AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3
Nuage P. de Spalla
What is truth if not an illusion?
Nuage P. de Spalla
Race Race : Doppler.
Habite à Habite à : Novigrad et Velen, tu gambades.
Couronnes Couronnes : 27912
Messages Messages : 105
Quelque chose à ajouter Quelque chose à ajouter : Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart - Page 3 Tumblr_inline_oqh6hcRDJo1rp4f36_500
What is truth if not an illusion?
Sam 16 Nov - 20:44
.Kissing death and losing my breath
NOVEMBRE 1275 - BRUNWICH
Adam Ulver Isenhart & Nuage de Spalla
Avec le temps, tu ne te souvenais même plus des souvenirs qui ne comprenaient pas la présence de la voix, comme s’ils s’étaient dilués dans la spirale de ta mémoire divergente, dans une cacophonie désorganisée présentant le méli-mélo d’une mémoire que tu n’avais jamais pris le temps d’organiser et de rendre cohérente. Tu avais perdu tant de choses, tant de fragments, tant de petits souvenirs, de petits parchemins et de petites illusions de ton histoire, désormais perdues dans le temps que tu avais passé à ressasser la tristesse d’une existence dont tu ne comprenais pas qu’elle soit vécue, avec du recul. Tu te souvenais, enfant, quand tu arborais encore les traits féminins de ta première forme, avoir un jour joué avec des petits bateaux faits de bois que tu avais laissé glisser le long du courant de la rivière. Tu avais observé les sillages que faisaient les embarcations sur l’eau alors que tu étais purement spectateur du cataclysme qui allait se dérouler : les bateaux allaient se perdre et tu allais les perdre, naturellement, aussi. Tu avais couru, le long de la rivière, pour espérer les voir jusqu’au bout, pour pouvoir les rattraper avant qu’ils ne tombent dans le fleuve et deviennent des sillons de bois, brisés par le courant, éternellement irrattrapable et brutalement morts. Tu t’étais écorché bras et genoux en essayant de maintenir ton allure, passant par les buissons, les arbustes, comme si c’était une course pour ta vie que tu faisais, comme si c’était pour ta vie que tu courrais et que si tu t’arrêtais, la mort viendrait t’arracher tes derniers souffles alors qu’au fond… Au fond, il ne s’agissait que de bateaux de bois, faits par Gorgyr pour t’occuper lors d’une journée d’été. Mais tu étais arrivé trop tard. Tu avais vu les bateaux de bois descendre le court de la rivière, se jeter dans le fleuve et tu avais vu, avec eux, une partie de ce que tu étais disparaître dans l’eau. Aujourd’hui, avant autant de recul, tu remarquais que tu faisais la même chose avec tes souvenirs. Tu avais beau leur courir après, ils finissaient toujours par t’échapper, à te glisser entre les doigts pour qu’il ne reste finalement que le souvenir de leur présence, mais rien de leur contenu si ce n’est des bribes inintéressantes que tu avais tôt fait de jeter dans un coin de ton crâne comme s’ils étaient pestilentiels. « Peut-être est-ce toi qui est pestilentiel, Nuage ? Peut-être que tes souvenirs te fuient parce que ton corps est méphitique pour eux ? » Tu considérais, pendant quelques secondes, la réalité qui était démontrée par cette voix qui était la tienne et tu ne pouvais t’empêcher d’y trouver une source de réalité. Tu pensais que tes souvenirs étaient méphitiques, étaient méprisables et n’étaient plus utiles à rien si ce n’est te rappeler les douleurs que tu avais vécu, mais peut-être, peut-être, était-ce toi, au fond, qui était profondément toxique, destiné à n’être qu’un corps sans vie, sans âme, sans aucune once de couleur et te bonté. Tu étais probablement la personnalité méphitique, la coquille dans laquelle la pestilence grandissait comme une moisissure de champignon que l’on arrosait régulièrement d’eau. A la différence, ta pestilence était grandissante par la négativité que tu absorbais sans cesse comme s’il s’agissait de la meilleure nourriture que tu pouvais connaître. Tu essayais, sans cesse, de briser les chaînes qui te reliaient, malgré tout, à cette négativité, à cette grandissante envie d’en finir, mais c’était comme si tout était emmêlé.

Ta gentillesse, ta bonté, ta bonne humeur, était intrinsèquement liée à ce que tu étais et ce que tu n’étais pas, paradoxalement. Ta négativité, ta déprime, ta paranoïa, tout ça… Tout ça, ce n’était pas vraiment toi. C’était l’autre. C’était la voix, c’était ton enveloppe charnelle, c’était les souvenirs que tu n’avais jamais voulu découvrir parce qu’ils n’étaient pas les tiens, parce que tu ne voulais pas violer une partie de quelqu’un qui était mort quand bien même tu lui donnais la vie. « Tu me donnes la vie… ? Tu me souilles de vie, Nuage. Tu as brisé mon enveloppe par des marques dégueulasses parce que tu supportes pas l’idée que tu aies un jour pu me tuer de sang froid ! Pauvre gosse. » C’était tristement vrai, là encore. Tu ne supportais pas l’idée que tu aies pu le tuer pour sauver ta vie qui n’avait, pourtant, guère d’importance. Même aujourd’hui, en prenant compte de tout ce que tu avais bien pu faire, il n’y avait pas grand-chose qui méritait que l’on s’arrête dessus, que l’on se stoppe devant toi. Tu pouvais tout aussi bien disparaître que le monde ne s’en rendrait pas compte. Tu savais ce que certains diraient : un gosse des rues qui a encore disparu, probablement la peste, probablement la famine, probablement les chasseurs ou les gardes. Encore un gosse des rues, un mendiant en moins, un idiot en moins, un monstre en moins. Tu savais ce que les gens pouvaient penser, tu savais que même les personnes que tu aidais régulièrement ne plaindraient que peu ta mort, ne pleureraient pas ton corps s’il venait à être retrouvé s’il n’était pas dévoré par une goule. Tu savais qu’au fond, ta mort n’aurait que peu d’attache, n’aurait que peu de bouleversement sur les vies que tu avais pu toucher de ta bonté, de ton altruisme. Tu te donnais toujours, très généreusement, tu n’attendais jamais rien des autres si ce n’est un sourire, une tape dans le dos ou peut-être un câlin si les temps étaient cléments. Il en demeurait que ceux-ci ne tarderaient pas à t’oublier si jamais le temps venait à clamer ton corps et ton âme dans un mouvement désespéré pour t’arracher à la terre. Et quand tu regardais ton existence, encore une fois, tu te demandais comment tu avais fait pour en arriver ici quand bien d’autres, plus durs et plus forts que toi, n’avaient pas survécus, avaient succombés des plaies et des pustules de la Catriona, qui étaient morts au front contre les escadrons noirs, qui avaient succombés de la fièvre ou de la famine quand toi, tu te tenais toujours là, devant ce qu’il te restait de vie. Une vie que tu tentais, toujours, presque indéfiniment d’achever sans jamais y arriver, comme s’il y avait toujours quelque chose pour t’y empêcher. « Cette chose, c’est moi. J’veux pas te voir mort, juste souffrant. » La cruelle réalité, n’est-ce pas ? Oui. Tu préférais souffrir plutôt que de mourir. Mourir voulait dire que tes pêchés allaient être rachetés, que la destinée allait faire fondre tes vices avec le reste de tes souvenirs dans un abysse de l’oubli. Mourir était trop simple, c’était trop facile de mourir quand tu pouvais tout simplement souffrir indéfiniment avec le poids de tout ce que tu avais pu faire, ce qui était ben plus amusant, finalement. Pas pour toi, mais pour le reste. Toutefois, il y avait cette petite part, dans ton cerveau, qui contemplait l’absence, qui cherchait à comprendre où tu avais véritablement fauté pour ne même pas mériter la mort. La mort, cette absence totale de vie, cette absence et cette annihilation de toute chose correspondante. Tu n’avais pas de résurrection, tu n’avais pas de filet de sauvetage, tu n’avais rien. Il te suffisait de bien positionner la lame, de bien couper, d’arracher ce filet de vie pour que tout s’en aille, mais tu ne trouvais jamais la force de le faire. Tu ne trouvais jamais la force nécessaire pour appuyer suffisamment, pour laisser l’entaille s’ouvrir encore plus grand et laisser le flot de sang couler lentement parce qu’au fond de toi, tu voulais encore vivre. Il y avait ce mince fil qui te disait, qui te murmurait et qui faisait vivre ton être de cette envie de vivre malgré tout, de parcourir encore et encore les terres présentes pour pouvoir respirer cet air devenu vital à ta vie.

Il y avait bien des jours, comme aujourd’hui, où tu contemplais ton existence comme si tu étais au bord d’une falaise, prêt à sauter sans jamais oser mettre un pied devant l’autre et te laisser basculer dans le vide. Pourtant le chaos, le néant, le vide était si attirant, tout ceci avait une attraction à laquelle tu résistais parce que l’autre côté t’appelait encore, voulait encore que tu tiennes pour pouvoir pleurer encore, pour pouvoir te vider encore et encore de tout ce qu’il te restait. Mais qu’est-ce qu’il te restait ? Tu ne savais pas vraiment. Il te restait des gens autour desquels tu tournais, lentement, tu gravitais autour de leur vie en espérant pouvoir apaiser quelque peu leurs peines, leurs journées sans jamais réellement y parvenir. Tu fermais les yeux, te laissais glisser dans l’ombre qui était la tienne et à une place à laquelle tu appartenais et à laquelle tu étais commis. Tu n’avais guère droit à plus et tu n’étais pas mécontent, au final. Tu arrivais à toucher du bout des doigts les sensations de bonheur et de plénitude et ça te suffisait parfois. Tu n’avais parfois pas besoin de plus pour te sentir exister si ce n’est la douleur de la lame et la pression, douce, que tu avais fait quelque chose de bien dans la journée. Mais des journées vides, comme celle-ci, où tu étais confronté à l’absurdité de ton existence et au vide de tout ce qui composait le reste, tu étais meurtri, tu étais abandonné et livré à toi-même et à la voix qui rendait chaque mouvement difficile, chaque pensée abrupte. Tout devenait difficile quand tu étais seul, tout devenait presque inachevable. Même la toile déchirée au sol, tu n’avais pas été capable de la finir car tu étais percuté par tout ce qui n’allait pas, tu ne pouvais t’empêcher de voir tous les défauts, toutes les malfaçons sur quelque chose que tu avais toi-même construit pour être pourtant beau et naturellement correct. Pourtant, tu n’en étais pas capable, tu revenais encore et encore sur cette boucle perpétuelle où tu n’étais bon à rien quand tu étais seul, car les perturbations, le virus continuait sa lente montée jusqu’à ton cerveau, jusqu’à ton esprit pour parasiter tout ce qui pouvait être potentiellement positif. La bruit de la pluie contre tes carreaux n’arrivait qu’à peine à canaliser la voix qui se dirigeait lentement contre tes temps, traversait tes synapses pour réveiller toute la haine que tu avais contre toi-même. Tu l’avais toujours dit : personne ne pouvait te détester plus que tu ne détestais toi-même. C’était viscéral, il n’y avait rien à faire. Tu te détestais, avec virulence, avec violence si bien que PERSONNE, non, personne, ne pouvait t’aider à défaire les fils de ta propre haine. Et tu ne le voulais presque pas. Tu avais appris à composer et à vivre avec cette toile d’araignée dans laquelle tu étais pris depuis des années, dans laquelle tu te complaisais à trouver de nouveaux signaux, de nouveaux mots, de nouveaux visages, de nouvelles illusions à ta propre bêtise, à ton propre dédain. « Tu refuses le changement, Nuage. Toujours, tu refuses que les choses changent parce que tu as peur de ce que le reste pourrait être fait. Tu as peur de ce que pourrait être le bonheur, tu as peur de ce que pourrait être un peu de véritable joie et pas la fausse dans laquelle tu te pares en permanence pour faire croire à tout le monde que tu vis mieux que le reste de la populace. » Tu savais qu’il n’avait pas tort. Parfois, tu portais ce masque, ce petit masque d’un sourire pâle pour pouvoir faire taire ceux qui pouvaient potentiellement s’inquiéter pour toi – même si c’était sujet à débat – et tu retrouvais, assez rapidement, la réalité de ta propre joie d’abord illusionnée. Tout n’était pas qu’imagination, tout n’était pas seulement mensonge et plus régulièrement, tu étais plongé dans la réalité de ce que tu étais. Tu vivais avec une certaine honnêteté, avec une certaine vérité qu’il te suffisait de croire pour qu’elle soit vraie.

