un banquet et des bâtards

Toussaint - Bastion de l'école du rat.
Décembre 1275.

Mirage Stormbringer  ϟ  les Sorceleurs.

Silencieuse, il t’arrivait très régulièrement de l’être.  Tu préférais le silence à la futilité de mots utilisés pour le simple but de remplir un blanc qui pourrait être jugé comme étant gênant. Tu ne voyais que rarement la gêne du silence, y trouvant même plutôt régulièrement ton compte. Ainsi, ça ne te gênait pas de te taire et de simplement observer ce qui se déroulait sous tes yeux, prenant en compte tout ce que tu pouvais voir pour en faire des annotations mentales et ainsi un peu plus comprendre les personnalités ou les choses qui t’entouraient. C’est ce que tu faisais à présent. Tu étais entouré de ceux que tu devrais considérer comme tes pairs mais qui étaient pourtant tout autant des étrangers que ce mage qui n’avait pourtant rien de plus à faire ici que la barde ainsi présente. Tu n’aimais pas les bardes, il n’y avait rien de personnel là-dessous, mais tu avais beaucoup trop entendue d’âneries sortir de leur bouche pour pouvoir avoir un quelconque sentiment d’empathie pour ces personnalités qui en disaient trop sans rien savoir. Il en était de même du mage. C’était à cause des types dans ce genre que la malédiction que tu portais sur ton dos existait, alors tu avais bien du mal aussi de ce côté-là. Tu étais fascinée par la magie, tu n’allais absolument pas dire le contraire, ce serait un horrible mensonge, mais les porteurs de cette chose là… Hm, tu avais plus de mal, surtout quand il s’agissait du côté masculin de la chose. Après tout, c’était un HOMME qui avait décrété que les FEMMES nées sous l’éclipse seraient maudites. C’était idiot ? Et pourtant, tout le monde y avait cru, stupides qu’ils étaient. Même toi tu y croyais dur comme fer, stupide que tu étais. Alors les bardes qui avaient hurlés ses histoires et ses prophéties comme étant de réelles divinations dans le futur et les mages qui continuaient de perpétuer une tradition aussi horrible qu’injuste, tu avais du mal. Mais soit, tu allais faire avec. Le mage était un ami de Galaad et la barde… Probablement l’amie de quelqu’un dans l’assemblée puisqu’elle semblait s’être rapprochée de vous dans l’espoir d’éventuellement comprendre un peu mieux les personnes qui étaient là. Toutefois, tu ne pipas mot, là encore, gardant ton silence de tombe alors que tu prenais une nouvelle gorgée du vin, haussant vaguement un sourcil circonspect en remarquant à quel point la jeune femme semblait mal à l’aise au milieu de cette assemblée. Normal, tu avais envie de dire, elle n’était pas sorceleuse, elle était barde et si certains arrivaient à les aimer par ici, il y avait quand même énormément de sorceleurs qui préféraient voir leur luth brisé et leur tête encastré dans un mur que de les voir à leur table. Soit. Et il en allait de même pour les mages qui mettaient leur nez un peu partout et surtout là où il ne devait pas. Tu avais beau être reconnaissante d’un mage pour ton actuelle transformation, ça n’en retirait rien du venin que tu pouvais avoir à leur égard, et c’était pour ça que tu n’accordais aucun intérêt et aucun regard au mage qui était pourtant l’ami d’un de tes amis. Tu allais pour te resservir en vin sans vergogne avant de relever les yeux vers celui qui, visiblement, avait décidé de te faire parler un peu. Tu remarquas sans mal le médaillon qu’il portait à son cou et le symbole si distinctif d’une école dont tu avais eu l’occasion de voir des représentants. Tu reposas alors la bouteille de vin que tu avais en main pour prendre la bière qu’il te tendit en lui accordant un sourire léger. « La bière, le remède universel qu’ils disent. » Tu répondis avec un léger rire dans ta voix, probablement dû aux premiers trémolos d’alcool qui commençaient à enliser ton cerveau sur une pente douce et légère dans laquelle tu te laissais bien volontiers traîner. « Mirage Stormbringer, école du rat. Enchantée, Rhaegar d’Undvik de l’école de l’ours. » Tu répondis à nouveau, serrant sa main tendue de ta main gantée à l’armature en métal, veillant tout de même à ne pas écorcher sa main avec cette dite armature. Tu pris une gorgée de la bière avant de suivre son regard sur les deux sorceleurs un peu excentrés, dont l’un semblait parti pour draguer la demoiselle qui, visiblement, ne semblait ni comprendre les signaux ni être intéressée, ce qui amenait clairement une dose d’amusement non négligeable. Tu haussais un autre sourcil en direction du sorceleur qui était venu à toi avant de hausser légèrement les épaules et de prendre ta bourse, attachée à ta ceinture. « 20 couronnes qu’elle ne voit rien de la drague et qu’il se prend un vent magistral. » Tu relanças alors, un sourire carnassier sur le bout des lèvres alors que tu posais les vingt couronnes sur la table avant de croiser les jambes, le bout de ton talon se calant contre le banc puisque tu étais assise sur la table. Tu te ferais probablement engueulée plus tard par les sorceleurs qui géraient un peu cette soirée, mais eh, tu t’en fichais pas mal. « ça promet d’être drôle. » Tu soufflais en ricanant à moitié, reprenant une lampée de la bière.

