énonça la destruction de mon village. Bien entendu, il ne savait pas que j'étais un rescapé. Il avait seulement conscience du crime.
Bison me regarda droit dans les yeux quand vint l'énonciation de la destruction de mon village.
"Toi. Je me disais bien que ton visage ne m'était pas inconnu. Tu es ce gamin qui s'est enfui ! A ce que je vois, tu as bien réussit ta vie, Sorceleur."
Je ne lui répondis pas un mot, juste un sourire macabre. Et le garde arriva sur sa fin :
"Messieurs, vous allez être exécutés pour votre crime envers l'humanité. Bourreau, c'est à vous."
Je m'approchais du dernier tueur, qui suppliait qu'on l'épargne. Je saisis une hache à deux mains, prit mon élan et lui délogea la tête de son cou. Elle alla rouler jusqu'à tomber du promontoire.
J'enchaînais ainsi les deux autres jusqu'à arriver à Bison. Mais pour lui, j'avais prévu un petit plus.
Je saisis un bol d'acide que j'ai travaillé afin de lui brûler le visage.
Je levais haut la hache, et l'écrasa sur son cou d'ignare serpent.
Enfin, je venais d'accomplir la vengeance de l'enfant qui sommeillait en moi. Enfin, je pouvais clore cette histoire de mon passé.
De cette exécution, je repartis avec un ami : Julian. Il m'expliqua qu'il évitait autant que possible de se nourrir sur des humains. Je lui répondis.
"Tant qu'on ne pose pas de primes sur toi, je n'ai rien vu, rien entendu."
On pris cela à la rigolade, mais au fond de nous, on savait que je ne mentais pas.
Nous primes chacun notre route. Lui semblait vouloir trouver un endroit où vivre un moment, et moi je menais ma vie de Sorceleur durant de longues années encore, rencontrant encore plus de personnages, me faisant de nouveaux amis et ennemis. J'ai même eu des conquêtes, beaucoup de conquêtes. Si je tenais un tableau de chasse, ce qui n'est pas mon genre, je dirais bien que j'en suis à 40 conquêtes à ce jour.

Mais cela n'était pas important, ce qui était important, c'était les relations, et j'ai gardé bons contacts avec mes conquêtes encore vivantes.
De nos jours, j'ai acheté une maison modeste à Novigrad, aimant bien le luxe que ces maisons pouvaient offrir. Mais bien évidemment, ma maison mère, c'est Aevon Woed. J'ai aussi, techniquement, un petit fort qui me fut attitré mais qui me fut techniquement retiré lorsque les conflits revinrent semer le trouble.

Lorsque l'on ne le connait pas, il serait aisé de dire qu'il est un dangereux psychopathe émotif. Du pur crottin de cheval en boîte. Connor est tout à fait sain d'esprit, ce qui est étonnant avec ce qu'il a vécu.
C'est un être en contact avec ses émotions, qui sait comment les canaliser et s'en servir de force. Il peut par exemple se nourrir de sa rage pour vaincre un ennemi qui lui semblait difficile à battre.
Connor est un tacticien mais surtout quelqu'un qu'on ne peut apeurer. Il impose la crainte à ses ennemis, que ce soit instantanément ou au fur et à mesure. Connor est quelqu'un qui a comme limite de ne pas s'en imposer. Si il veut parvenir à son but, il usera de tous les moyens disponibles.
Cependant, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, Connor reste quelqu'un avec qui on peut établir une relation... Et ce n'est pas les dizaines de magiciennes avec qui il a fricoté qui vous diront le contraire. C'est un charmeur quand il le veut, il a un charisme latent, qui fait que lorsqu'il parle, généralement, on l'écoute. Il a aussi ce regard dure, sévère et triste à la fois. Ce regard, il témoigne de son passé et de ce qui fait l'être, l'individu qu'il est aujourd'hui. Il porte une fierté inestimable à être un Sorceleur. Il défend les valeurs des siens, quitte à avoir du sang sur les mains. Manquer de respect aux Sorceleurs, c'est lui manquer de respect à lui, et je vous ais déjà dit qu'il ne faut surtout pas le sous-estimer.
Lorsqu'il médite ou qu'il est seul sur les routes, il aime se poser sur un bon endroit et admirer le paysage, méditant sur la beauté de ce monde contrastant avec l'immondice humaine. Lorsqu'il voit les intolérants virer les sorcières, les nains, les elfes parce qu'ils sont différents et moins nombreux qu'eux. Pour lui, c'est simple : Tu rejettes quelqu'un pour une différence qu'il ne peut changer, tu risques fortement de goûter à son épée.