Même aujourd’hui, surtout aujourd’hui, tu ne pouvais t’empêcher de croire que la réalité était vraie, que la joie que tu éprouvais parfois comme des accalmies dans un orage trop prenant, était réelle et n’avait de sens que celui que tu lui donnais dans un éclat de sourire. Toutefois, en observant celui qui t’avait sorti de ta spirale habituelle, tu ne trouvais que la quiétude d’une curiosité à peine assouvie maintenant que la boîte était ouverte et découverte. Il était ton voisin et pourtant, tu ne le connaissais pas, il était pourtant si proche et si éloigné comme s’il était difficile à atteindre et à raison. Les cinq personnalités qu’il mentionnait rendait son approche plus complexe, plus difficile que les personnalités que tu avais l’habitude de côtoyer avec aisance et avec simplicité, ceux qui ne se posaient guère plus de question que la température ou la douceur du pain du jour ou la validité du lait qui était déposé à leur porte et qui, pourtant, était existentiel et essentiel à leur vie. Pourtant, il semblait si compliqué pour Adam de composer non seulement avec lui-même qu’il devait avoir à faire à plusieurs autres qui n’étaient pas tous aussi réjouissant que l’était celui qui te parlait à l’heure actuelle. Et pendant quelques minutes, tu te sentis bête. Tu te sentis infiniment stupide avec ta simple petite voix qui te martyrisait quand il y avait des créatures, comme Adam, qui souffraient véritablement d’avoir plusieurs personnes et non pas une seule pour guider et détruire la totalité d’une quiétude bien rôdée et définitivement plus douce qu’elle ne le serait originellement. Adam n’avait pas de chance, tu étais chanceux et tu n’arrivais pas à voir la réalité derrière cela. Tu devrais t’estimer chanceux mais tu n’arrivais pas à le faire. Tu te sentais simplement pitoyable. Toutefois, tu fronçais, légèrement, les sourcils en entendant que le dernier, Darius, était le pire. Les mots qu’Arod laissaient entendre te donnait envie de connaître ce Darius que tu ne pouvais pas t’imaginer être si terrible, alors que tu te savais peut-être pire, dans les tréfonds de ton existence. A tes yeux, il n’y avait, de toute façon, rien de pire que ta propre personne, quand bien même on essayait de te convaincre du contraire. C’était une terrible réalité à laquelle tu n’arrivais pas à t’extraire, comme si tu étais entremêlé dans cette drôle de chaîne qui t’entraînait vers le fond, vers les abysses éternels. « Je vois. Je pense pas qu’il soit si terrible, même si tu le dis… Personne n’est jamais foncièrement mauvais, du moins… Pas sans raisons, sans justifications. Il doit avoir les siennes, j’imagine. » Tu soufflais, d’une petite voix, tes doigts se tordant dans différents sens alors que tu cherchais un peu de souffle, un peu de douceur dans ce monde inconfortable, dans ce corps qui était lui-même inconfortable parce que tu l’avais laissé être martyrisé par tes propres mains, pas par d’autres. Alors, Darius, quand bien même il pouvait être mauvais et méchant comme le laissais comprendre Adam, tu avais envie de le rencontrer parce que peut-être… Peut-être que personne ne lui avait donné une chance de le voir autrement. Tu avais vu des personnalités qui devaient être méchantes, mais qui, lorsque l’on leur tendait la main, devenait soudainement plus prompt à une nouvelle part d’eux-mêmes à jamais reculée dans les tréfonds d’un esprit qui avait été corrompu par une voix qui voulait à jamais faire taire tout le reste. Tu avais envie de tendre ta main à Darius, même s’il risquait de t’arracher le bras, même s’il risquait d’arracher tes tripes et tout ce qu’il restait à l’intérieur de toi-même parce que dans le pire des cas, tu mourrais en ayant peut-être aidé quelqu’un, tu aurais peut-être fait une bonne action, la dernière qui servirait d’épitaphe, à jamais. Tu ne savais pas si c’était une bonne idée mais tu voulais essayer, tu voulais donner cœur à une idée qui n’était probablement pas la plus lumineuse de toute, mais tu n’avais jamais prétendu être plus intelligent que qui que ce soit. Tu n’avais jamais prétendu être plus érudit ou plus curieux que quelqu’un d’autre, tu avais juste des idées, parfois stupides, parfois raisonnées, et généralement, tu les mettais en place, tu les concrétisais quand tu en avais la possibilité. Parfois, c’était impossible, et tu te doutais que faire sortir Darius serait probablement un combat en soi, mais tu avais envie de voir qui il était, de voir ce qu’il avait à dire, même s’il s’agissait là de flots d’insultes et d’autres manières de te torturer voir de te tuer jusqu’à plus soif. Tu avais envie d’essayer, même si c’était te condamner à une mort lente et douloureuse. Tu avais envie de croire à la possibilité qu’il ne soit pas aussi pire qu’on le faisait croire. Ce n’était pas que tu mettais les paroles d’Arod en doute, c’est juste que tu voulais le voir de tes propres yeux, avec une certitude qui mettait probablement ta vie en danger. Mais bon… Un peu plus un peu moins.

Tu essayais, toutefois, de te reconcentrer sur les paroles de l’homme que tu regardais un peu curieusement. Tu soufflais doucement, un léger sourire se créant doucement sur tes lèvres alors que la voix semblait se retirer de plus en plus vers l’arrière de ton crâne pour laisser une certaine quiétude à ton esprit déjà bien martyrisé. « En tout cas, ça n’a pas l’air facile, je devrais pas trop me plaindre de ce que j’ai.. C’est compliqué, d’être différent, et… Vous êtes tous conscients de l’existence des autres ? Enfin.. C’est.. Curieux. » Tu soufflais, ne voulant ni paraître offensant ni même jugeur alors que tu ne l’étais pas. Tu cherchais à comprendre quelque chose qui n’avait, vraisemblablement aucune explication logique dans un monde où celle-ci pouvait être bien vite mise à mal par la magie. La magie qui était une source intarissable de rêves et d’imagination pour ton cerveau toujours en quête de nouvelles inspirations, de nouveaux souffles dans ta vie, qu’importe leur forme. Toutefois, ton visage se relevait rapidement vers Adam lorsqu’il huma doucement, presque amusé par quelque chose qui te dépassait sans doute et que tu ne cherchais pas, pour une fois à comprendre. Tu étais simplement curieux et étonné de telle attitude considérant l’atmosphère encore pesant qui soufflait dans l’écrin de ta demeure, pour ce qu’elle en était. Tu comprenais presque d’où venait la joie, ou tout du moins, l’amusement, aux paroles de l’homme et tu reposais ton regard sur le parquet, tes yeux cherchant les arabesques dans les sinueuses plaques de bois éparpillées sur le sol pour former un semblant de sol sur lequel tu posais tes pieds sans trop de peine à chaque fois que tu revenais ici, le cœur lourd. « Adamas. C’est joli. » Tu concluais doucement, ne trouvant guère plus à rajouter parce que l’homme avait tout simplement tout dit et tu n’avais rien à dire sur une vérité qui semblait naturellement ancrée dans la tête des différentes personnalités présentes ici. Que ce soit Adam ou Arod, la réalité était qu’effectivement, tout était altérable. Même toi, tu l’étais et tu étais probablement la créature qui pouvait s’altérer le plus facilement si tu le voulais. Dans un clignement de yeux, tu pouvais prendre la forme de la chouette qui dormait sur ton toit depuis des semaines voire des mois, ou encore la forme de l’hérisson que tu voyais traverser le champ quand tu retournais sur Novigrad. Tu pouvais prendre la forme pelucheuse du chiot qui avait donné à ton corps un prénom, ou encore le chat que tu utilisais pour t’infiltrer chez les bonnes familles pour trouver un bon endroit où dormir quand il ne faisait pas assez beau pour dormir sur les toits ou sous les ponts de la ville libre. Tu étais altéré physiquement et tu pouvais être altéré dans ta composition psychologique, toujours modulable par les souvenirs que tu récupérais des formes prises. Parfois, il ne s’agissait que d’images de chasses, de familles, de petits riens quand parfois, il s’agissait d’un coffre entier de souvenirs humains que tu ne pouvais décidemment pas ouvrir par peur de violer une intimité que tu ne te jugeais pas apte à supporter, dont tu n’avais pas la monnaie pour payer le billet d’entrée ou d’échange. Alors, ce coffre, tu le gardais au plus loin de ta réalité, de ta conscience, pour ne pas avoir le besoin ou la tentation de vouloir l’ouvrir, de vouloir puiser dans ce qui était la réalité d’un autre, les souvenirs de quelqu’un dont tu avais ôté la vie injustement ou dont tu avais pris les traits en espérant pouvoir vivre plus longtemps. Quelle tragédie, tu pensais. Tu avais dû faire tant et pourtant si peu, et désormais, tu nageais dans les eaux troubles de ta triste réalité, de ta triste existence. Il n’y avait plus grand-chose à faire, et tout ce qu’il te restait à faire, c’était continuer à marcher, à suivre ce fil qui ne servait guère plus qu’à te conduire à la réalité de toute vie : la plénitude de la fin. Et tu te sentais, maintenant, te perdre dans les abysses de ta négativité si bien que tu relevais les yeux, nettoyant ton esprit de toute pensée parasitaire pour poser ton regard sur Adam. Il y avait une force dans ses paroles et une réalité que tu ne connaissais que trop bien : se coordonner pour pouvoir survivre et éviter des erreurs qui seraient plus que fatales. Toutefois, tu avais bien été incapable de te coordonner depuis que la voix avait élu domicile dans ton crâne et qu’elle prenait une place bien plus importante que tu ne lui aurais donnée. Tu n’avais pas le choix. Tu n’étais pas maître de celle-ci et elle s’amusait bien à agir comme elle le voulait, à tes dépens, le plus souvent, mais tu ne pouvais faire guère plus que subir ses attaques, ses mots, et ses mouvements, faible que tu étais. Tu étais l’esclave de ta propre conscience, l’esclave de ta propre servitude, l’esclave de ta propre personne et il n’y avait rien de plus que des chaînes pour relier ton crâne à une subconscience que tu ne pouvais définitivement pas éviter. « C’est.. Compliqué, effectivement. Je n’ai jamais su me coordonner avec lui. » Tu murmurais, presque plus pour toi-même que pour qui que ce soit d’autre, avant de te lever, ravalant les derniers morceaux de sanglots. Tu étais peut-être plus fort que de simples humains par ta constitution, mais tu avais froid, et tu ne voulais pas mourir bêtement d’une fièvre attrapée par un coup de froid. Ta maison n’était pas particulièrement chaude, n’était pas particulièrement bien alimentée en chaleur, et c’était pour ça que tu attrapais des vêtements, de quoi réchauffer ce qui était ton corps, mutilé par tes propres coups. Tu avais vu, à Novigrad, des gens qui se paraient de cicatrices de guerre, des semblants de souvenirs de coups, de moments passés où ils avaient mis leur vie auprès du destin et tu avais toujours trouvé ses cicatrices bien trop jolies pour ce qu’elles étaient, surtout quand elles étaient couplées par des tatouages qui rappelaient leurs origines. Tu avais voulu faire quelque chose de similaire sur toi, et tu observais tes bras sur lesquels se trouvaient des formes géométriques noires qui couvraient tes poignets, tes avants bras, tu trouvais, sur ton ventre, tes côtes, des constellations que tu avais appris à connaître en cherchant ton chemin dans la nuit noire, en cherchant ses alliés qui avaient toutes une signification. Tu trouvais Andromède, contre ton aine, tandis que d’autres se mêlaient sur tes côtes avec une certaine singularité qui rendait ton corps plus beau qu’i ne l’était. Tu laissais toutefois tes doigts glissés contre ton avant-bras, courant sur les multiples triangles noirs qui ornaient ton bras, sentant sous l’encre les rugueuses marques que tu t’étais infligé. Tu préférais toucher que voir, sachant que la beauté était illusoire, transformée par l’impossible envie que tu avais de tout détruire te concernant, quand bien même la culpabilité grandissait rien qu’à l’idée de ce que tu faisais subir à ce corps qui n’avait rien demandé. Tu étais coupable, toujours. Tu étais un traître à ce propre corps et tu ne pouvais rien faire d’autre que de contempler ta propre bêtise, encore et toujours. Cependant, tu revenais vers Adam, ton corps couvert et toute cicatrice à jamais cachée derrière du tissu qui brûlait ta chair plus que l’air contre ton épiderme.

