un banquet et des bâtards

Toussaint - Bastion de l'école du rat.
Décembre 1275.

Mirage Stormbringer  ϟ  les Sorceleurs.

Toussaint, la terre du sang et du vin, comme ils aimaient à dire, tous, de la duchesse jusqu’au plus petit pécore du coin. Tu devais bien avouer que depuis que tu avais décidé de rester dans le coin, tu avais bien plus vu de vin que de sang. Non pas que les contrats étaient rares, non, ils étaient même assez nombreux curieusement, mais le sang tel que tu l’entendais et l’avais vu auparavant, il était bien moins présent. Tu avais vu les pogroms dans de nombreuses villes du nord, des pogroms qui causaient plus de tort que de bienfaits sur le long-terme, tu avais vu pas mal de choses qui te faisaient croire que Toussaint n’était paradisiaque que parce que le duché se fermait pas mal au reste du monde la majorité du monde. Toussaint se pavanait de sa beauté, de sa justesse de vie mais tu n’avais pas pu t’empêcher de voir les mêmes choses qu’ailleurs : les mendiants au bord du quai, l’homme qui bat sa femme lorsque les lueurs diurnes s’éteignent, les bagarres d’ivrogne qui ne se finissaient que quand l’un perdait une dent. Tout ça n’était que des apparences, des foutres apparences qui servaient la propagande d’une ville. Toussaint était aussi libre que Novigrad, et cela voulait bien dire ce que ça voulait dire : loin d’être libre du tout. Mais n’était-ce pas le lot de ce bon monde ? Pwah, c’était bien ce que tu te disais. Enfin, ce n’était ni l’heure ni le lieu d’y penser alors que tu laissais ton cheval dans les écuries de Caer Ruadhri. Il était encore tôt, par rapport à l’heure où vous estimiez que les autres sorceleurs arriveraient mais puisque tu faisais partie de cette école, les quelques membres ayant travaillés à ce que cet événement ait lieu t’avaient demandés de t’occuper de quelques tâches avant de revenir par ici. Tu ne les avais pas particulièrement aidés à reconstruire le lieu, tu avais d’autres choses de prévu mais quand ils avaient su que tu étais de retour dans la région pour l’hiver, ils avaient mis la main sur toi et tes services, sans que tu saches, originellement, que c’était pour cette beuverie organisée qui allait se jouer sur quelques jours. Non. Ils t’avaient juste dit de faire quelques contrats auprès des vignerons du coin pour pouvoir récupérer des vivres afin de les stocker dans le cellier et la « chambre froide » de la forteresse ainsi que la cuisine. Tu t’étais donc appliquée. Lorsque les vignerons te proposaient du vin, au départ… Tu étais tentée de proposer de les échanger contre de la nourriture, mais les sorceleurs t’avaient bien avisés de tout prendre, même les alcools. Alors tu t’étais appliquée à ça, pendant quelques jours, traquant les contrats de vignerons et d’autres propriétaires terriens dans les environs, rapportant alors plusieurs caisses de nourriture ainsi que d’alcools plus ou moins forts, allant du vin rouge de Belgaard au si fameux Est-Est tout en passant par plusieurs caisses de bière, au passage.

Aujourd’hui, alors que la beuverie allait commencée – et que tu n’avais été prévenue de ça que la veille – tu ramenais une énième caisse de vin blanc ainsi que plusieurs caisses de légumes que l’un des sorceleurs allait s’empresser de cuisiner afin que les tables arrangées dans le grand hall soient recouvertes de nourriture pour tous. Tu laissas alors Unger dans les écuries, profitant d’un léger moment de répit pour t’en occuper un peu avant de rejoindre l’intérieur, faisant en sorte que l’animal n’ait pas froid pour la nuit et les possibles jours qui allaient suivre. Tu laissas également une des lances à ses côtés, ainsi que ton fléau, optant pour ne prendre que celle en acier que tu avais, juste au cas où. Emportant la caisse, tu ne tardas pas à rejoindre l’intérieur du bastion pour tout ranger et aider aux derniers préparatifs. Les premiers sorceleurs ne tardèrent d’ailleurs pas à arriver et tu observais le tout depuis la cuisine, assise sur une des tables à éplucher des pommes de terre. Toutefois, en remarquant, dans la foule, une tête connue, tu délaissas bien vite tâche actuelle pour attraper quelques bouteilles de vin et te déplacer au cœur de la salle où déjà quelques sorceleurs commençaient une beuverie qui ne tarderait pas à devenir hors de contrôle. Tu te rapprochas de la tête connue qui n’était autre que Galaad Arioni, sorceleur de l’école du chat, bien vite entouré de deux autres sorceleurs que tu ne connaissais pas et un mage, à priori, que tu ne connais pas non plus. Tu t’installas à côté de Galaad, avec un léger sourire sur les lèvres, sur la table tout en posant sur cette dernière les bouteilles que tu avais ramené. « Mais ne serait-ce donc pas Galaad, le fameux sorceleur de l’école du chat qui se déplace exprès en Toussaint pour Yule. C’est pour l’alcool, n’est-ce pas ? » Tu soufflais alors avec un sourire légèrement sournois sur le bord des lèvres avant que ton regard ne se pose sur les trois autres personnes présentes. Tu avais probablement coupé leur discussion, mais pour être honnête ? Tu t’en fichais pas mal. Après tout, ils avaient tout le temps du monde pour la reprendre, et oh, au final, tu aurais eu aussi tout le temps du monde pour les rejoindre mais eh. Ce n’était franchement pas le plus intéressant que d’éplucher des patates alors bon, autant que tu rendes ta soirée un poil plus sympathique. Tu ne tardas pas à jeter un coup d’œil au grand chien qui était également présent, probablement le compagnon de vie d’un des deux sorceleurs présents, mais certainement pas Galaad. Enfin, tu estimais qu’un peu de politesse ne serait pas de refus, aussi… Tu te présentas, brièvement, préférant éviter que Galaad le fasse pour toi, ignorant ce que le bougre serait capable de dire sur toi à ta place. « Mirage, école du rat. » et là-dessus, tu débouchas une des bouteilles de vin que tu avais ramené pour en servir une rasade dans chacun des verres présents sur la table et autour de vous. Cette soirée était faite pour boire, nan ? Alors autant que cela commence décemment.