Un banquet et des bâtards

☾☾ Il n’y avait guère plus drôle que ce qui se déroulait sous tes yeux. Oh, tu en avais vu des âneries, des moments démonstrateurs d’une cécité plus qu’ahurissante, mais là… Là, c’était majestueux. On avait le sorceleur qui draguait une sorceleuse que tu savais être hermétique à ce genre de détails insignifiants et surtout parce qu’elle était prise – à ce que tu avais compris de vos discussions passées. Au fond, tu ne savais pas ce qui était le plus drôle : le fait qu’Otsumi était parfaitement aveugle au petit jeu lancé par Leanan, ou la possibilité que ce dernier se prenne le plus grand vent que le continent ait jamais porté. Dans tous les cas, la probabilité de rire était grande, même si Galaad ne semblait pas voir la chose de cet œil-là, à ton grand dam. Tu l’écoutais, d’ailleurs, ronchonner quand ses paroles furent interrompues par l’arrivée intempestive d’une nouvelle arrivante à votre table. La barde, Danaän, si tes souvenirs étaient bons qui avait un jour frappé à ta porte pour que tu débloques ses souvenirs et dont tu n’avais plus eu de nouvelles depuis. Toutefois, tu pris le temps de répondre aux premières paroles lancées par ton ami sorceleur, non sans un sourire. « Ca va mal finir, bien évidemment, mais c’est un chouette spectacle quand même. Et Galaad, ce sont des adultes bordel, tu n’es pas leur papa, si ? » Tu tournais ton regard en sa direction, un léger sourire en coin avant que tu ne reportes ton attention sur la barde qui vous avait désormais rejointe. Il était clair et net qu’elle n’allait pas bien, et tu pouvais, d’une certaine manière, imaginé que le mal-être était lié à votre entrevue. Tu te doutais bien que le genre de choses que tu avais vu et ressenti ne s’oubliait très certainement pas en trois jours, comme la majorité des plus gros malaises existants. Ce n’était pas une simple gueule de bois ou encore un mal d’estomac intempestif. Non, c’était bien plus lourd, bien plus difficile, et la guérison était plus longue, plus compliquée, et surtout semée d’embuches que bien peu pouvaient comprendre, toi le premier. Après tout, tu n’avais jamais été exposé à ce type de douleur et de traumas que tu avais perçu dans les souvenirs de la jeune femme, mais tu pouvais te douter de la gravité de ceux-ci, d’à quel point ils allaient altérer la personnalité et le caractère de la jeune femme tout comme son quotidien à des niveaux bien plus élevés qu’un simple chagrin d’amour. Ainsi, tu soupiras en riant doucement aux paroles suivantes de ton ami avant de tendre à la barde un verre de vin provenant d’une bouteille qui traînait dans les parages. Si elle préférait la bière, libre à elle de se servir, tu ne pouvais atteindre que le vin de là où tu étais, mais tu essayais un minimum de la mettre à l’aise à défaut de pouvoir apaiser ce que tu avais probablement débloqué chez elle. Tu lui adressais alors un sourire, entre compassion et naturelle sympathie. « Quel plaisir de n’être plus le seul exclu de cette catégorie qu’est les sorceleurs. Comment fut votre voyage jusqu’ici, mademoiselle la barde ? » Tu lui demandais alors, avant de te resservir en vin, remplissant sans mal ta coupe et d’en prendre une suffisamment grande gorgée pour que tes sens commencent enfin à être moins présents et à t’offrir un peu de cette désinhibition que tu aimais tant. Tu te tournais finalement vers Galaad, non sans un large sourire sur le creux des lèvres. « N’empêche que ton copain, Lea, là, il a l’air sacrément emballé par l’histoire d’Otsumi. Ca promet. » Tu ricanais doucement alors que tes yeux avaient sans mal capté les paris qui se faisaient un peu plus loin entre la sorceleuse du rat et le sorceleur de l’ours qui habitait chez toi depuis un petit moment.