Tu revenais à ses côtés avec l’esprit plus lucide que tu ne l’avais été jusqu’ici, dans toute cette journée, quand bien même tu semblais comme anesthésié par les restes de douleur qui coulait encore dans tes veines comme un poison administré pour te garder calmer, pour te garder silencieux, mais par pour long car les mots que tu épuisais à l’encontre du vampire, c’était des mots qui brûlaient ta gorge, qui la coupait de milles façons comme si tu avalais les lames que tu utilisais pour tes bras. Tu parlais de tes oreilles, de l’atrocité qu’elles étaient devenues si bien que tu avais essayé de cacher la cicatrice par un tatouage et que le reste.. Tu le laissais à tes cheveux, noirs de jais, pour camoufler ce qui était pour toi la plus grosse honte de tout ce que ton corps avait, ce que tu avais toujours failli à garder. Ce jour là, tu commenças à perdre ta voix, et toute conscience, toute consistance, il ne restait de toi qu’une coquille vide que l’on trimballait de villages en villages sans même prendre le temps de comprendre que tout ce qu’il restait de ton espoir était un infime morceau déjà brisé, déjà torturé, déjà pourri qui se faisait lui-même martyrisé par une voix qui refusait de se taire. « Tu le méritas, ce jour là. Tu méritas. » Tu fermais doucement les yeux, écoutant cette litanie qui n’avait jamais véritablement cessé. Des paroles qui n’avaient jamais finies de pulluler dans ton esprit comme une malédiction dont les mots étaient si distinctifs qu’il en était difficile à comprendre tout l’usage. Tu étais épuisé, tu devais le dire. De ta journée, de ta vie, de cette voix, et tu étais anesthésié, désormais, complètement limpide et ouvert comme si rien ne pouvait plus t’atteindre. Pas même la voix n’arrivait à percer les dommages qu’elle avait elle-même crée. Tu n’étais plus qu’un lambeau de ce que tu étais, un simple mirage dont les contours arrivaient à créer une forme à peine vivante, à peine morte, tremblant entre le seuil de la vie et le seuil de la mort, ne sachant quel chemin prendre ni même quel mouvement accomplir. Si bien que quand il parla de ta nature, tu ne relevas qu’à peine, penchant très légèrement ta tête sur le côté alors que tes doigts parcouraient les lignes de fils qui composaient ton pull de larges mailles. C’était une réalité : tu étais un doppler, ses créatures jugées si bienveillantes qu’elles finissaient par mourir de bêtise. Tu avais lu, il y a longtemps, ce que l’on disait des créatures comme toi, et tu ne savais pas si ce qui était écrit était vrai, tu n’en savais rien et… Tu n’avais pas vraiment envie de le savoir, pour être véritablement honnête. Tu t’en fichais, ce n’était pas comme si tu apportais une véritable importance à ta nature, à ce que tu étais. Tu étais Nuage de Spalla, un pauvre chien errant qui n’avait rien de plus que des instruments comme compagnon et une voix comme malédiction. « Oui. Un doppler. Ce corps n’est pas à moi, et toutes formes que j’ai ne sont pas les miennes non plus. J’ai été féminin, j’ai été masculin, je suis un doppler. La forme de neutralité, que disent les sorceleurs, ceux qui ne sont que des coquilles. » Tu avais entendu ces mots, un jour, sortir de la bouche d’un sorceleur un peu trop éméché, qui parlait à un nain des différents types de monstres qu’ils qualifiaient d’un tant soit peu intelligent. D’une certaine manière, tu avais été rassuré de n’être pas qualifié comme les goules ou les nekkers, mais d’une autre… Tu portais tout de même cette étiquette de monstres, ceux qui étaient annihilés, qui n’étaient guère plus que des sangsues pour le monde, qui n’avaient guère le droit à autre chose qu’à l’exil et l’abandon, à la menace de la mort et cette dernière, fatale par la pertuisane qui fendait toute âme. Ces paroles, tu les comprenais sans mal, tu comprenais leur sens et leurs sous-entendus, tu comprenais tout ce que cela voulait dire. Un doppler n’était rien de plus qu’une carapace, qu’un réceptacle, qu’une copie de toute chose sans réelle alimentation, sans forme concrète et pourtant, tu savais que tu existais. Tu n’étais pas qu’une copie de quelqu’un, tu n’étais pas que l’appropriation de quelqu’un. Tu étais toi-même. Envers et contre tout. Tu étais toi. Tu étais Nuage. Mais en même temps, quand tu considérais les formes que tu possédais, tu n’étais pas seulement cette personne au genre neutre, qui savait aisément naviguer entre les sexes et les genres et qui ne trouvaient sa place dans aucun des deux tant tu étais fluide et souple sur les complexités biologiques. Tu étais en perdition, comme un navire laissé en pleine mer. Tu étais en perdition, comme les bateaux que tu avais laissé couler sur la rivière il y a de ça des années. Tu étais un doppler qui n’avait guère plus comme attache qu’un corps volé, qui était lui-même à la dérive depuis longtemps, comme les petits bateaux de bois à jamais lâché dans un fleuve bien trop grand même pour toi. Plus que des bribes, des sentiments, des émotions, des semblables. La voix te gardait sur terre et en même te perdait dans les limbes et désormais, plus que jamais, tu contemplais le vide d’une existence de doppler et tu soupirais, presque las. Tu étais simplement épuisé. Toutefois, tu tournais ton regard, hagard, encore flou sur Adam et tu concentrais ton attention sur les mots qui étaient prononcés par celui qui était pourtant Arod, un sorceleur. Tu eus un léger sourire et un hoquet de rire à ses paroles, à ce qu’il disait. Tu trouvais l’histoire triste pourtant, mais tu ne pouvais t’empêcher de rire silencieusement. Un blême, tu aurais aimé que ça en soit un et que ça ne soit pas simplement une voix éternelle qui alimentait ton désespoir et ta culpabilité dans un tonneau sans fin. « J’aimerai que ce soit un blême. Je suis désolé pour ton frère, vraiment. C’est… Terrible. Mais j’aimerai que ce soit un blême. » Au moins, un blême… Tu saurais quoi faire, tu saurais qui trouver pour t’aider, tu saurais trouver une solution, mais il n’y avait rien pour épancher la culpabilité qui était reine de ton vide, de tout ce qu’il y avait mauvais en toi et que tu tentais de cacher par la joie que tu gardais symbolique chez toi. Il n’y avait rien pour taire cette voix si ce n’est un petit mensonge de temps à autres, un mensonge à toi-même. « Je ne peux pas me pardonner, tu sais. Je ne peux pas me pardonner quand ma culpabilité est autant alimentée, je peux pas… Oublier. Ma dette ne sera jamais payée, ma culpabilité sera toujours là, je m’en voudrais toujours et je me détesterais toujours. C’est… Comme ça, j’imagine. Il n’y a rien à faire. » Tu souriais doucement en observant tes mains, celles qui s’étaient détachées de ton pull pour que tu puisses prendre connaissance des lignes qui se dessinaient sur ta paume comme dans un dessin abstrait d’où tu trouvais aucune signification que la vie qui coulait encore sous l’épiderme. Ta culpabilité avait été toujours été là, depuis le jour où ta première famille avait perdu la vie dans une maladie qui emporta tout sur son passage et elle n’avait fait que grandir à mesure que le temps s’était implanté. Tu avais songé à en finir, à faire le vide dans ta tête pour que rien ne demeure mais finalement, elle était venue et tu n’avais plus rien si ce n’est elle. C’était pour cette raison que tu étais persuadé que ta vie ne valait rien et que ton départ de cette terre ne serait finalement que peu de choses. Les personnes que tu connaissais et que tu avais connues t’oublieraient dans un clin d’œil. Lelio, Dany, Adam, Elerinna, Elijah, Jäelle, Taaric, Jodariel… Tous ses gens qui avaient une importance à tes yeux parce qu’ils avaient marqués ton histoire, mais pour qui tu n’étais finalement qu’un grain de sable dans leur existence, qu’un minuscule petit être qui était passé et qui, aujourd’hui, allait peut-être disparaître aussi simplement que ça. Tu n’étais pas grand-chose dans la chaîne du monde et au fond, ça te convenait, aussi brutal que cela puisse paraître. Au moins, pour ces gens, tu leur avais offert un brin de sourire, un brin de bonheur pour un temps, peut-être un peu de soucis – et ta culpabilité grandissait en y pensant – mais tu ne pouvais oublier le bonheur de leur rencontre, même si la cruauté voulait que tu ne sois pas grand-chose. C’était toujours mieux que rien. C’était… Toi. Une petite créature acculée par le monde qui n’avait pas grand-chose à offrir et pas grand-chose à perdre, qui se perdait déjà dans ses propres tréfonds et qui cherchais, aujourd’hui, un peu de quiétude malgré la force qui martyrisait ton crâne à chaque appel. Tu te réveillais alors, soudainement, de tes pensées aux paroles d’Arod sur ta toile presque reconstituée par terre. Un épanchement de couleurs et de formes sans queue ni tête, sans intérêt, sans signification si ce n’est pour toi. Tu regardais doucement les contours que tu avais formés de la pointe d’un pinceau qui devait encore être par terre à l’heure actuelle et tu te levais, doucement, du divan pour t’approcher de là où tu t’étais installé plus tôt pour peindre. Tes doigts, encore tremblants, attrapèrent le pinceau que tu avais laissé au sol et à la place duquel trônait désormais une tâche de peinture contre le bois brun. Du bleu, clair, comme le ciel en plein été. D’autres petites tâches étaient présentes sur le parquet : du rose, du rouge, du violet, du jaune, du rouge, des traces de tes quelques reflets de rage, de tristesse, de désespoir. Un pas grand-chose, mais quelque chose qui composait une histoire jamais achevée, encore en cours, toujours reconstituée. Tu attrapais également le pot de peinture qui avait valsé dans ta mélancolie, du rouge, et tu attrapais également la palette sur laquelle les pigments s’étaient figés. Tu calais tout sous ton bras avant de prendre la peine de tout poser sur la toute petite table d’appoint que tu possédais. Tu n’avais pas la tête à nettoyer, à véritablement ranger, alors tu posais là où ça ne gênerait personne. « Merci. » Tu soufflais doucement avant de venir attraper la deuxième toile que tu avais déchiré dans ton énervement soudain, dans la spirale qui t’avait conduit à cet acte violent qui était pourtant bien hors de ta nature. Tu tenais entre tes doigts les morceaux de papier, effrité, à même de te couper même si tu préférais que non. La peinture était sèche, se craquelant doucement sur le papier déchiré, et tu reposais également les morceaux sur la table. Tu déciderais plus tard de ce qu’il en serait. « J’aime bien peindre. Ça ne ressemble à rien, je ne sais pas vraiment faire de dessins anatomiques ou de paysages, mais… J’aime bien jouer avec les couleurs, et ça rend parfois bien. Là… Ce n’était juste.. Pas bon, j’imagine. » Tu avais presque du mal, maintenant, à te souvenir de ce qui t’avait fait valsé dans cette drôle de spirale étrange, tu avais du mal à voir ce qui avait bien pu provoquer ta perte à ce moment là mais… Tout n’était qu’une forme étrange d’épisode que tu pouvais avoir de temps à autres quand tu étais seul ici. Ce genre de choses n’arrivait que rarement quand tu étais chez d’autres ou avec d’autres, parce que tu arrivais à contenir la voix, tu arrivais à contenir son courroux. Mais tu étais fatigué, tu n’arrivais qu’à peine à remettre les phases dans le bon ordre. « Mais j’aime bien peindre, c’est… Reposant. » Tu répondais à nouveau, avant de te tourner vers Adam, un sourire aux lèvres, comme si tous les évènements avaient disparus pour laisser place à ta bonne humeur habituelle, pour laisser place à ta personne, enfin. Tu laissais, soudainement, derrière toi tous ses sentiments de vide constant, de culpabilité pour retrouver un simulacre d’entrain qui essayait de camoufler la fatigue des larmes, de la détresse, de la culpabilité. Tu laissais un sourire se peindre sur ton visage, naturellement, et tu faisais perdre à ton corps ce sentiment de perdition, comme les petits bateaux de bois d’autrefois. Tu ne dérivais plus, tu avais retrouvé ton attache au monde, et la voix… Soudainement, s’était tue, et ne rebondissait pas sur tes mots, décidant d’une accalmie que pour une fois, tu jugeais avoir mérité.

Nuage P. de Spalla
Revenir en haut Aller en bas
Adam Ulver Isenhart
What is truth if not an illusion?
Adam Ulver Isenhart
Race Race : Vampire supérieur
Habite à Habite à : Novigrad
Couronnes Couronnes : 31166
Messages Messages : 87
Quelque chose à ajouter Quelque chose à ajouter : Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart - Page 3 200w.webp?cid=790b76115cc330804d35424249d106bc&rid=200w
What is truth if not an illusion?
Mar 17 Mar - 17:27
Kissing death and losing my breath Even if it hurts. Even if it makes me bleed
I'm gonna carry you, pushing through with the dirt on my sleeves.
Even if it hurts. Even if it's razor deep
I'm not giving up, not gonna run
I'll be there when you need me. Even if it hurts
I've got no regret cause if I could Id do it over again
How long will it take for you to lean on me ?
Time to let it go, so you can finally breathe
Slow, slow ( Sam Tinnesz → Even if it hurts )
Qu’est-ce qui remplissait une existence de sens ? Qu’est-ce qui lui donné un semblant d’importance et de but ? Comment définir une existence absurde et dénuée d’intérêt et qu’est-ce qui a l’inverse lui donne suffisamment d’attrait pour la qualifier d’importance, de sensé, de vital au déroulement de ce monde bien trop vaste pour s’y sentir important ? Est-ce que toute vie, même celle des puissants, même celle des élus de la destinée n’était-elle pas au fond bien dérisoire, bien dénuée de substance ? Est-ce que toute finalité d’une vie n’était pas au final un simple retour au néant, à l’origine, un rouage absolument dérisoire d’un cycle bien plus grand ? Est-ce que la vie de tous à chacun ne trouve pas finalement son intérêt dans sa mort, dans la place qu’il laisse à de nouvelles vies qui à leur tour continueront ce cycle absurde ? Est-ce que ta vie ne trouve finalement pas son sens dans ce que tu laisserais après ta mort ? Du compost. On peut se persuader de son importance, on peut se persuader de notre place dans l’univers, de notre mission sur cette terre, mais le résultat reste fatalement le même. Du compost. Une réserve d’énergie chimique bien prosaïque en comparaison de toutes les bonnes intentions que l’on se donne… Que dire de plus ? À quoi bon chercher plus loin après tout ? Pourquoi ne pas se contenter de cela au lieu de chercher du sens là où il n’y en a aucun ? Tout simplement parce que c’est plus simple, tout simplement parce que cela fait bien moins peur de se dire que l’on est là pour une putain de raison. Tout simplement parce qu’il est plus simple de s’imaginer des desseins plus grands pour ne pas se contenter de dépérir dans une apathie légitime tant elle ne ferait qu’accélérer les choses… Mais le vivant est ainsi fait, à chercher encore et toujours un sens à son existence qui n’en a pourtant aucun autre. Alors chaque jour on se persuade, chaque jour on cherche des raisons, que ce soit celle d’apporter une pierre à un édifice qui nous dépasse, de faire rentrer son nom dans un mémoire qui n’en a fondamentalement rien à faire, de faire prospérer un pays, une famille, une communauté, de sauver d’autres vies en se figurant tel des hypocrites que sur le moment elles auraient plus d’importance que la nôtre alors qu’elles ne servent au final que de faire valoir. Nous ne sommes au final qu’un amas d’égoïste égocentré qui ne cherche qu’à trouver une justification à une présence qui n’en a fondamentalement aucune hormis celle que l’on se donne.