Un banquet et des bâtards

☾☾ Maintenant que tu observais avec un poil plus de circonspection le bastion, tu te demandais très sérieusement ce que tu pouvais bien faire ici. C’était somme toute super sérieux comme question. Tu n’étais pas un sorceleur et  ta caste était même très généralement très peu appréciée des sorceleurs alors… Qu’est-ce que tu venais faire là ? Oui, tu avais été invité par Galaad, bien évidemment, certes, oui. Mais tu aurais pu refuser, tu aurais peut-être dû rétrospectivement. Tu étais toujours très à l’aise lors de soirées mondaines car tu savais y faire dans ces soirées là, mais là… là, c’était tout de même tout à fait différent. Au fond, oui, c’était une soirée mondaine, bien évidemment, mais ce n’était pas vraiment pareil. On parlait d’une soirée regroupant des sorceleurs et des sorceleuses de toutes écoles et qui, probablement pour certains, attendaient l’occasion rêvée pour égorger un mage en bonne et due forme et tu devais avouer que tu n’en avais pas trop envie. Tu aimerais que ta tête reste sur tes épaules et que tes boyaux restent à l’intérieur de ton corps. Tu avais un peu la trouille, tu étais clairement intimidé même, et si tu voulais être parfaitement franc, oh oui, tu ne te sentais absolument pas à ta place, pas du tout même, c’était terrible. C’est-à-dire que même aux côtés de ton ami, tu sentais que tu n’avais strictement rien à faire ici, et que tu ferais tout aussi bien de sortir, d’ouvrir un portail et de rentrer chez toi le plus vite possible pour éviter une humiliation des plus incroyables. Tu n’étais pas assez alcoolisé pour passer la gêne qui s’insinuait sans mal en toi à l’heure actuelle. Oh vraiment, peut-être était-ce finalement une très mauvaise idée. Oui, tu avais accepté pour le plaisir d’une beuverie facile avec ton ami, bien évidemment, mais tu avais complètement oublié, au moment d’accepter, qu’il n’y aurait que des gens qu’il connaissait très bien et ce depuis des années quand tu serais probablement le seul étranger d’une centaine de tête. C’était gênant, au bas mot. Rien que quand vous êtes entrés, Galaad fut directement happé par un chien qui se voyait être particulièrement heureux de le voir. Oui, curieusement, sous cette débauche habituelle, il avait cette petite gêne à ne pas se sentir à ta place, et c’était le cas, même si tu n’attendais que de prendre quelques verres pour que tout ceci se décante dans le plus grand des calmes. Jusqu’ici, tu te tiendrais probablement à carreaux, en ne faisant guère de vagues. C’était peut-être mieux. Tu inspirais alors, essayant de garder ton calme et de ne surtout pas faire transparaître la gêne naturelle actuelle.

Le premier ami de Galaad arriva. Un certain.. Lea, apparemment, dont sa tête ne te disait pas grand-chose, tu devais avouer. Ta mémoire était généralement pas trop mauvaise pour les visages, alors ça voulait bien dire ce que cela voulait dire : tu ne le connaissais probablement pas, tu ne l’avais probablement jamais eu en client, et tu ne l’avais probablement jamais vu nulle part. Toutefois, tu lui accordas un sourire délicat en guise de salut avant que ne tournes ton regard vers la prochaine personne à apparaître, et que tu connaissais. Tu laissais Galaad en finir avec la jeune femme avant de lui accorder un sourire un poil mutin et tu te rapprochais d’elle pendant que Galaad allait enquiquiner la nouvelle arrivante, une sorceleur aux cheveux bruns. « Otsumi, cela fait un moment depuis notre dernière rencontre, n’est-ce pas ? » Tu lui accordas un sourire des plus chaleureux, loin du côté dragueur que tu avais habituellement, mais… bien évidemment, tu n’étais pas encore suffisamment torché pour envisager de commencer à draguer tout ce qui pouvait bouger et qui était suffisamment attiré par ton œil d’ivrogne. Tu ne manquas, cependant, pas la présentation ô fort gracieuse de ton ami à ton égard et tu  ne tardas pas à lever un petit morceau de bois qui était par terre par lévitation et le faire cogner contre l’arrière du crâne de Galaad, un petit sourire amusé sur les lèvres alors que tu lançais le morceau plus loin, là où il ne pourrait faire de mal à personne, à priori et qui pourrait potentiellement intéresser le chien de la sorceleuse qui était à tes côtés désormais. « Enfoiré. » Tu soufflais, le sourire et le rire dans la voix, ton comportement se guindant soudainement un peu moins, alors que tu tournais ton regard vers les quelques personnes présentes qui ne te connaissaient pas, en quête de rattraper la bêtise de ton ami. « Hashmàl, oniromancien de profession, et certainement pas un clochard, non. »  Tu jetas un coup d’œil à peine complice à Galaad avant de prendre le verre qui était servis par la sorceleuse assise directement sur la table et tu ne tardas pas à prendre une rasade alors que Galaad consentait à s’enquérir des motivations des dites canailles à être ici.