Tu n’avais aucune importance, pas plus que ces autres qui peuplaient ton crâne. Tu n’avais aucune importance, pas plus que toutes les autres créatures de ce monde, pas plus que Nuage. Vous n’étiez que du compost avec des aspirations bien trop grandes. Mais au final, quelle importance, le tout était d’essayer, de chercher encore pour remplir cette errance d’un sens et d’un but aussi dérisoire soit-il. Sinon à quoi bon ? Alors tu trouverais un sens à ton errance, tu essaierais de faire ce dont tu étais bien incapable il n’y a pas si longtemps de cela… Tu essaierais et c’était tout ce qui comptait. Si la justification de ton existence devait passer par la préservation de celle de Nuage alors soit, tu te donnerais corps et âme à la réalisation de cette simple aspiration tant elle avait subitement bien plus de sens que tout ce que tu avais pu accomplir durant les longs siècles que tu avais déjà vus. Et cela te convenait avec une rare complaisance. Ce petit bout d’être méritait que quelqu’un veille sur lui alors que tu sentais sans mal qu’il avait toujours fait preuve de bien trop d’abnégations pour d’autres. Il méritait que quelqu’un pense à lui pour une fois et tu étais heureux et fier d’une certaine manière de pouvoir être cette personne. Parce que si nous ne sommes que du compost, autant rendre le chemin pour y parvenir le moins pénible possible. C’était ça au final le but de toute vie, être la moins pénible jusqu’à son déclin et tu ferais en sorte, avec tes maigres ressources, de faire de la vie de Nuage un périple quelque peu moins pénible.

Cela passait déjà par le simple fait de le tenir éloigné de Darius et cela, Arod l’avait bien compris. La vie de tout le monde était plus simple sans lui, la tienne, celle de tes autres, celle de tout à chacun. Il ne pouvait pas avoir une bonne influence, un impact bénéfique sur la vie de quiconque, tu en avais encore eu la démonstration avec la jeune Jodariel. Vous deviez protéger ce jeune homme de lui, le plus possible bien que cela semblait déjà vouer à l’échec tant tu le sentais s’agiter dans ton bras droit. Il avait envie de sortir, il exultait déjà la perceptive de briser ce garçon si naïf et si plein de bons sentiments à son égard. Arod sourit tristement aux paroles de Nuage, ne retenant pas un léger soupir de dépit. « Ses seules raisons sont son plaisir et il passe par le malheur des autres… C’est ainsi et je te souhaite de ne jamais le croiser. » Un souhait sincère et foncièrement triste tant il était irréalisable. Nuage était ton voisin après tout et avec la volonté qu’Arod et toi venez de faire naitre, il serait difficile à présent de le tenir éloigné de toi et de ton influence méphitique. Il allait finir par rencontrer chacun de tes autres par la force des choses et toute la bonne volonté du monde ne réussirait pas à retenir Darius. C’était compliqué et curieux en effet, le jeune homme avait raison, mais c’était ta condition et quand bien même tu voulais la remettre en cause, tu devais te faire à l’idée qu’elle était immuable. « C’est pas comparable Nuage. Y'en a pas un d'mieux loti que l’autre dans c'histoire. Ta situation n’est pas plus enviable qu'la nôtre mais il faut apprendre à vivre avec sans se laisser gangréner. » Et c’était tout le défi de la chose. Nuage avait bien évidemment le droit de se plaindre, comment en être autrement lorsque l’on est parasité par une maladie létale qui nous tue à petit feu. Au contraire, à la lumière de tout cela, tu étais même tenté de te dire que tu étais le moins à plaindre parce que contrairement à lui, tes autres ne voulaient pas te voir plonger vers des abysses dont tu ne sortirais jamais. Ils le faisaient bien malgré eux, et même Darius ne voulait pas ta mort, même lui cherchait à te préserver à sa manière tordue et absurde mais à sa manière tout de même. Alors ce n’était pas foncièrement comparable quand ton plus grand mal était ton incapacité à vivre sans eux quand bien même tu les détestais par moment, ton plus grand mal était de ne pas être maître de ta vie que tu ne voulais même pas vivre. C’était différent, c’était compliqué et aucune des situations étaient moins à plaindre que l’autre.

C’était encore plus vrai lorsque tu constater l’état de son corps et du tien. Le jeune homme s’était levé pour aller se vêtir et alors que le regard d’Arod était plongé sur le parquet et les restes d’un art détruit, tu laissais tes pensées se remémorer les marques que tu avais aperçues sur la peau de Nuage. Nombreuses étaient les fois où tu avais voulues toi aussi succomber à cette envie de souffrance. Nombreuses étaient les fois où tu avais voulu laisser glisser une lame sur ton buste pour sentir la légère brulure de l’incision, pour sentir l’adrénaline de la douleur, la douce douleur que l’on ressent lorsque l’on est absolument certain d’être en vie. Tu avais voulu sentir et regardait le sang s’écouler de la plaie, emportant avec lui la souffrance et l’essence de tes autres avec un peu de chance, tu avais voulu succomber à cette douce et viscérale envie de se sentir en vie par la douleur et de retrouver son souffle avers et contre tout. Mais tu étais un vieux vampire et tu étais depuis bien longtemps passé au stade au-dessus, passé aux tentatives irrévocables qui ne furent que des échecs cuisant loin de cette volonté sommes tout quelque peu puérile de survivre dans la douleur. En te remémorant les marques de Nuage cependant, tu ne pouvais t’empêcher de les trouver d’une rare beauté quelque peu tordue. Et ce n’était pas foncièrement dénué de sens dans ton esprit qui figurait parfois celui d’un artiste lorsque tu tenais un pinceau autre les doigts. Après tout, la douleur avait en cela qu’elle était une muse, un magnifique moteur pour accoucher des œuvres parmi les plus belles et les plus viscérales dans leur horreur triviale. La douleur était belle, la douleur était une muse tentatrice qui t’attirait irrémédiablement vers elle quand bien même tu t’évertuais à la fuir pour quelque chose de plus radical. La douleur était une muse.

Dans le fond de ton crâne, tu sentais la pichenette qu’Ador asséna sur ton front comme pour taire tes pensées qu’il entendait lui aussi et qu’il désapprouvait parfaitement. Il essayait ainsi de taire ces pensées qui pouvait parfois se mêler aux siennes tant il était parfois difficile de démêler les flux de réflexions des uns et des autres qui traversaient ton crâne. Il ne voulait pas que tu réfléchisses ainsi, pas maintenant, pas alors qu’il essayait de faire sortir Nuage de cette spirale et la violence était parfois la seule alternative que le sorceleur trouvait pour te ramener sur le bon chemin. Chacun de tes autres avaient ses réflexes vis-à-vis de ce genre de pensé après tout et là où Islène tentait davantage de te réconforter d’un amour inconditionnel, Aord affectionnait plutôt la bonne vielle tape derrière la tête pour te remettre les idées en place. Une façon quelque peu bourrine et maladroite de te montrer son soutien et l’absurdité de tes pensées. Un comportement qu’il avait bien vite réfréné concernant Nuage tout simplement parce qu’il avait bien vite compris que ce n’était pas la bonne approche, que le jeune homme était trop fragile et qu’il ne le connaissait pas encore assez pour pouvoir se le permettre, ce qu'il ne ferrait certainement jamais.

Le sorceleur finit par détourner le regard des lattes du plancher dont il essayait de mesurer la qualité dans un réflexe professionnel quelque peu encombrant lorsque le jeune homme revint s’assoir en face de lui. Il avait fini par comprendre sans mal que le jeune homme n’était pas un simple elfe, qu’il n’était pas non plus un humain. Il était bien plus complexe que cela et le sorceleur le savait parfaitement. Il avait lu tous les bestiaires de Aevon Woed, il avait écouté et retenu les enseignements de ses maîtres mais l’Arod qui vivait au sein de ton esprit n’était après tout qu’une copie de l’original, de celui que qui était sorceleurs et qui était mort en faisant ce pourquoi il avait été créé. L’Arod qui parlait aujourd’hui avec ce jeune homme n’était composé que des connaissances que ton subconscient avait emmagasiné et lié lorsque le griffon était encore en vie et te comptait son existence autour d’une amitié sincère. Il était l'amas des sentiments puissants que tu avais décellé chez lui et qu'il avais bien voulu t'expliquer, décuplé par la façon propre des vampires de ressentir avec une rare violence. Pourtant il savait, consciemment ou non, que les dopplers étaient plus complexes d’une certaine manière que ce que l’on voulait bien dire d’eux, le faite de contoyer des vampires sans doute... Et le simple fait que Nuage soit gangréné par les palimpestes de l’esprit du corps qu’il arborait était déjà une preuve qu’on ne pouvait pas les réduire à de simples créatures faite de bonté et de naïveté bienfaisante. Après tout, peut-être existait-il des dopplers rendus parfaitement fous par leur condition, peut-être existait-il des dopplers qui s’étaient perdu dans l’esprit de toute leur apparances ne devenant qu’un amas informe de pensées confuses qui ne leur avait jamais appartenu. Peut-être existait-il des dopplers que leur don avait rendus fou, sanguinaire, dangereux. Vous étiez bien en peine de le dire mais une certitude subsistait, celle que Nuage n’avait rien, absolument rien de vil en lui hormis cette voix qui faisait le plus grand mal à lui-même. « Les sorceleurs disent plein d'choses p'tit, crois-moi je suis bien placé pour le savoir, mais ils ne cessent d’apprendre et de revoir leur certitude, 'fin pour les moins bornés d’entre eux du moins. Quoi qu’il en soit, t’es pas une coquille vide, Nuage t'as tes propres souvenirs, ta propre essence et tous les dopplers ne sont certainement pas l’incarnation de la neutralité, comme les sorceleurs d’ailleurs... Le monde est bien plus complexe que cela à l’instar de tous leurs habitants. De même que le qualificatif de monstre est bien trop utilisait comme un joker pour qualifier tout c'qui est différent sans chercher à comprendre toutes les nuances de c't'univers. » Et voilà qu'il se mettait à utiliser des mots tout aussi alambiqué de Phinéas, ce vieil épicurien déteignait sur lui avec le temps et il aurait bien grogné à ses propres paroles si la situation avait été toute autre. Il ne pouvait cela dit pas s’empêcher de se demander pourquoi il s’infliger cette forme qui était une souffrance d’une certaine manière, pourquoi il persistait à porter cette culpabilité jusque dans sa chaire de bien des façons. Il lui aurait bien posé la question, il lui aurait bien demandé pourquoi il ne choisissait pas une autre apparence, pourquoi il ne reprenait tout simplement pas la sienne dont il ne connaissait même pas l’aspect mais il sentait bien qu’il lui avait déjà posé suffisamment de question, qu’il avait déjà remué suffisamment de chose pour une soirée déjà bien éprouvante.

Il était pourtant parvenu à le faire sourire par son histoire, par son passé qui n’était pourtant pas des plus réjouissants. Il ne parvint pas immédiatement à saisir ce qui pouvait bien y avoir d’amusant là-dedans mais cela avait au moins le mérite de le faire sourire, bien que tristement, malheureusement. « Hm... Les blêmes sont des saloperies mais... Mais j'comprend c'que tu veux dire. » Dit-il simplement bien que cela n’avait rien d’enviable. Il avait vu les ravages de ses créatures et même s’il demeurait une échappatoire aux tourments de leurs vitimes, elle n’était pas sans risque et elle n’était que rarement efficace. Il demeurait cependant une échappatoire et ce n’était sans doute pas le cas de la situation de Nuage. C’était autre chose que d’exorciser un spectre et de se débarrasser d’une partie de soi-même. Tu étais bien placé pour le savoir. Quand au reste de son dicours, Arod était bien en peine d'y trouver une réponse. Il t'avait déjà entendu prononcer ces même mots et il savait à quel point aucune paroles n'arrivait à te les enlever du crâne. Il devait en être de même pour Nuage et le vieux sorceleur se retrouver une fois de plus face à ses propres limites en maitère de réconfort. Il ne savait pas quoi dire, n'était pas un grand orateur, juste un bucheron bien sympathique mais pas bien verbeux. Alors il se contenta d'un sourire triste mais compatissant, il se contenta de poser une main sur la tête du gamin pour lui ébourriffer légerment les cheuveux dans un geste qui se voulait rassurant, accompagnant son regard tendre d'un : « ça va aller… » bien dérisoire. Il aurait pu dire que seul le temps pouvait soulager ce genre de chose, mais cela lui semblait encore plus dérisoire. C'était pourtant le seul remède, ça et être présent pour lui montrer son affection et son soutien. Le temps et la compagnie car s’il y avait bien une chose qui pouvait l’aider, c’était bien des personnes sur lequel il pouvait compter sans concessions. Toi-même tu portais ta culpabilité telle une croix sur une pente bien trop raide, tu la portais sans relâche jusqu’à un Golgotha que tu te bâtissais toi-même. Il n’y avait guère que les moments où tu étais avec Amélia ou les rares soirs où Krolia te faisait l’honneur de sa compagnie que tu pouvais tenter de l’oubli l’espace d’un instant, la poser près de toi pour reposer tes épaules l’espace de faibles secondes. Mais elle revenait toujours, plus lourde encore lorsque la solitude venait reprendre sa place à tes côtés.

C’était cela, le principal fléau d’une existence, la solitude à laquelle on ne pouvait rien, celle que l’on fuyait sans pouvoir lui échapper et la compagnie était sans doute le remède à bien des maux. Alors vous aviez envie d’essayer, toi et Arod, vous aviez envie d’être présent pour Nuage l’aider à échapper à une solitude surement bien présente. Certainement qu’il n’en voudrait pas de ta compagnie, qu’il ne voudrait pas que tu portes ce nouveau fardeau ou cette nouvelle volonté. Sans doute n’aurait-il pas envie d’une personne telle que toi autour de lui et c’était compréhensible. Après tout, qui en aurait envie ? La réponse était simple et cruelle. Personne.

Mais tu essaierais et les paroles d’Arod sur les compétences artistiques du gamin entrouvrir une porte dans laquelle tu te serais bien engouffré et le vieux sorceleur l’avait bien compris. « Hm… Pas b’soin qu’une toile soit figurative ou encore parfaitement naturaliste pour être belle… Moi j’trouve que t’es plutôt doué. Pi' les couleurs transmettent des émotions non ? C’est le but de l’art à ce qu’on dit. » Arod finit par se lever, se massant mollement la nuque quelque peu endolorie par l’énergie qu’il déployait pour retenir tous les autres et se concentrer. Une pression, une crispation permanente que chacun d’entre vous connaissiez fort bien.  « 'Fin… Adam te parlerait d'tout ça bien mieux que moi, c’est lui le peintre après tout. Si tu veux, vous pourriez même peindre ensemble. Il a quelque coin où il aime se poser pour composer des toiles. Bah, il n’oserait jamais te le proposer de lui-même, têtus et peu sûr de lui qu’il est, mais j'suis sûr que ça lui ferait plaisir. Si ça t'tente bien sûr. » C’était une proposition comme ça, lancé un peu maladroitement, mais c’était sincère. Une façon comme une autre de palier à votre solitude respective… Une manière de faire ce que tu n’avais jamais eu l’occasion de faire avec l’enfant que tu avais voulu élever comme un fils… « 'Fin, vous aurez toujours l’occasion d’en parler… T’as faim p’tit ? » Parce que l’art ce n’était pas trop son domaine, mais que la boustifaille, il connaissait mieux. Et puis il commençait à avoir faim ce vieux sorceleur. Faut dire aussi que tu ne t'étais pas alimenté depuis ton retour de l’Arène. Peut-être même depuis la venue de Jodariel après la nuit des monstres. C’était encore une proposition lancée comme ça et Nuage pouvait la saisir en vol ou la laisser tomber, c’était comme il voulait.

Arod se dirigea alors vers les placards qu’il avait fouillés plus tôt pour trouver de quoi soigner le jeune homme, se souvenant avoir repéré des vivres. Il se fixa devant, une main sur le menton, faisant mine de réfléchir à un plat à concocter avant de retourner son regard vers Nuage. « Un repas, ça t’tente ? J'me débrouille pas trop mal en cuisine ! » Il s’invitait peut-être sans vergogne, mais honnêtement, il s’en fichait pas mal et la bienséance n’était pas dans les attributs du sorceleur. Dans tous les cas, il ne voulait pas laisser le gamin seul et il ne voulait pas non plus remuer le couteau dans la plaie en parlant encore de tous ses maux qui les rongeaient. Ils avaient tout le temps d’en parler, tout le temps de se connaitre et de s’aider. Ils avaient tout le temps et pour l’instant le sorceleur voulait le passer dans une ambiance moins pesante autour d’un repas avec un gamin qu’il aimait déjà plus que de raison.
:copyright:️ 2981 12289 0
Adam Ulver Isenhart
Revenir en haut Aller en bas
Nuage P. de Spalla
What is truth if not an illusion?
Nuage P. de Spalla
Race Race : Doppler.
Habite à Habite à : Novigrad et Velen, tu gambades.
Couronnes Couronnes : 27912
Messages Messages : 105
Quelque chose à ajouter Quelque chose à ajouter : Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart - Page 3 Tumblr_inline_oqh6hcRDJo1rp4f36_500
What is truth if not an illusion?
Mer 18 Mar - 16:12
.Kissing death and losing my breath
NOVEMBRE 1275 - BRUNWICH
Adam Ulver Isenhart & Nuage de Spalla
Le temps était ravageur, le temps était cruel parfois, et le temps était surtout un concept aussi curieux que la destinée, le destin et tout ce qui entourait ses entités toutes particulières. Il y avait des choses que le temps t’avait forcé à oublier, à prendre du recul dessus, pour que jamais tu ne puisses revivre l’infamie de ce qui était devenu des traumatismes cuisants qui ne partaient pas dans les réflexes corporels. Le temps était un gardien mais aussi un bourreau, et il fut l’instrument majeur de la perte de contrôle de ta propre conscience. Le diktat de ta conscience par la voix s’était fait avec le temps et avec la culpabilité néfaste qui grandissait à chaque manqué, à chaque petite chose loupée que tu ne pouvais décemment pas contrôler sans perdre pied. Pendant un temps, tu avais cru que la voix s’estomperait avec le temps et que la culpabilité se perdrait également, deviendrait moins forte, moins puissante, qu’elle aurait moins d’emprise sur qui tu étais et que tu retrouverai la plénitude de qui tu étais sans qu’il y ait le moindre obstacle néfaste. Tu t’étais fourvoyé, puisque ce ne fut jamais le cas et aujourd’hui, la voix n’était certes pas plus forte que jamais, mais elle avait gagnée du terrain que tu ne pouvais pas récupérer. C’était une limite que tu ne pouvais plus reprendre, une frontière qui s’était gangréné contre ton gré et désormais, tu ne pouvais rien faire d’autre si ce n’est contempler l’espace de ton esprit qui n’était plus le tiens et qui ne le serait jamais plus. Même si tu venais à récupérer ce que tu avais perdu, tu savais qu’il était trop tard pour que tu puisses retrouver la totalité de cet espace qui s’était nécrosé. Avec cette nécrose, tu savais que tu avais perdu bien plus que juste de la paix d’âme, tu avais perdu plus que tu ne l’aurais imaginé, tu avais perdu des choses essentielles que tu ne pourrais jamais récupéré et tu contemplais, bien trop souvent, le vide de ton existence et des choix impossibles que tu essayais pourtant de mettre en place de la meilleure des façons, sans réussir. Tu savais que tes échecs représentaient simplement l’accomplissement de la voix dans ton crâne, que ta maladresse était aussi une conséquence de toute cette gangrène. Tu n’étais plus vraiment toi, depuis longtemps, et en résultante de cela, tu savais que tu avais perdu bien plus de sens que tu n’aurai voulu. Le sens de ton existence, par exemple. Tu n’en avais aucune idée.

Peut-être que tu étais fait pour errer, à chaque, comme une ombre solitaire dans des lieux que tu connaissais, dont la familiarité te permettait de te balader sans te perdre, sans te faire perdre la tête. Peut-être que tu étais fait pour n’être rien de plus qu’un pion que l’on balançait ci et là sur un plateau en espérant que tu puisses faire un mouvement des plus stratégiques mais tu ne pouvais rien faire de tout ça parce que tu n’étais pas ce que l’on attendait que tu sois. Bien au contraire. Tu avais découvert, avec le temps, à quel point tu pouvais être une déception pour les autres. Tu ne rencontrais aucun des standards que l’on pensait que tu devais rencontrer. Tu étais un barde qui ne chantait pas et qui n’arrivait pas à écrire des paroles, un barde raté que tu entendais, parfois. Tu n’étais pas manuel, tu n’étais pas un forgeron, tu n’étais pas un aventurier, tu n’étais… Pas grand-chose. Ton existence rimait à être dépendant des autres et de ce qu’ils pouvaient t’offrir, physiquement ou non. Tu n’aurais même pas fait un bon prostitué, maintenant que tu y réfléchissais un peu. « Et qui voudrait de toi dans son lit, aussi ? » Elle n’a pas tort. La réalité est là. Tu as un charme banal, tu es passe partout et il vaut mieux pour tout le monde que tu ne sois avec personne. C’est mieux, c’est plus sain, c’est plus… Sécuritaire, dans une certaine mesure, c’est mieux. Même l’attention qu’Adam t’offre, tu ne la mérite pas. Tu ne mérites rien, à la hauteur de ton existence qui n’a ni sens ni intérêt au fond. Tu pourrais aussi bien mourir que ça ne ferait probablement aucune différence à long terme. Ca ne changerait rien à la vie des gens et tu disparaitrais comme une poussière, dans un silence qui en dirait long de ce que tu étais. Tu n’avais pas trouvé de sens à ton existence, tu vivais de petits plaisirs et de l’espoir de pouvoir aider un peu, mais ça n’avait de sens qu’à un terme dont la durée était encore indéfinie mais qui ne pouvait être infinie. Tu savais que le charme finirait par se briser et qu’à long terme, il ne resterait plus grand-chose si ce n’est la tristesse désillusionnée de ta triste réalité. Il fallait être un minimum réaliste et tu essayais. S’il y avait énormément de choses que tu gardais sous silence, que tu ne voulais pas avouer à ta propre conscience, il y en avait où tu étais certain de leur véracité. Le fait que la vie de tous serait probablement plus simple si tu n’étais pas là pour enquiquiner tout le monde, c’était un fait auquel tu avais des certitudes.

Parler d’une des personnalités dans la tête d’Adam te permettait un peu d’exutoire, de sortir un peu de ta tête et de son trop plein de pensées, d’émotions contraires et de sentiments que tu ne savais gérer ni comprendre. C’était plus simple de sortir ta tête de l’eau plutôt que de t’y enfoncer à nouveau. Tu essayais de comprendre ce qu’il te disait à propos de celui qui se nommait Darius et qui semblait, aux paroles de l’homme, être le mal incarné. Tu aimerais le croire mais tu voulais le voir de tes propres yeux, parce que tu ne pouvais croire que l’on pouvait affubler quelqu’un de tel titre ainsi, si facilement, même s’il le connaissait bien mieux que tu ne pourrais jamais le connaître. Bien sûr, tu le croyais, dans une certaine mesure, parce qu’effectivement, il le connaissait bien mieux que quiconque, mais un pressentiment glissait entre tes pores pour te dire qu’il y avait bien plus qu’une violence, qu’une torture gratuite, qu’il y avait quelque chose là-dessous. C’était idiot, tu le savais. Tu savais très bien que la violence gratuite existait plus que tu ne l’imaginais fatalement, mais tu voulais toujours croire aux explications derrière celles-ci, et à la possibilité d’un changement qui se figerait dans le temps. Tu voulais croire en la lumière dans chaque personne, même si ça paraissait curieux, même si ça paraissait naïf. Ca l’était, oui. Mais tu voulais y croire. C’était l’une des seules choses que tu ne pouvais abandonner à la voix, cet espoir. Tu refusais de lui laisser cet optimisme et ce besoin de croire en la bonté des gens, malgré tout. Et quand bien même les paroles d’Arod, tu n’arrivais pas à te retirer ça du crâne. « J’aimerai bien le rencontrer quand même... » Tu murmures doucement, convaincu de ce que tu racontes, pour une fois. Tu ne prétends pas pouvoir le changer, bien au contraire, mais tu veux voir les choses de tes propres yeux, même si Arod te le déconseille très sérieusement. Tu étais comme ça. Curieusement pragmatique dans certains moments malgré ton sentimentalisme habituel et ta gestion d’émotions en pagaille. Tu savais que tu le regretterai probablement, mais le temps n’était pas aux si, n’était pas aux hypothèses toutes particulières qui pouvait fuser dans ton esprit pourtant encombré. Tu n’allais absolument pas mettre les paroles d’Arod en doute, ce n’était pas son genre, comme il en allait des mots qu’il te soufflait maintenant. Effectivement, votre cas n’était pas comparable, nullement, et le sien était probablement bien plus complexe, tu le sais. Tu le sens. Tu n’es pas totalement idiot, après tout. Mais ça n’empêche la douleur qui s’échappe de ton cerveau avec la lassitude habituelle, surtout à la réalité de ses mots. C’était vrai qu’il fallait apprendre à vivre avec tout ça, sans se laisser gangréner. Tu laisses s’échapper un soupir, las, qui découvre la totalité de ta fatigue. « C’est difficile de pas se laisser gangréner quand c’est ta propre voix qui parle... » Tu souffles, tes yeux posés sur tes mains encore très légèrement tremblantes par les sanglots qui t’ont pris plus tôt. C’était difficile de vivre et de ne pas te laisser submerger quand c’était bel et bien ta propre voix – enfin, pas vraiment – qui te martyrisait en quasi permanence et qui t’infligeait autant de souffrance. C’était notamment pour ça que personne, à part toi, ne pouvait te détester autant que tu détestais déjà. Ta propre haine de toi-même était envenimée par cette voix qui était la tienne et sur laquelle tu n’avais, bien évidemment, aucun contrôle.

Avais-tu un jour eu un contrôle sur qui tu étais ? Tu avais un gros doute sur ça. Les autres avaient toujours eu plus d’impact sur toi-même que tu ne pouvais en avoir vraiment sur toi. Preuve en était que tu t’étais levé pour t’habiller, mais plus parce que tu ne voulais pas rester nu devant quelqu’un qui pouvait en être potentiellement gêné. Toi ? Tu avais l’habitude de parfois rester nu pendant des heures, parce que tu t’en fichais un peu, quand tu étais seul. Tu étais toujours plus impacté par les autres, par leurs douleurs, leurs souffrances que tu ne l’étais pas tes propres souffrances. Bien sûr, les tiennes étaient plus virulentes sur comment tu réfléchissais mais elles n’étaient pas motrice de toutes tes actions, d’une certaine façon. Tu connaissais la complexité de la douleur et de tout ce qu’elle pouvait extérioriser d’une certaine manière mais parfois, tu espérais ne jamais la sentir, ne jamais avoir à la connaître et pourtant… Tu n’avais d’autre choix que de vivre avec elle avec cette permanence qui t’était donnée sans que tu la veuilles. Tu regrettais d’avoir un jour eu à te défendre parce que si tu ne l’avais pas fait, certes, tu serais mort, mais tu ne vivrais pas avec cette force brute qui te rongeait chaque parcelle d’âme. Une âme que tu savais ne pas être totalement la tienne. Tu savais, sans mal, que tu partageais ton âme avec bien d’autres qui influaient différemment sur ton comportement. C’était à toi de faire en sorte que tout soit curieusement équilibré, et tu devais l’avouer : tu ne t’en sortais pas forcément bien. Non, c’était sûr. Tu te fichais, même, de dévoiler ce détail à Arod, et ça, tu savais, ce manque de prudence, c’était lié à l’enveloppe que tu utilisais depuis bien longtemps maintenant. Tu étais gangréné par cette enveloppe que tu aimais malgré tout et que tu avais appris à côtoyer et à dompter, parfois. Toutefois, tu relevas les yeux vers le sorceleur à ses paroles, tes pupilles se posant sur lui alors que tes oreilles s’étaient largement ouvertes pour pouvoir comprendre la profondeur de ses paroles et les mots qui s’en échappaient, auxquels tu essayas de répondre, du mieux que tu pouvais. « C’est possible… Mais je me sens tout comme, d’une certaine manière. Qu’est-ce qui me prouve que ce que je dis c’est moi et pas une des apparences que je possède ? C’est complexe, comme tu dis mais c’est… comment dire… C’est perturbant, je pense. Et c’est peut-être pour ça que les gens ne peuvent pas accepter les monstres comme ils sont. » Tu pris une petite pause pour souffler légèrement. Tu avais beau avoir un débit important de paroles, tu n’étais pas en état de pouvoir en débiter autant que d’habitude, pas avec les restes de sanglot et d’angoisse qui obstruaient ton œsophage. « Si c’est aussi compliqué et difficile à vivre pour nous, aussi perturbant pour nous... Comment ça doit être pour des humains normaux d’essayer de nous comprendre ? Pour les sorceleurs, c’est pas pareil, j’imagine. Ils nous connaissent, biologiquement, ils nous connaissent bien, d’une certaine manière. Mais les humains qui ne savent pas tout ça ? ça doit être dur. » Tu demandais, très sérieusement. Après tout, tu avais constaté, à plusieurs reprises, à quel point tu te questionnais sur ta propre condition de changelin et à quel point c’était parfois difficile de différencier une âme d’une autre, de comprendre une âme et d’être capable de dire laquelle était laquelle. Il était difficile pour toi de te comprendre toi-même jusqu’à la racine de ton être, alors tu ne pouvais qu’à peine imaginer à quel point ça devait être difficile pour les autres races, notamment les humains qui avaient, techniquement, la banalité la plus propre en terme d’âmes. Il n’en avait plusieurs, normalement. Mais peut-être était-ce ton esprit étroit qui conceptualisait cela et que ce n’était pas si vrai. Mais à ton sens, les humains pouvaient avoir des travers, des problèmes et étaient particulièrement complexes à leur manière, mais ils n’avaient pas le fardeau que vous aviez, vous les monstres, à vivre longtemps, bien plus longtemps, et à avoir des capacités qu’ils ne pouvaient qu’à peine concevoir. Quant à ta douleur, à ton mal-être, oui, il était plus simple pour toi de souhaiter un blême tout simplement parce que tu pouvais concevoir un échappatoire avec cela, une issue quand pourtant, dans ton cas, c’était particulièrement faux. Il n’y avait pas d’échappatoire, il n’y avait d’issue à moins que tu te pardonnes et les torts étaient déjà bien trop ancrés dans ta tête pour que tu réussisses un jour à véritablement te pardonner au point qu’il ne resterait plus rien des cendres de ton empire de culpabilité. Un empire qui réagissait à ton environnement, à ta solitude ou à la présence d’autrui à tes côtés, à ce que tu faisais ou à ce que tu pensais, comme un château de cartes, un effet papillon. Un blême serait juste un monstre à retirer, et le problème s’envolerait avec l’intervention d’un tiers. Personne ne pouvait rien pour toi. Même Lelio et tous les bienfaits de sa présence, il ne pouvait rien faire. Arod non plus, malgré toute sa bonne foi. Et tes amis humains ? Ils ne pouvaient rien faire non plus, il n’y avait rien à faire. Tu étais perdu dans un océan de mal-être que tu camouflais comme un caméléon et que tu conservais comme un trésor que personne ne devait voir sous peine d’être aspiré dans des ténèbres qui n’étaient pas les leurs. « Ce sont des saloperies, peut-être, mais… Ce sont eux le problème, et une fois retiré… Il y a quelque chose que je n’aurai jamais, tu sais, et… Ouais, aussi curieux que ça paraisse, j’aurai préféré avoir ce blême. » Tes paroles étaient pleines du sens moral discutable que tu pouvais parfois avoir et qui était celui de Quessis plus que le tien, au fond, sur certains points. Tu partageais bien des choses avec lui, malgré l’envie que tu pouvais avoir de distancer le plus possible de lui. Mais c’était ainsi : tu partageais son corps et tu partageais sa tête, d’auparavant. Une cohabitation difficile, et ouais… tu aurais préféré un blême. Cela aurait rendu les choses tellement plus simples, sur le long terme, plus vivables. Mais ce n’était pas le cas, alors, il n’y avait rien à faire, rien de plus à espérer, rien de plus à voir. Tu savais qu’il n’y avait pas de blême en toi, qu’il n’y avait rien de plus que ta propre haine, ta propre culpabilité et une voix qui utilisait toutes les armes qu’elle avait pour t’asséner les plus grands coups en sa possession.

Et c’était difficile de ne pas penser à tout ça quand la discussion tourna autour de l’art que tu pouvais produire, si tenté que tu puisses qualifier tout ça d’artistique. Tu n’étais pas vraiment un artiste et tu ne souhaitais pas vraiment en être un, tu n’avais pas vocation à le devenir en tout cas. Après tout, tes œuvres étaient parfois cathartiques, elles étaient le reflet de qui tu étais, à l’intérieur comme à l’extérieur, de ce que tu montrais et de ce que tu cachais, quand bien même ceux qui les voyait ne le savait pas forcément, et c’était mieux. Tu préférais garder tout ceci cacher, à l’abri des regards, et tu ne dévoilais que très rarement tes œuvres aux yeux des autres, probablement parce que tu ne les aimais pas, parce qu’elles ne méritaient pas d’être vues. Elles étaient ta production, et tu savais que tu n’étais pas bon pour faire quoi que ce soit de tes doigts, à part jouer de la musique, et encore… Tu te trouvais toujours passablement médiocre par rapport à tous les artistes que tu côtoyais en te baladant dans les rues de Novigrad. Tu n’étais pas bon, tu n’étais pas mauvais, tu étais à peine dans la moyenne mais au fond… ça te convenait, tu ne voulais pas être une vedette dans tout Novigrad et ou du Nord, c’était trop d’honneur que tu ne méritais pas et trop d’attention pour que tu ne finisses pas avec une crise cardiaque ou une crise de terreur, tu le savais. Toutefois, le sorceleur avait raison : il n’y avait pas besoin de figuration pour qu’une toile soit belle. Preuve en était que tu aimais énormément les œuvres sans réelles figurations, qui n’étaient que des tissus de couleur et des tâches sans formes définies et sur lesquelles flottaient un fond d’harmonie curieuse. Et le sorceleur avait raison, encore une fois : l’art convoyait des émotions, qu’importe lesquelles, qu’elles soient négatives ou positives, c’était une des raisons pour laquelle les artistes prenaient le pinceau ou le burin. « C’est vrai, oui, c’est un des buts, en plus d’être purement décoratif, selon certains collectionneurs. Enfin, du moins, c’est ce que j’ai entendu en parlant un peu avec eux. » Tu soufflais. Après tout, tu avais eu l’occasion de parler avec quelques artistes Novigradiens, dont certains qui maniaient le burin avec une force que tu ne pouvais qu’à peine concevoir et un génie que tu jalousais en secret. Car, si tu étais capable de manier le pinceau, tu n’étais pourtant pas capable de manier un autre instrument plus physique. Probablement parce que tu n’avais pas la force nécessaire, c’était une possibilité que tu n’excluais nullement. Et puis, le pinceau, c’était délicat, c’était doux, ça te correspondait bien, tu trouvais, d’une certaine manière, alors tu préférais cela. Et peut-être qu’Arod était le moins bien placé pour parler d’art selon ses mots par rapport à Adam, mais il avait quand même de la légitimité à en parler, tout le monde en avait lorsqu’il était question d’art. « Je serais heureux qu’on en parle ensemble avec Adam, oui. Mais… Tu en parles bien aussi, tu sais. Y’a personne qui en parle mal, j’imagine, tout ets une question de ressenti ! » Tu répondis en haussant doucement les épaules. Après tout, l’art devait être disponible à tous, d’une certaine manière. C’était comme ça que tu le voyais, du moins. Tu voulais que tout le monde puisse ressentir quelque chose en voyant l’art, en voyant des volutes de couleurs ou des paysages fantasmés par des imaginaires qui fourmillaient bien plus que le tien et qui étaient possibles de composer des toiles sur des bases imaginaires et des compositions voluptueuses. Tout était une question de goût et de ressenti, à tes yeux, mais tu aimais à savoir qu’une œuvre pouvait faire ressentir quelque chose à quelqu’un. Ca donnait une toute nouvelle perspective aux choses, de nouveaux horizons. Tu allais, d’ailleurs, pour répondre au vampire quand il se leva pour rejoindre tes placards et la légère gêne bloqua quelque peu ta parole. Tu avais un peu faim, oui, mais tu savais aussi qu’il n’y avait pas grand-chose d’intéressant dans tes placards. Tu te décidas à te lever, alors, t’appuyant sur le rebord de ce qui ressemblait à un divan pour te lever, mais au lieu de rejoindre l’homme, tu décidas de ranger ce que tu avais mis en bazar dans ta crise paranoïde plus tôt. Le désordre ne te gênait pas, bien au contraire, mais c’était différent quand il s’agissait de quelque chose qui était la résultante d’une de tes crises. Tu sursautas doucement en entendant à nouveau la voix d’Arod alors que tu tenais tes pots de peinture entre tes bras. « Je… Pourquoi pas. Si tu trouves quelque chose à préparer avec ce qu’il y a dans mes placards… » Soit … Pas grand-chose. Parce que tu ne mangeais déjà pas beaucoup – ce qui se voyait, tu n’avais pas la peau sur les os non plus mais tu n’étais pas bien épais – et parce que tu chassais au jour le jour aussi pour avoir de la nourriture. C’était quelque chose qui avait tendance à inquiéter tes proches, le fait que tu ne mangeais que peu, mais… Bon, tu avais toujours plus ou moins vécu du minimum sauf pendant quelques années, alors reprendre un rythme d’abondance, tu avais énormément de mal. « Désolé d’ailleurs.. J’achète pas grand-chose en nourriture vu que… Bah je suis pas toujours là et.. Je mange pas beaucoup en général, et … Bref, désolé, j’ai pas grand chose. » Tu soupiras en passant une main dans tes cheveux de jais avant d’aller ranger tes pots de peinture là où ils devraient être normalement. Tu fis la même chose avec les toiles vierges et celles abimées, dont tu t’occuperais bien évidemment plus tard. Tu n’avais pas forcément le cœur à t’en séparer de suite et à t’en occuper. Alors tu préféras l’option de revenir dans les environs d’Arod, tes doigts tirant nerveusement sur les pans de ton pull. « Euhm… Je peux faire quelque chose pour t’aider ? » Tu n’étais pas bien doué, c’était vrai, mais tu pouvais au moins… essayer ?

Nuage P. de Spalla
Revenir en haut Aller en bas
Adam Ulver Isenhart
What is truth if not an illusion?
Adam Ulver Isenhart
Race Race : Vampire supérieur
Habite à Habite à : Novigrad
Couronnes Couronnes : 31166
Messages Messages : 87
Quelque chose à ajouter Quelque chose à ajouter : Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart - Page 3 200w.webp?cid=790b76115cc330804d35424249d106bc&rid=200w
What is truth if not an illusion?
Jeu 21 Mai - 19:32
Kissing death and losing my breath Even if it hurts. Even if it makes me bleed
I'm gonna carry you, pushing through with the dirt on my sleeves.
Even if it hurts. Even if it's razor deep
I'm not giving up, not gonna run
I'll be there when you need me. Even if it hurts
I've got no regret cause if I could Id do it over again
How long will it take for you to lean on me ?
Time to let it go, so you can finally breathe
Slow, slow ( Sam Tinnesz → Even if it hurts )
Le temps était pour toi un concept particulièrement flou. Tu parcourrais cette terre depuis déjà tant d’années qu’il était difficile de les énumérer, de leur donner une substance, un sens. C’était d’autant plus complexe quand tu n’avais pas été totalement présent durant une bonne partie de ces années. Comment alors déterminer avec exactitude le temps que tu avais passé à tel ou tel endroit et dans quel état ? Comment déterminer le nombre de vies que tu avais rencontré et le nombre d’entre elles que tu avais vécu ? Comment déterminer même une chose aussi basique et triviale que ton âge propre ? Tu étais en mesure de le connaitre parce qu’on t’avait donné ta date de naissance et parce que tu savais en quelle année vous étiez mais même ton âge était une chose si intangible et irréelle tant il ne semblait pas t’appartenir. Après tout, ce millénaire, tu ne l’avais pas vécu, pas dans son intégralité, pas de ton plein gré. Tu étais peut-être vieux, mais tu n’avais qu’à peine vécu tant tu n’avais fait qu’errer sans but ni conscience, sans envie ni vocation. Tu n’avais été qu’un spectre ni mort, ni totalement vivant, ni toi-même ni totalement un autre.  Alors tu étais peut-être un vieux vampire, mais tu étais surtout un vampire qui commençait tout juste à envisager une existence. Peut-être trop tard, peut-être les prémices de cette considération balbutiante et encore semi-consciente n’était qu’une impression parfaitement vaine. Peut-être que cela ne menait nulle part et que tu te réveillerais demain matin dépourvu de ce sentiment nouveau pour replonger encore dans l’apathie d’une existence parfaitement vide, parfaitement spectrale. Mais ce soir, et ce soir seulement, tu n’y pensais plus, tu ne voulais plus y penser, tu ne voulais pas être le centre de cette préoccupation égoïste. Ce soir, tu avais un dessein, peut-être pas bien grand, mais un dessein tout de même et cela suffisait pour l’instant à te dire que ce n’était pas fini, que ce n’était peut-être qu’un début, que tu verrais le jour se lever. Et c’était déjà cela, c’était déjà beaucoup. C’était déjà plus que ce que tu avais connu depuis sa mort.

Tu ne te demanderais donc pas s’il était trop tard pour une carcasse comme la tienne ce soir, ni toi ni Arod. En revanche, si tu ignorer la finalité de ton existence, tu étais convaincu tout comme le sorceleur que celle du jeune doppler n’était ni fini ni parfaitement futile. Ne serait-ce égoïstement par le souffle de vie qu’il t’avait rendu d’une certaine manière ce soir, l’envie d’un lendemain, l’admiration d’une jeunesse brisée mais que tu voulais tout de même voir pleine d’espoir. Une vie qui n’était pas fini et que tu aimerais voir se prolonger pour devenir quelque chose de beau et d’épanouissant. Ce jeune homme t’avait fait entrevoir une pureté d’âme que tu n’avais jamais contemplé de toute ton existence ainsi d’une fragilité si belle et cruelle que tu voulais la protéger, que tu voulais envelopper cette petite sculpture d’un cristal délicat de tes ailes de chauve-souris pour que rien de vienne ne serait-ce que l’érafler. Sa vie était bien plus riche et prometteuse qu’il voulait bien le montrer, tu en étais certain, ne serait-ce que par l’influence bénéfique et flagrante qu’il pouvait avoir autour de lui, influence dont tu étais la victime ou le bénéficiaire. Vivre pour les autres n’était pas un but en soi, ni épanouissant ni pérenne, mais il devait y avoir quelque chose que tu pouvais, que d’autre pouvait bien lui apporter. Il devait y avoir quelque chose et tu trouverais ce que c’était. Non mais tu l’entends ce demeuré fini ? Pas foutu de se préserver lui-même sans nous, il voudrait préserver quelqu’un d’autre ? Comme si les premières fois n’avaient pas été des échecs pathétiques. Arod ignora la voix de Darius qui tirait de plus en plus sur ses muscles pour faire valoir sa présence. Il était particulièrement excité à l’idée de briser la naïveté de ce jeune être mais le sorceleur était bien décidé à le retenir, aussi longtemps qu’il le faudrait et sans lui donner la satisfaction d’une réponse. Adam et toi vous êtes les mêmes. Minables et pathétiques loques qui espéraient trouver un sens à votre vie dans celle des autres. Ce gamin en vaux pas la peine. Laisse-moi donc vous en débarrasser. Ça n’en sera que plus simple. Pas besoin de nous encombrer avec ça. Il continua de l’ignorer, faisant abstraction de ses paroles et de la rage qui montait en lui en les entendant malgré lui. Il continuait à regarder le jeune homme avec bienveillance repoussant en bloque l’influence méphitique de ce vampire maniaque.

Mais toi, toi tu n’arrivais pas à les occulter ses paroles et elles ébranlaient chacune des certitudes que tu venais péniblement d’acquérir, chaque bribe de courage que tu avais gagné pour la défense de ce jeune garçon. Ouai, tu étais pathétique, branlant, plein de fêlures au sein desquels il était simple de se glisser. Darius avait peut-être raison, peut-être que tu n’arrivais absolument à rien, peut-être que tu ferais plus de mal que de bien à ce gamin, peut-être qu’il s’en sortirait bien mieux sans toi et toi sans lui, peut-être qu’il valait mieux que tu t’éloignes tant qu’il en était encore tant, que les attaches n’étaient pas encore aussi profondément encré que rien ne pourrait les en déloger. Pff… Crétin, c’était déjà trop tard. Bien trop tard et même si toi tu ne sentais pas encore la profondeur incisive de ses attaches, Arod en avait déjà parfaitement conscience. C’était trop tard, rien ne pourrait l’en défaire, rien ne pourrait t’en défaire.

Le discours de Darius pouvait tout aussi bien t’être attribué après tout. Tu ne valais pas la peine que l’on se fatigue à essayer de te connaitre, tu ne valais pas la peine que l’on se fatigue à essayer de t’aimer, de te sauver. Et pourtant, Amélia l’avait fait alors que rien ne l’y forçait, alors que tu t’évertuais toi-même à la repousser. Elle t’avait sauvé, elle te voulait dans sa vie envers et contre tout et ce malgré le dégout que tu pouvais te porter, ce malgré le fait que personne ne pouvait te porter le moindre intérêt selon toi, et ce malgré le fait que tu ne le méritais pas. Alors si quelqu’un t’avait donné cette chance, si quelqu’un c’était donné la peine d’essayer de te connaitre et de t’aimer, tu ne pouvais pas refuser le même intérêt à un autre. Tu ne le pouvais pas. Et encore moins envers un être qui semblait se porter le même dégout que toi, encore moins envers un être qui se faisait un tel mal pour expier une corruption dont il n’était pas le fautif. Tu te retrouvais dans ce gamin, de manière bien trop évidente pour que tu t’en détourne et ce simple fait prouvait d’une certaine manière qu’il restait un espoir pour toi, pour que tu finisses par t’accepter peut-être un jour. Un espoir que tu puisses t’accorder les mêmes raisonnements que ceux que tu avais envers Nuage. Hm… Ce gamin était décidément ton espoir, ton échappatoire d’une certaine manière. Alors c’était trop tard pour écouter Darius, trop tard pour le laisser abandonner avant même d’avoir commencé.

Mais il demeurait une épée de Damoclès au-dessus de ton crâne et tu ne pouvais décemment pas dénigrer son importance. Il était d’autant plus une menace que Nuage nourrissait son envie de sortir par ses paroles. Il voulait le rencontrer… Mais à quel prix pour lui ou pour toi-même ? C’était une mauvaise idée à bien des égards et même si ce moment finirait surement fatalement par arriver, ni toi ni Arod ne voulait l’imaginer parce qu’aucune issue ne pouvait être positive. Tu aurais voulu parfois avoir le même espoir que celui de Nuage à l’encontre de cette créature. Tu aurais voulu croire qu’il y avait plus que de la simple violence, primaire et cruelle. Mais tu avais vécu trop longtemps avec lui pour voir autre chose. Et quand bien même, tu étais peut-être tout simplement aveuglé par le ressentiment que tu nourrissais face à ces exactions pour chercher plus loin. Un regard extérieur, dans la mesure où il ne se retrouverait pas crevé par les griffes de Darius, aurait peut-être plus de chances de voir autre chose… Tu avais d’ailleurs vaguement conscience d’une personne dans la vie du chasseur, quelqu’un qu’il ne s’était pas contenté de tuer, mais tu n’en savais pas plus. Ni son identité, ni sa nature, ni son penchant pour les passetemps du vampire. Peut-être une piste pour voir plus, peut-être un coup d’épée dans l’eau. Tu n’en savais rien et au fond, tu n’arrivais pas à t’y intéresser. Il avait bien trop détruit, avait rependu bien trop de ruine autour de toi pour que tu lui accordes le bénéfice du doute. Pour lui, c’était trop tard.

Arod soupira très légèrement avant d’étirer ses lèvres en un triste sourire en coin. « Ça arrivera peut-être un jour… Mais le plus tard sera le mieux. » Assurément, et jamais était une option tout aussi acceptable. D’autant plus que le jeune homme avait déjà bien trop d’ennui à gérer pour avoir en plus un sadique tu le dos. Arod continuait à essayer de le rassurer tant bien que mal, à tenter de nuancer la fatalité de vos situations. Mais Nuage avait raison, tu étais au final mieux loti sans doute et il était plus facile sans doute de surmonter les pensées débilitantes quand elles ne sont pas prononcées avec sa propre voix, comme si elles venaient de soi, comme si la détestation et la ruine venaient de l’intérieur et d’un désir purement sien d’autodestruction. C’était une situation difficile à appréhender, difficile à surmonter. Arod l’avait bien compris mais hormis lui apporter son soutien, ses conseils peut-être creux et vain et un semblant d’optimisme pour traverser ce brouillard empoisonné, il ne pouvait rien faire d’autre. Il ne pouvait pas aller parasiter l’esprit du jeune homme comme il le faisait avec le tien pour y dégainer son épée d’argent et chasser sa voix comme on chasse un monstre pour le déloger, le tirer de toutes ses forces comme on tire sur un ver qui gangrène une pomme jusqu’au trognon. Impossible…

Il voulait aussi lui poser des questions, lui demander les circonstances de l’accident qui avait mené à cette torture psychologique et perpétuelle. Ainsi il pourrait peut-être trouver des explications, trouver des arguments pour soulager la culpabilité de Nuage. Il avait envie de creuser, d’essayer mais il avait déjà suffisamment remué de chose et il sentait bien que le jeune homme voulait sans doute avant tout se calmer. Alors il laissa ses questions en suspens, il laissa ses espoirs de soulager sa culpabilité de côté pour l’instant et tout ce qu’il pouvait faire au moment présent, c’était tenter de le réconforter… « J’comprend p’tit. Faut une sacrée force pour y arriver. Mais tu réalises p’tet pas celle dont tu as fait preuve jusqu’à maintenant. T’es plus costaud que tu l’cois p’tit ! » Il en était convaincu mais il fallait encore que Nuage s’en persuade. Parce que l’auto-persuasion était puissante. Bien plus qu’on l’imagine. Les mauvaises pensées comme les bonnes ont autant d’influence que les mots que l’on reçoit des autres si ce n’est plus. Tu le savais d’une certaine manière qu’à force de te dire que tu étais une sombre merde, tu en devenais une. Tu le savais que le travail était difficile pour parvenir à te persuader du contraire et le travail était encore plus long pour arriver à te le dire, pour le concrétiser en une parole. Tu le savais et tu savais aussi que ce n’était pas gagner pour Nuage. Mais Arod avait espoir, alors tu en aurais aussi. Peut-être qu’un jour ses pensées auraient autant, voir plus d’importance que celles de cette voix dans sa tête. Peut-être qu’un jour il arriverait à voir suffisamment de positif en lui pour contrebalancer l’influence néfaste de sa propre détestation. Peut-être… Et vous alliez l’aider en ce sens. Et comme l’avait fait Arod, ça commençait par essayer de lui faire comprendre qu’il était plus fort qu’il voulait bien le croire et qu’il pouvait avoir autant d’influence sur sa vie que le parasite de son esprit. Voilà que c’était peut-être vous qui étiez naïf maintenant. Mais vous vouliez y croire.

Cela dit, ce que Nuage lui répondait n’était pas dénué de sens et il se retrouvait tristement à se dire qu’il n’avait pas tort. Il était surement difficile pour un doppler de déterminer sa propre identité au milieu de toute celle qu’il pouvait revêtir. Et alors, comment savoir quelles pensées sont exactement les siennes. Sa situation semblait inextricable en bien des points mais le vieux sorceleur occulta ce doute ne voulant laisser la place au défaitisme. « Les gens ont peur des monstres parce que la différence est difficile à appréhender, parce qu’il est difficile de s’identifier à la différence, à des êtres qui survivront quand les hommes ne seront plus qu’un souvenir, à des êtres capables de voler et d’ébranler les montagnes quand ils sont condamnés à ramper éternellement au sol et à suer sang et eau pour atteindre ce que d’autres peuvent voir en un claquement d’aile, à des êtres capables de prendre bien des formes quand ils doivent vivre avec celle qui leur fut donner à la naissance sans possibilités de s’y soustraire. Peut-être qu’il y a aussi de la jalousie derrière tout ça. Ou bien une peur, une colère dû au faite de ne pas pouvoir rivaliser. Les raisons de la crainte des monstres peuvent être nombreuses et je ne parle même pas d’ceux qui peuvent croquer le fondement du premier manant venu. Quoi qu’il en soit qu’elle soit justifiée ou non, cette peur est difficile à exorciser peut-être qu’absolument aucun humain ne sera capable de passer outre. Quoi qu’il en soit, c’est leur problème et puis si un sorceleur à puis trouver l’amitié d’un vampire, tout n’est peut-être pas perdu… » Il ne répondait pas foncièrement à ses paroles, éludant quelque peu le propos. Tout simplement parce qu’il n’avait pas foncièrement de réponse. En effet, il était difficile dans sa situation de savoir si ses paroles lui appartenaient réellement et qui il était en fin de compte. Mais cette réponse, il était le seul à pouvoir la trouver et… « Quant à savoir si ces paroles t’appartiennent, si elles sont bien le reflet de ta personne, c’est à toi seul de le décider, c’est à toi seul de choisir qui tu veux être. » Et c’était la seule chose qu’il pouvait lui répondre au final. « Les humains ne seraient pas forcément en mesure de comprendre en effet, mais ils ne sont pas dépourvue de tares et ils ont certainement aussi leurs démons. Et encore une fois, tant pis pour ceux qui ne font pas l’effort, si ce n’est de comprendre, mais au moins d’accepter ces foutues différences. » Bien que son ton soit resté parfaitement calme, Arod se laisser peut-être un peu emporter par les discours qu’il avait entendus de la part d’Islène. La vampire avait toujours été partisane d’une certaine acceptation, d’une certaine cohabitation. C’était elle, après tout, qui t’avait convaincue d’aller vivre avec elle aux abords d’un village elfe avant sa mort… Et encore maintenant, elle gardait cette conviction qu’une entente serait possible, un jour. Une conviction qui avait tôt fait de persuader Arod qui avait après tout été l’ami d’un vampire sans plus de crainte ni d’a priori alors que les sorceleurs n’étaient qu’une caste toute juste naissante.  

Mais le problème de Nuage n’était pas tant de l’acceptation des autres que dans celle de sa propre personne. Et il avait peut-être raison, peut-être que tout aurait été plus simple avec un blême. Il aurait trouvé une solution pour le tromper, pour te tenir ignorant de ses méthodes pour que le spectre s’en prenne à toi, être pétrie de culpabilité, banquet à volonté pour sangsue à souffrance. Il n’aurait plus fallu alors que tu réalises ton innocence pour que Nuage soit restitué de la sienne. Tout aurait été bien plus simple en théorie. Tout aurait pu se régler de manière plus ou moins définitive. Seulement ce n’était pas si simple et ouai, malgré tout le mal qu’Arod pouvait penser de ses créatures, malgré sa haine profonde envers leur engeance, Nuage avait peut-être raison. Il n’avait d’ailleurs rien d’autre à ajouter. Au final, peut-être que lui aussi aurait préféré que ce soit ça. Quelque chose qu’il comprenait, quelque chose contre lequel il n’aurait pas forcément été impuissant. Mais il était inutile de remuer encore le couteau dans la plaie. Le vieux sorceleur voulait faire savoir à Nuage qu’il comprenait dans une certaine mesure la situation et la souffrance du jeune homme pour en avoir été témoin dans son enfance. Il voulait simplement qu’il sache qu’il ne le jugerait pas et qu’il serait là pour lui, comme il aurait voulu l’être pour son frère.

Mais il voulait aussi qu’il sache qu’il pouvait aussi oublier ses angoisses et ses tourments, qu’il pouvait parler de tout et de rien sans que le sorceleur ou toi-même ne s’en lasse ou ne s’en offusque. Alors il changea de sujet. Pour évacuer l’angoisse du jeune homme, pour détourner l’attention de son fardeau. La peinture était un sujet comme un autre, mais surtout un sujet qui semblait l’intéresser dans la mesure où il s’y essayait. Tu aurais été meilleur interlocuteur dans cette situation mais Arod se pliait volontiers au jeu si cela pouvait lui faire oublier l’espace d’un instant ses afflictions.  Il sourit d’ailleurs aux paroles du jeune doppler. « Ah ! Si j’arrive à aligner trois mots à c’sujet c’est à cause d’Adam. C’est bien la seule chose qui arrive encore à lui rendre une âme de poète à ce bougre… » Et voilà qu’il était médisant envers toi. « Moi je sais à la limite sculpter un peu le bois, c’est à peu près tout et ça reste basique ! Enfin… ça lui f’ra plaisir, c’sur ! »

Mais si la peinture, ce n’était pas ton rayon et que la sculpture n’était qu’une manière d’embellir un minimum ton travail, la cuisine, ça c’était ton domaine et c’était davantage un art que tes bas-reliefs sur buffet en bois ! Et Nuage était d’accord. À la bonne heure ! Un esprit sain dans un corps sain comme on dit et cela passe par un bon repas. Et si quelqu’un en avait bien besoin c’était Nuage. Non pas qu’un repas résoudrait tous ses problèmes, mais cela aurait au moins le mérite de le réconforter un peu. Du moins c’est ce qu’Arod espérait, c’est ce dont il était convaincu même ! La bonne bouffe, à défaut de résoudre toute les problèmes, mettait du baume au cœur et aidait à les alléger, c’était en tout cas sa philosophie à lui ! Plus basique que celle de Phinéas, peut-être, mais une philosophie tout de même ! De mémoire de sorceleur, il était rare de rencontrer un homme de sa profession qui soit un parfait cordon bleu, et pourtant ! Bien manger c’était essentiel dans leur besogne et malgré cela les chasseurs de monstres se contentaient souvent de maigre pitance faite avec les moyens du bord et les chasses occasionnelles. Un comble ! Il s’était toujours donné comme principe de bien manger pour conserver et restaurer ses forces ! La moindre des choses ! C’était d’ailleurs bien difficile pour lui de constater la manière que tu avais de t’alimenter, de constater le nombre de jours que tu pouvais passer sans manger par simple oubli ou par manque de conviction. Alors ce soir, il allait rattraper cette infamie à supposer qu’il ait de quoi faire quelque chose de bon. Parce que les paroles de Nuage ne l’avaient pas rassuré. Dans le pire des cas et quand bien même il n’aimait pas l’idée de s’absenter, il ferait un aller-retour expresse chez toi pour chercher de quoi faire. Fort heureusement, après avoir eu l’assentiment de Nuage il trouva quelque denrée dans les placards. Pas grand choses, en effet, mais de quoi concocter quelque chose de parfaitement improviser. Quelque pomme de terre, un sac de fèves et de pois séchés, des champignons séchés également, un petit sac de farine, des herbes aromatiques et quelques pommes ! Rien dont le résultat serait digne de figurer à la table de cette pompeunissime duchesse de Toussaint mais bien assez pour faire quelque chose de nourrissant. Arod se promit cela dit d’aller faire quelques courses pour le gamin dès le lendemain pour remplacer ce qu’il venait de prendre et plus encore pour qu’il est un peu de réserve avec des aliments non périssables. Parce qu’encore une fois, la nourriture, c’est la vie bons dieux ! « T’excuses pas p’tit ! Mais tu dois manger et manger des choses solides qui tiennent au corps. C’est essentiel pour être en forme ! Et si jamais il te manque un truc, not’ porte est juste à côté ! L’oubli pas ! » Il passait volontairement sous silence le ravitaillement qu’il lui apporterait le lendemain, devinant aisément, vu la personnalité du gamin, qu’il refuserait de peur de déranger ou que savait-il encore. Dans tous les cas, aucun argument susceptible de lui faire changer d’avis ! La nourriture pardi !

Alors qu’il observait ses trouvailles en se demandant quoi faire, il reporta son regard sur le jeune homme à sa question. « Hm… Voyons voir… Tu peux m’aider à couper les patates si tu veux ! » Répondit-il en lui tendant un couteau qu’il devinait émoussé mais suffisamment tranchant pour faire un sort à ces féculents. De son côté il mit les légumineuses à tremper dans un peu d’eau le temps de couper les champignons et les pommes de terre. Une fois le tout en morceaux, il les glissa dans une marmite avec les fèves et les pois ainsi qu’un peu d’eau. Le tout n’avait alors plus qu’à cuire doucement avec un peu de thym, de laurier et de sauge. Au fur et à mesure de la préparation, le sorceleur se mit doucement à siffler inconsciemment comme c’était son habitude en cuisinant. Il n’était clairement pas un bon chanteur, ça non, mais il aimait siffloter des aires et la cuisine était le moment idéal pour, tant qu’il se contenait et ne faisait subir l’outrage de sa voix au jeune homme. Enfin, cela c’était jusqu’à ce que les paroles de la ballade d’un barde bien connu franchissent ses lèvres sifflotant et qu’il se mette à demander que l’on jette un sous à des sorceleurs… Réalisant qu’il s’était emportait, il se racla la gorge avant de humer, quelque peu gêné mais faignant de gérer parfaitement la situation et il finit par tendre une pomme à Nuage pour faire oublier son dérapage musical. Il avait trouvé quelque sucrerie dans un coin de placard et il avait subitement envie de tester quelque chose. « T’peux me l’éplucher et enlever le trognon ? » Il fit de même avec une autre pomme et une fois fait, il disposa quelque caramel à la place des trognons et disposa les fruits dans un plat qu’il mit au-dessus de l’âtre en prévision d’un dessert. Revenant au plat, il remua légèrement la préparation avant d’y ajouter un tout petit peu de farine pour épaissir la sauce. Quelque mouvement de louche supplémentaire et c’était près ! Il ne savait pas si le tout allait être très bon, ce n’était de toute manière pas de la haute gastronomie mais il était plutôt satisfait du résultat. Des poings sur les hanches, il regardait fièrement leur œuvre avant de tourner son regard vers Nuage le torse bombé. « T’vois, avec pas grand-chose, on peut toujours faire un repas digne de ce nom ! Et bien manger c’est l’assurance d’être en forme et d’avoir plus de force pour surmonter tous les trucs qui peuvent nous tomber au coup de la gueule ! Pas vrai ? Allez, à table ! » Lança-t-il en s’emparant glorieusement d’une fourchette.

Ni toi ni Arod ne pouviez savoir si votre rencontre avec nuage était de bon augure que ce soit pour lui ou pour toi et tes autres. Aucun de vous deux ne pouviez prédire si le fait que tu sois entré dans sa vie était une bonne chose. Mais vous ne vouliez pas gâcher cette opportunité de faire les choses bien, de donner un sens à ton existence et par extension à celle d’Arod. Surtout après ce que vous aviez vu ce soir, vous vouliez servir à quelque chose, apporter un peu de soutien dans la vie de ce jeune homme qui le méritait amplement selon vous. Et si cela passait par le fait de passer un bon repas avec lui, en vous éloignant du fracas des sanglots et de la souffrance l’espace d’une soirée, et bien c’était déjà cela, c’était déjà plus que tu n’aurais jamais espéré. Cela voulait dire bien plus que tout ce que tu avais pu faire jusque-là.
:copyright:️ 2981 12289 0
Adam Ulver Isenhart
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut Page 3 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3
Sauter vers: