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Kissing death and losing my breath ≠ ft. Adam Ulver Isenhart
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Adam Ulver Isenhart
What is truth if not an illusion?
Adam Ulver Isenhart
Race Race : Vampire supérieur
Habite à Habite à : Novigrad
Couronnes Couronnes : 31331
Messages Messages : 87
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What is truth if not an illusion?
Lun 7 Oct - 3:43
Kissing death and losing my breath Even if it hurts. Even if it makes me bleed
I'm gonna carry you, pushing through with the dirt on my sleeves.
Even if it hurts. Even if it's razor deep
I'm not giving up, not gonna run
I'll be there when you need me. Even if it hurts
I've got no regret cause if I could Id do it over again
How long will it take for you to lean on me ?
Time to let it go, so you can finally breathe
Slow, slow ( Sam Tinnesz → Even if it hurts )
Le goutte-à-goutte du sang ruisselant sur les murs pour s’écraser sur les gravas ne parvenait pas à tes oreilles. L’odeur des corps qui approchaient de la putréfaction, tu ne l’as sentait même plus alors que le silence avait pris possession des lieux. Le silence, le chant de la mort, rien absolument rien n’arrivait à le briser. Même les animaux restaient à l’écart de ce village, de ta silhouette recroquevillait dans les débris. Tu étais le seul être dont le cœur battait encore, ceux des autres, tu t’étais chargé de les arrêter, les écraser dans les serres dans ta rage. Femme, enfant, vieillard, tu t’étais vengé sur tous les elfes qui passaient sous tes griffes, quand bien même ils étaient innocents… Car le véritable fautif de sa mort, c’était toi et celui qui avait porté le coup de grâce t’était bien supérieur et lâche comme tu l’étais, tu ne parvins pas à te venger de ce doyen. Alors c’est ce village qui fit les frais de ta rage et de ta tristesse avant que le cruel silence ne s’abatte sur ton corps inerte. Le silence qui brisait ton cœur, transperçait tes os, lacéré tes entrailles, le silence que sa voix ne briserait plus jamais… Jusqu’à ce qu’elle réapparaisse pour te redonner vie. Islène était revenue pour te soulever, t’obliger à marcher, pour faire battre ton corps à nouveau. Chacun de tes autres t’était bénéfique à leur façon, certain de manière plus évidente que d’autres, mais ils n’étaient là que pour te permettre de continuer à avancer là où celui de Nuage semblait vouloir le mettre à terre, comme un blême, un parasite. Tu ne pouvais pas nier qu’ils étaient envahissants, suffocants mais ne plus les avoir signifiait sombrer à nouveau dans le néant du silence accablant et de la solitude mortifère. Car les êtres bien réels ne restaient jamais, ils étaient éphémères alors que tes voix perdureraient tant que ton cœur n’aura pas cessé de battre. Tu les avais haïs, autant que tu pouvais te haïr toi-même, mais paradoxalement, tu n’avais jamais voulu t’en débarrasser, pas même Darius, tu n’avais jamais voulu être seul à nouveau car toi-même, tu étais bien vide sans eux, une coquille creuse sans rien pour combler les manques de ta personne morcelée et lacunaire. Alors tu y tenais, à tes chers parasites, tu y tenais, là où Nuage ne souhaitait que vouloir s’en débarrasser.

Tu ne voulais pas qu’ils te quittent. Non, ce que tu avais souhaité, c’était mourir pour que vous disparaissiez ensemble, parce que ton existence n’avait aucun sens, parce que tu n’existais qu’à peine, parce que tes autres n’étaient bénéfiques que pour toi et pour personne d’autre, parce que Darius était un fléau que tu ne pouvais contenir, parce que tout ce que tu avais toujours fait c’était le mal autour de toi, parce que tu ne méritais pas de vivre quand elle était morte… Sauf qu’elle était morte pour toi, alors tu t’étais résigné à continuer, à faire semblant encore quelques siècles jusqu’à ce que quelqu’un mette enfin terme à ton errance sans que l’on puisse te le reprocher ou jusqu’à ce que tu trouves finalement une raison valable de vivre, une manière d’accepter, de dompter ce que tu étais, de faire avec… Une tâche qui semblait tout aussi ardue pour je jeune homme. Si toi tu n’avais jamais réellement cherché à te faire du mal pour le simple fait de le faire, préférant les essais plus radicaux, plus définitifs, tu pouvais tenter de comprendre cette recherche d’un exutoire, cette recherche du sentiment d’être en vie, de ressentir, ce sentiment d’être encré dans une réalité incarnée par la douleur. Tu pouvais comprendre, mais Arod ne le pouvait pas. La douleur que lui avait côtoyait était une punition, une pénitence d’une faute qu’il ne comprenait pas. Pour lui, aucune faute ne pouvait justifier qu’un être se fasse mal ainsi, aucune personne capable de tels remords ne méritait de s’infliger ça et aux vues de ce qu’il connaissait de ce gamin, il ne le méritait aucunement. Un gamin qui s’excusait de te réveiller en pleine nuit en rentrant chez lui et en faisant du bruit en tournant la clé dans sa serrure, un gamin capable d’une bienveillance sans bornes à l’égard des bestioles de ces bois, un gamin qui donnait bien plus qu’il ne recevait sans rien demander en retour, sans pensées intéressées, un tel gamin ne méritait pas d’être tourmenté ainsi. Tout comme son frère ne l’avait pas mérité. C’était un accident, un putain d’accident pour lequel il était seul à se sentir coupable. Arod l’avait compris, bien trop tard, sinon peut-être aurait-il pu faire autrement, dire autre chose, trouver une solution, mais après tout, peut-être n’y en avait-il aucune, peut-être que ce qui devait arriver était arrivé et que rien, absolument rien n’aurait pu chasser cette culpabilité assassine quand bien même le jeune Arod avait envie de la prendre pour lui, de l’absorber comme on absorbe le venin d’une plaie pour l’aider à la porter, soulager son dos de ce fardeau bien trop lourd pour ses frêles épaules comme il avait envie de le faire avec ce jeune homme dont il ne connaissait pas les tourments ni la culpabilité. Mais il était évident qu’il s’agissait de cela, pourquoi sinon ? Pourquoi ? Pourquoi seules les personnes capables de s’en vouloir sont contraintes de souffrir ainsi, pourquoi les vrais méchants de ce monde sont les seuls à se complaindre dans leur absence d’état d’âme, pourquoi les petits de ce monde sont les seuls à devoir vivre écrasé par leurs remords. Pourquoi ? Pourquoi la culpabilité ne choisissait que les cibles les plus faciles, pourquoi ne peut-elle pas s’attaquer à personne capable d’assez de force pour la porter ? Pourquoi ? Il aurait voulu la porter pour lui, il aurait voulu le hisser sur ses épaules pour le soulager de ce poids, de ses sanglots, de l’asphyxie qui écraser sa gorge, de la tenaille qui étouffait son cœur.

Plus il le regardait trembler, plus il sentait la rage érailler son cœur devant ce spectacle tristement familier qu’il aurait voulu ne jamais revivre. Parce qu’l aurait tout donné pour ne plus jamais le voir… Mais peut-être que ça aussi c’était inévitable, peut-être que c’était sa chance de tout reprendre à zéro, de réussir là où il avait échoué, de se racheter de son échec pour lequel il aurait pu sombrer dans la même spirale. Sauf qu’il avait choisi la lutte à l’apathie et il comptait bien se battre et forcer ce gamin à le faire ! Il le regardait, recroquevillé sur le canapé, suivant tout juste son regard sur les débris de sa toile sur laquelle tu aurais surement eu un regard artistique plus critique et compétent que lui, là où il ne voyait que la démonstration d’un désarroi dévastateur, d’une haine de soi et de ce que l’on peut faire, de ce qui venait de soi. Il ne semblait plus lutter pour lui répondre et sa réponse fit naitre une nouvelle vague de haine au fond de ses entrailles qu’il parvint à cacher à merveille comme seul les sorceleurs savent le faire. Une colère sourde face à cette solution cruelle pour faire taire une voix qui n’avait aucune légitimité à exister, une colère brûlante face à cette putain de solution. Une solution qui ne devait en aucun cas être un putain de besoin, jamais. Jamais on ne devait avoir en venir à telle extrémité. Peut-être que le sorceleur aurait réagi avec moin de véhémence s’il en avait été autrement de son passé, mais cette putain de solution était la raison pour laquelle il n’avait plus de famille, la raison de ses mutations, la raison de ces décennies d’errance, la raison pour laquelle il n’avait jamais eu une vie normale, la raison pour laquelle il était mort pour un métier que personne n’avait choisi en dehors de lui, la raison pour laquelle il n’avait pu se résoudre à la mort. Alors la demi-mesure n’était pas de mise et si ce gamin avait voulu continuer à s’infliger ça sans que personne ne s’en soucie, alors il était très, mais alors très mal tomber d’avoir ce vampire et ses névroses comme voisin.

Arod avait écouté ses raisons, du moins son explication et son visage de marbre fini par se brisait en un soupir pour évacuer sa rage. Il décroisa ses bras, passa une main dans ses cheveux pour trouver quoi dire, quoi faire, sachant que tout ce qu’il avait essayé par le passé n’avait été qu’un échec. Tout ce qu’il avait toujours pu faire n’avait toujours était que nettoyer, limiter les dégâts, guérir plus que prévenir… Il parcourra la pièce du regard, laissant le jeune homme souffler le temps de trouver de quoi bander ses plaies. Son attention se reporta sur l’âtre et les meubles de cuisine de la maison. Il s’y dirigea alors et se mit à chercher quelque chose, des bandages, n’importe quoi. Il finit par trouver une petite boîte dans un des placards, contenant de la gaze et des onguents près à l’emploi. Une découverte qui eut le don de le rassurer en demi-teinte, parce qu’un côté, si ce genre de matériel était déjà près et accessible c’est que la chose devait se produire souvent (mais ça, il s’en doutait déjà vu le nombre de cicatrices) mais c’était aussi signe qu’il avait la volonté de les soigner, d’éviter qu’elles s’infectent… Chose que son frère n’avait jamais fait…

Il revint vers le jeune homme avec ses trouvailles et saisit une chaise près de la table au passage pour s’asseoir face à lui. « Tends ton bras, il faut stopper le saignement. » Qu’il obtempère ou non, Arod saisit doucement son avant-bras meurtri et se mit à nettoyer les plaies en silence avant d’y appliquer les onguents et de les enrouler d’un bandage anoxique pour éviter l’oxydation des herbes et faciliter la cicatrisation. Une fois les blessures traitées, il posa le matériel à côté de lui, laissant reposer son dos sur le dossier de la chaise dans un soupire avant de recroiser les bras sans quitter le garçon des yeux. Il ne demanda pas depuis combien de temps cela durée, la cicatrisation de certaine plaie lui indiquant déjà que cela ne datait pas d’hier. Il ne demanda pas non plus pourquoi cette voix était apparu et ce qu’elle voulait, par encore. « Je ne suis pas Adam, moi c’est Arod Obwaga Myrkvid. » Manière laconique d’énoncer un fait qui n’avait rien de simple mais pour avoir une chance de savoir, de gagner sa confiance, il devait lui montrer qu’il était apte à entendre, à comprendre.

Un nouveau soupir précéda un mouvement pour se redresser et ouvrir sa chemise malgré tes suppliques pour qu’il ne le fasse pas. Il t’ignora comme tu avais le don de le faire avec lui comme un juste retour de bâton. Une fois suffisamment déboutonnée, il ouvrit le col pour laisser apparaitre les traces de brûlures qu’avaient laissées un bûcher sur ton torse, un bûcher sur lequel tu étais monté il y a des décennies déjà à Ard Carraigh après une nouvelle bavure de Darius mais un bûcher que tu avais espéré être le dernier. Mais surtout, l’ouverture de la chemise laissa apparaitre les cicatrices que des lances avaient laissé, celle de tes griffes et la dernière en date, celle d’un scramasaxe en diméritium non loin de ton cœur qui avait suivit ta rencontre avec Jodariel. « Adam est un être vieux, bien plus qu’il n’en a l’air et il est surtout plus complexe qu’on peut le croire. » Commença à énumérait le sorceleur. « Lui aussi à ses exutoires comme tu peux le voir… Lui aussi à ses voix… Nous sommes plusieurs dans ce corps, plusieurs à vouloir l’empêcher de continuer, plusieurs à avoir retenu son bras pour que la lame ne transperce pas son cœur… Se faire du mal n’est pas une solution, elle ne l’est jamais. »
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Adam Ulver Isenhart
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Nuage P. de Spalla
What is truth if not an illusion?
Nuage P. de Spalla
Race Race : Doppler.
Habite à Habite à : Novigrad et Velen, tu gambades.
Couronnes Couronnes : 28077
Messages Messages : 105
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What is truth if not an illusion?
Lun 7 Oct - 21:31
 
.Kissing death and losing my breath
NOVEMBRE 1275 - BRUNWICH
Adam Ulver Isenhart & Nuage de Spalla
Des solutions, des résolutions, on t’en avait proposé. Gorgyr avait fait un travail immense, du temps où tu habitais encore chez lui, pour trouver LA solution miracle qui pourrait régler ce problème qui germait dans ton crâne et qui amenait une corruption titanesque au sein de tes synapses. Cette voix, impératrice de ta propre culpabilité, rongeait tout ce qui passait sous ses doigts, s’entremêlait entre tes neurones, venait s’enrouler autour de tes pensées pour les ronger, peu à peu, les corrompre, les asphyxier, une à une afin qu’il ne reste plus que des cendres de qui tu étais à la fin de la nuit. Si, à une époque, la solitude de voyager seul ne t’avait pas déranger, elle était désormais ta pire ennemie, celle que tu redoutais avec l’ardeur de celui qui se savait en danger quand tu n’étais que par toi-même. Lorsque tu fermais la porte de chez toi, et que tu savais, pertinemment, que la nuit allait être longue, tu savais que la voix ferrait son apparition au moindre faux pas de ta part, au moindre mouvement qui ne serait pas diligemment accordé avec perfection. Tu te savais en danger. Chaque instant passé seul était un danger supplémentaire, était un pied dans un gouffre bien trop profond pour que qui que ce soit puisse te rattraper au vol. Alors, la douleur, c’était ta solution, la tienne. Elle était efficace, elle permettait à ce que tu respires à nouveau quand la culpabilité, quand la haine de ta propre personne venait à asphyxier tout ton être, quand ton propre crâne devenait une prison sans frontières, sans barreaux ; quand ton corps n’était finalement qu’un vassal au service d’une culpabilité qui grandissait d’années en années, de jours en jours avec la monstruosité d’actes que tu ne pouvais plus juger correctement tant ton esprit était biaisé par cette voix. Ton crâne était devenu le sanctuaire d’une impératrice terrible qui te torturait avec la lenteur du bourreau sadique, veillait à ce que jamais, ô grand jamais, tu n’oublies que tu avais fauté et qu’en ce sens, tu devais payé pour tes erreurs, tu devais payé pour chaque petite chose que tu avais pu faire un jour et même les plus minces devenaient des erreurs massives qui t’enfonçaient dans ce cercle sans fin d’excuse et de regrets, de remords et de dépréciation. Parfois, tu te demandais, encore, comment tu pouvais tenir sur tes jambes, te regarder dans un miroir quand rien que le reflet des quelques marques était suffisant pour te donner envie d’en finir, quand la pitié dans le regard de certains te donnait envie de vomir et que finalement, les paroles construites par cette voix viscérale prenaient corps et esprit dans une réalité qui se déformait par ta paranoïa sous-jacente, par ton anxiété nébuleuse. Tes marques, au final, n’étaient pas grand-chose, si ce n’est le témoin de ton combat éternel contre quelque chose qui était si profondément ancré en toi que personne n’arrivera jamais à l’en déloger, pas même toi. Un combat contre toi-même, contre ton propre esprit, contre ton propre crâne, contre ton propre corps – bien que là-dessus, ce n’était pas vraiment le tiens – et tout ce que tu étais. Ce n’était pas combattre ses démons, mais se combattre soi-même, et tu ne savais pas comment tu allais faire pour survivre encore plusieurs années comme ça sans perdre la tête.

Parfois, tu te disais que tu devrais partir de Novigrad, partir de cette maison, faire un voyage initiatique, découvrir tout ce que Gorgyr n’avait pas pu te montrer. Prendre tes instruments et faire quelques pas dans la neige de Skellige, dévaler les champs de Toussaint ou marcher le long des rivages du Kovir ou encore toucher du bout des doigts les si célèbres fleurs de Nazair. Toutefois, cette idée était généralement avortée dans l’œuf pour la simple et bonne raison que partir seul serait également ta perte. La voix aurait bien trop d’importance, bien trop de pouvoir que tu ne pouvais t’autoriser à lui en donner. Son emprise serait totale et tu deviendrais une véritable victime de ton propre esprit et ce n’était pas possible, tu ne pouvais pas l’être plus qu’aujourd’hui, même si c’était toutefois bien plus aisé que tu ne l’imaginais. Alors, cette solution était simplement condamnée à rester un rêve, une illusion que tu puisses un jour découvrir le reste du monde du bout des doigts, tu te contenterais d’observer les peintures qui étaient affichées dans les grandes maisons bourgeoises, de lire les quelques contes miraculeux au sujet de ces divers lieux qui faisaient grandir ton imagination déjà florissante. Tu avais déjà essayé le voyage, en partant, pour la première fois du nid créé par Gorgyr, et ça n’avait donné que bien peu de choses de bons. Tu avais rejoint les chiens de Spalla et même si tu avais apprécié quelque peu ce temps parmi eux, les mauvais points avaient été également nombreux, dont les nuits où tu te retrouvais à sangloter dans un coin d’une pièce après un attouchement trop sévère, après un croche-pied de trop et que la voix s’entêtait à te hurler que de toute façon, tu l’avais bien mérité. « Et tu l’avais mérité Nuage. Tu as vu la façon dont tu te comportes parfois ? Et la façon dont tu t’habilles, avec ces… Cuissardes ? Sérieusement, tu cherchais à ce que l’on te fasse ça. » Peut-être qu’elle n’avait pas tort, mais tu n’avais jamais vu le problème à t’habiller différemment des hommes que tu pouvais croiser, tu n’aimais pas que l’on impose des stéréotypes ou des codes de ce type, et tu les défiais, parfois, sans le vouloir. Tu aimais juste porter ce genre de choses, tu aimais juste pouvoir être fier de telle ou telle trouvaille et tu n’avais pas besoin que l’on te le mette dans les dents, et pourtant… Ils l’avaient fait. Alors, peut-être que c’était effectivement ta faute, pour ne pas avoir été suffisamment précautionneux de ce que pouvait penser les autres, pas assez attentif à ce que les autres pensaient et pouvaient penser. Peut-être que tout ceci n’était qu’une erreur, au final, mais si tel était le cas, alors, tu étais bel et bien le fautif de tout ce qui t’arrivait, tu n’étais plus une victime mais ton propre bourreau, par inconscience. Il n’y avait rien à faire. Tu n’avais qu’à plier l’échine et prier pour que les choses s’améliorent d’elles-mêmes, que tu évolues et que tu penses enfin à te fondre dans le moule, mais… Quand tu t’observais, parfois, tu ne voyais pas en quoi cela pourrait aider que de ressembler à tout le monde. Tu ne voyais pas en quoi il s’agissait d’une solution. Même à Novigrad, les attouchements arrivaient, les sifflements, les coups bas, les croche pieds et autres petites choses qui arrivaient à rendre ta vie légèrement plus pénible, et ce même lorsque tu ne portais ni cuissardes ni corsets. Alors, à quoi bon ? Au final, tu t’étais résigné à ressembler aux autres car qu’importe comment tu te comportais et comment tu t’habillais, on finissait toujours par tendre le bâton à ton encontre. La senescence de ta propre conscience était de toute façon en marche, et à mesure que tu approchais du gouffre, toute ta réalité se froissait pour ne devenir qu’un morceau déchiré, parsemé de constellations de souvenirs, et les solutions s’amenuisaient jusqu’à n’être que des fragments disparates de ce que tu étais. Plus le temps passait, plus tu craignais de te perdre, de n’être plus jamais toi-même tant la puissance de cette voix taisait ta propre conscience, tes propres envies jusqu’à te faire culpabiliser d’en avoir. De toutes les solutions que tu avais essayé, il n’y avait que ça qui fonctionnait, il n’y avait que cette mutilation qui fonctionnait pour libérer tes synapses de cette emprise méphitique, il n’y avait que cela qui réussissait l’exploit de délivrer tes poumons pour pouvoir respirer à nouveau. Il n’y avait pas grand-chose. Même la peinture, qui se voulait plus cathartique que tu ne l’imaginais, était devenu obsolète par le temps, devenant un véritable chemin de croix que tu empruntais à chaque fois que la peinture se trouvait sur tes doigts ou sur tes pinceaux. Il n’y avait… pas grand-chose à faire. La musique était encore l’une des rares occupations qui te permettait de respirer sans qu’elle t’asphyxie mortellement, ainsi que la présence de personnalités suffisamment fortes dans ton entourage pour la faire taire naturellement, pour qu’elle ne soit plus létale pour ton propre esprit. Tu étais faible, tu le savais, tu étais un échec ambulant, un véritable merdier qui ne pouvait se débrouiller tout seul.

Et tout ceci se confirma quand tu vis, du coin du regard, Adam se déplacer chez toi pour probablement trouver quelque chose qui nettoierait tes plaies, celles que tu t’infligeais naturellement dans un but de conservation, de préservation de ce qui te restait de sainteté d’esprit, si tenté qu’il y en avait encore. Pendant qu’il cherchait, tes yeux étaient comme fixés sur cette balafre que tu venais de rajouter à ton bras non tatoué. Le sang coulait encore un peu, mais rien de difficile à arrêter, rien de grave. Il n’y avait rien de grave, ce n’était pas grand, tu n’étais pas important, ce n’était pas important. Tout va bien. « Même pas foutu de prendre soin de toi, Nuage. Navrant. » Tu fermais un peu les yeux, tes muscles se crispant à mesure que le rire de la voix se répercutait contre les parois de ton crâne, devenant une mélopée que tu détestais bien trop. Toutefois, tes yeux se rouvraient à l’entente de la voix d’Adam, et de la présence d’une chaise à côté du canapé. Tu soupiras doucement avant de tendre ton bras tandis que la blessure sur tes côtes tirait doucement. Tu t’en occuperais après, ce n’était pas grave. Tu ne laissais jamais les plaies s’infecter, tu… Tu ne voulais pas mourir, malgré tout, et même si les cicatrices bravaient ta peau sous forme de structures complexes et abstraites, tu préférais qu’elles cicatrisent naturellement, sans trop de problèmes. Tu laissais Adam nettoyer la plaie à l’aide des onguents que tu avais, les joues légèrement rouges par la gêne que tout ceci se passe sous tes yeux, que tout ceci ait été vu par Adam alors que… Ce n’était quelque chose que tu n’autorisais à personne. Tu refusais tellement fort que l’on te voit ainsi parce que ton corps finissait par te dégoûter, parce que cette forme amorphe qui était la tienne dans ses moments-là était la pire. Une fois qu’il eut finit avec le bras, tu attrapas le pot contenant les onguents pour en glisser un peu sur le bout de tes doigts, venant l’appliquer sans trop de problème contre la plaie qui était sur tes côtes, bien plus fine, moins profonde et qui ne nécessitait pas de bandages. Tu attrapais juste une compresse d’herbes médicinales que tu collais contre la plaie avant de remettre correctement la serviette autour de ta personne, préservant ce qu’il te restait d’intimité dans ce cocon, cachant tout ce qu’Adam n’avait pas encore vu de ta mutilation et qu’il n’avait pas besoin de voir. Toutefois, ton regard se posa sur lui quand il t’annonça un autre nom par lequel tu ne le connaissais pas. Cependant, tu décidas de garder le silence, tes yeux suivant naturellement ses mouvements alors que tu observais alors les cicatrices qui parsemaient sa peau et que tu trouvais, étrangement, une certaine beauté dans la façon dont elles étaient agencées, dont elles se présentaient. Ce… N’était pas pareil. Tu savais que tu ne devais pas comparer, ce n’était pas bien, mais ses cicatrices n’étaient pas le témoin d’une mutilation volontaire, ou du moins, pas toutes, et tu ne pouvais t’empêcher de trouver une certaine contemplation dans ce qui se dévoilait sous tes yeux, toutefois… Tu restais emmitouflé dans la serviette, refusant de bouger, seuls tes yeux bougeant à mesure que tu observais les cicatrices. La voix d’Adam, pardon, Arod résonna à nouveau et tu levais les yeux des cicatrices. Alors, lui aussi avait plusieurs voix dans sa tête, et tu fronçais les sourcils en imaginant que malgré tout, la situation devait être différente, mais pas tant que ça d’une certaine manière. Tu déglutis doucement à ses mots, laissant ta tête retombée contre le dossier du canapé tandis que tes jambes se repliaient encore un peu plus contre ton corps, si tel était possible. « C’est la seule que j’ai trouvé, c’est… la seule qui parvient à m’apaiser quand ça devient trop fort, trop compliqué pour juste… Dormir. C’est une solution facile, je sais, mais… Je ne peux pas faire autrement.  » Tu soupirais alors que tu sortais doucement ton bras tatoué de la serviette, l’intérieur exposé au plafond tandis que tes doigts se mouvaient légèrement, dans un mouvement presque gracile pour toucher du bout des doigts la brise qui passait par la fenêtre laissée ouverte. « A part.. Adam, et toi, Arod.. Vous êtes combien, dans sa tête ?  » Tu demandais, malgré tout, ne pouvant résister à la légère curiosité qui t’avait piqué malgré tout. Il n’y avait toutefois aucun jugement dans ta voix ni même dans ton regard, juste une pointe de curiosité à voir que quelqu’un subissait peut-être un sort similaire au tien. Cependant, tu te doutais que tout était différent, tout l’était d’une personne à une autre et si un sort était parfois si proche de l’un ou de l’autre, il en demeurait toutefois unique d’une personne à l’autre et ne pouvait être comparable dans un sens comme dans l’autre et tu n’essayais absolument pas de comparer ton cas au sien. D’autant plus que s’il te disait qu’il était vieux, rien que dans ce fait vous étiez différents : tu étais jeune, bien trop jeune. « Comment.. Comment vous faites pour faire taire les autres si ce n’est par... ça ?  » Tu demandais finalement, le regard bas alors que tu remuais ton bras pour lui faire comprendre que tu parlais de ta mutilation. Tu soupirais doucement, te trouvant quelque peu ridicule dans la situation actuelle, et profondément épuisé, malgré tout, comme si toutes tes forces s’étaient amenuisées en quelques secondes, infimes et pourtant longues comme si elles avaient durées un jour entier. « J’ai essayé d’autres solutions, avec mon père, et rien… Rien n’a jamais marché, jamais suffisamment longtemps pour que ça se calme vraiment, pour que… Je l’entende plus.  » Un nouveau soupir passa la barrière de tes lèvres alors que tu observais les contours de ton tatouage sur ta peau, les cicatrices ressortant très légèrement par-dessus les aplats de noirs et les dessins géométriques qui marbraient certaines zones de ton avant-bras. « Je ne partirais jamais, Nuage. C’est toi et moi jusqu’à la fin. » Tu frissonnais à l’entente de cette voix que tu avais pensé être endormie jusqu’ici, mais finalement… Non, elle avait raison. Elle ne partirait jamais, non. C’était comme demander au ciel d’arrêter de pleuvoir, ça ne marchait pas ainsi, et dans ton cas, c’était pareil. Tu ne pouvais pas lui demander de se taire en espérant que cela fonctionne.
Nuage P. de Spalla
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Adam Ulver Isenhart
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Sam 19 Oct - 1:21
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Slow, slow ( Sam Tinnesz → Even if it hurts )
T'es autres n'étaient pas discrets. Tu avais parcouru le monde en leur compagnie, ne restant jamais au même endroit plus d’une quinzaine d'années lorsqu'ils t'invitaient à vivre parmi les humains, ne revenant jamais avant que plusieurs générations se soient éteintes ou qu'au moins les jeunes d'autrefois soient trop vieux désormais pour se souvenir ne serait-ce que du visage de leur proche. Toi-même tu n'avais toujours porté que ton nom, celui qu'Islène t'avait révélé comme tant le tien, mais tu n'avais jamais eu besoin d’en changer, ton corps portant déjà le nom de tes autres bien qu'à Velen, tu te sois contenté du tien. Mais ce n'était pas un secret que tu n'étais pas seul dans la forteresse de ton esprit, tu serais bien en peine de le dissimuler et quiconque prenait le temps de regarder de plus près pouvait aisément constater que quelque chose n'allait pas, que tu avais bien souvent des absences, des moments où ton monde mental devenait la réalité dans laquelle tu vivais, que tu changeais de comportement, que tu ne répondais pas lorsque l'on t'appelait pas ton nom, à supposer que quelqu'un ait l'envie sommes tout étrange de t'appeler. Car le prix de tes autres était aussi celui de la solitude. Car qui pouvait accepter de fréquenter un être aussi cryptique que toi ? Mais rien, absolument rien ne garantissait que tu sois plus entouré s'ils n'étaient pas là. Car tu étais bien trop peureux, tu avais bien trop peur du monde pour t’y aventurer seul, tu étais bien trop ignorant en ce qui concernait les rapports humains et cela malgré ton nombre impressionnant d'année. Mais tu n'avais jamais su faire, tu n'avais jamais eu le courage d'essayer, préférant te murer dans tes craintes malgré ton effroi face à la solitude... Quoi qu'il en soit, tu avais toujours laissé le loisir à tes autres de fréquenter les êtres de ce monde tant ils en étaient capables contrairement à toi. Alors tu les laissais faire, même si au final, tu n'avais pas le choix du refus. Alors ils exposaient leur existence comme si cela était la chose la plus naturelle du monde, comme Arod venait de le faire, tout cela pour la simple et bonne raison qu'ils étaient vivants à leur manière, des êtres à part entière avec leur individualité. Vous ne partagiez que le corps, mais pas la personnalité alors ils estimaient avoir autant le droit que toi d'exister par eux-mêmes et tu aurais été bien en mal de le leur refuser quand tu n’existais au final que grâce à eux.

Ainsi ils auraient aisément pu t'en vouloir de maltraiter ainsi un corps qui pouvait aussi être considéré comme le leur. Tu savais que le cœur d'Islène se serrait à chaque fois qu'elle te voyait dans un miroir tant elle n'avait pu empêcher tous ces stigmates et qu'elle en était en partie la cause. Tu savais que Darius serrait les poings de colère à chaque fois qu'il constatait tes cicatrices car il estimait être bien au-dessus de cela, intouchable, être celui qui les infligeait aux autres, mais pas celui qui devait les recevoir. Tu savais que Phinéas se voyait contraint de les cacher tant elles ne lui sciaient guère et qu'il les regardait avec une triste consternation. Toi, tu les cachais... Tout simplement parce que sinon cela impliquait des questions, des explications que tu serais bien en peine de donner tant rien n'était simple. Pour autant, bien que tu ne les montrais pas, tu les acceptais pour ce qu'elle était, la marque de tes échecs, de ta souffrance, de ta perdition. Arod était encore celui qui les vivait le mieux, comme une fatidique habitude et tu te doutais que cela était dû au fait que son corps à lui avait déjà été traversé d'autant de stigmate. Alors comme les autres, il s'était approprié ton corps au point d'y laisser son emprunte, au point de s'y faire tatouer le même motif qu'il arborait de son vivant sur ton omoplate gauche. Il était au final le moins honteux de ce corps et n'avait aucun mal à le montrer comme lorsqu'il se donna le droit d'exposer tes exutoires au jeune homme qui se tenait recroquevillé devant lui. Il était paradoxal de se dire qu'un autre que toi était plus à l'aise avec ton propre corps que toi-même... Mais ils étaient aussi tous plus à l'aise avec ta propre vie au final, s'adaptant au monde mieux que toi, interagissant avec les autres mieux que toi, évoluant mieux que toi, vivant mieux que toi, tout simplement...

Ils n'avaient pas besoin de se forcer, de stratagème, de se faire violence pour aligner trois mots en présence de quelqu'un sans avoir envie de partir en courant se recroqueviller dans un coin pour ne pas être vu, ne pas être entendu. Il était déroutant de se dire qu'il était si difficile d'affronter ce monde, d'affronter ce que l'on ait, et si toi tu avais toujours tenté de te fuir, tu ne pouvais nier que tu trouvais Nuage bien plus courageux que tu ne l'étais de parvenir à trouver des solutions secrètes pour qu'une fois dans le monde, ses tourments demeurent cachés et qu’il puisse vivre tant bien que mal au milieu des autres. Tu le trouvais courageux mais tu savais qu'Arod n'arriverait jamais à résonner de la même manière. Pour lui c'était s'enfermer dans une souffrance que l'on ne mérite pas jusqu'à en réclamer encore et toujours plus comme une drogue dont on s’habitue aux effets éphémères dans l'espoir de se sentir vivant dans l'espoir d'apaiser le poids d'une culpabilité trop lourde, dans l'espoir d'une rédemption qui ne nécessite pas ce genre de sacrifice pour être accordé. Ton cas et celui de Nuage étaient différents, toi tu voulais mourir pour débarrasser ce monde de ton existence, pour la retrouver quand sans elle, la vie était bien trop suffocante. Nuage, lui, semblait vouloir exister par cette douleur et Arod, là où il te comprenait toi pour vivre au sein de ton esprit, là où il comprendrait la culpabilité que tu ressentais vis-à-vis de sa propre mort que tes propres mains avaient provoquée, il ne pouvait pas pour autant concevoir que l'on se fasse du mal pour cette raison. « Ce n'est pas une solution facile Nuage, ça ne l'est jamais, aucune de l’est... Mais tu ne peux pas continuer à faire ça... Tu te mets en danger p'tit, tu ne sais pas quand tu peux donner le coup de lame de trop sans le savoir. Tu veux quand même pas crever, merde ? » Son ton était légèrement remonté avant qu’il ne soupire à nouveau pour reprendre le calme qu’il peinait à conserver. Il ne voulait pas accabler le gamin plus que nécessaire, il l’était déjà bien assez comme ça, mais il voulait le faire réagir, lui montrer qu’il n’était pas le seul à souffrir de ses actes, que lui, était réellement inquiet de son sort. Il ne savait pas si d'autre solution existait, il ne savait pas l'implication de cette voix qui tourmentait Nuage, il ne savait pas s'il y avait un moyen de la faire taire mais il fût subitement assailli d’une certitude souveraine, il trouverait cette solution, il ferait tout pour !... Et s’il n’y en avait pas, il l’empêcherait de recommencer, à chaque fois. Parce que même si cela lui apportait un réconfort momentanée, éphémère, c’était bien trop dangereux pour lui et qui pouvait savoir quand cela pouvait déraper et devenir… irréversible ? Il était bien trop jeune bordel !

Sa question suivante lui fit relever les yeux vers lui alors qu'il s’était perdu dans la contemplation des mouvements du bras du jeune homme et dans sa recherche intérieure de solution. Il se risqua alors à un sourire léger, qui se voulait rassurant mais rien ne garantissait qu'il le soit et il chassa les possibilités impliquant des mages et autres herboristes, ne sachant pas si cela pouvait fonctionner. Après tout Amélia, la douce Amélia, avait déjà énoncé cette idée, hors que pouvait un mage face à l’esprit vicié d’un vampire ? Comment pouvait-on espérer brider des voix, des personnalités entières sans risquer d’amputer son esprit d’une partie de son intégrité ? Et le problème ne se posait pas seulement pour un vampire, il devait de toute évidence être le même pour un elfe… « Nous sommes cinq en tout. Adam, que tu connais déjà, l’hôte originel de ce corps, Islène une vampire, comme lui, Phinéas, un vieux sage beaucoup trop flegmatique à mon goût, moi et… un autre » Il avait accéléré le rythme de ses paroles en finissant sa phrase, comme dans l'espoir qu'il ne relève pas ce dernier détail. Il aurait pu lui mentir, lui dire que vous n'étiez que quatre mais il essayait d'instaurer un climat de confiance avec le jeune homme alors le mensonge était exclu. Tout ce qu'il pouvait se permettre c'était une légère omission… Mais il se disait pourtant que si un jour Nuage avait le malheur de croiser Darius, il devait au moins être au courant de son existence... Arod n'aimait pas cette idée, il n’aimait pas le faire d'avoir à confirmer sa présence en parlant de lui, mais il faisait partie de ce tout, il ne pouvait pas le nier. Mais les deux hommes se vouaient une haine si viscérale qu’ils ne s’adressaient qu'à peine la parole sauf pour s'insulter et se menacer et qu'ils ne rêvaient que de provoquer la disparition définitive de l'autre. Ils étaient des ennemis jurés que rien ne pouvait réconcilier, l’un ayant tué l’autre et ce dernier ayant pris plaisir à le faire. Et si Islène c’était habitué à devoir le tempérer, si Phinaes s'accommodait de sa présence comme de beaucoup d'autres choses en bon stoïcien et que toi, tu subissais ses frasques sans pouvoir rien faire en dehors de tenter de mettre fin à tes jours, Arod lui le haïssait de chaque fibre de son être et aurait préféré nier son existence. L'intéressé fit d'ailleurs valoir sa vexation de ne même pas être nommé en frappant son poing gauche, la partie du corps dans laquelle il avait élu domicile, sur la jambe gauche, siège d'Arod lorsque celui-ci n'était pas dans la lumière. Le sorceleur serra les dents et tenta de demeurer impassible face à la douleur et sa furieuse envie de retourner dans ton palais mental pour l'éviscérer de ses mains. Mais il ne pouvait pas se permettre de partir, il ne voulait pas laisser le garçon, même avec un autre, même avec Islène. Non pas qui il n'avait pas confiance en elle, au contraire, elle était la plus à même de lui apporter du réconfort, mais pour l'instant, il voulait que ce soit lui qui soit présent pour le jeune homme, lui, le plus apte à comprendre...

Heureusement, la question suivante de Nuage lui fit oublier l’intervention intempestive de Darius et il posa ses coudes sur ses genoux pour se pencher légèrement vers le jeune homme et adopter une posture peut être moins autoritaire alors qu'il comprenait sans mal de quoi il voulait parler ainsi que sa curiosité. Après tout, tu pouvais aisément être considéré comme un phénomène de foire, une anomalie même parmi les tiens, ceux que tu n’avais jamais vraiment côtoyés parce qu’Islène te répétait que ce n’était pas nécessaire. Elle ne t’avait d’ailleurs jamais donné de raison à cela mais à présent, tu avais quelque théorie quant à l’explication de cette réticence car les rencontres avec tes congénères ne se passaient que très rarement bien. Peut-être à cause de tes autres, de ton passé, de ton incapacité à t’identifier à eux, à t’affilier à un clan pourtant si important pour eux. Quoi qu’il en soit, tu avais ton propre clan et tu aurais surement été plus à même de répondre à la question du jeune elfe, mais ce n’était pas toi qui étais dans la lumière et la responsabilité délicate d’expliquer ta situation revenait à Arod. « C’est une question à laquelle il est difficile d’apporter une réponse simple p’tit. Nous ne les faisons pas taire, nous vivons ensemble depuis des siècles, nous n’avons pas le choix et nous nous s'y sommes habitué. Même si cela nous déplaît parfois, on sait qu'on doit faire avec et nous ne pouvons que les ignorer lorsqu’il le faut et les dieux savent que c’est parfois pas une mince affaire. De plus… Adam sait qu’il a besoin de nous… Il ne serait pas grand-chose si nous n’étions pas là. Nous sommes un tout… » Tu étais bien en peine de le contredire, parfaitement conscient de la véracité de ses propos, alors tu ne dis rien, tu ne t’offusquant pas, tu te contentas d’écouter la vérité sur ta propre vie. « Nous ne sommes pas non plus tous conscients en même temps. Parfois Adam est seul ou l'un de nous est seul, parfois nous sommes deux ou plus... Cela varie et lorsque nous sommes plusieurs, voire même tous ensemble, il est alors difficile pour la personne consciente de le rester au profit d’une autre. Nous ne sommes pas des voix, nous sommes… nous, et parfois l'un de nous s'impose comme je l'ai fait pour venir ici. Nous ne cherchons pas à nous faire taire même si nous en avons parfois envie, nous avons appris à cohabiter tant bien que mal. » Ses explications étaient peut-être un peu bancales mais il voulait tenter d'être le plus précis possible même s'il s'agissait d'une chose difficile à décrire tant tu ne savais pas toi-même comment cela fonctionnait exactement, ce qui les avait fait apparaitre à l’origine et comment. Tu ne savais pas non plus si ton cas était une chose rependue ou si tu étais le seul à souffrir de cette névrose n’ayant jamais rencontré quelqu’un… comme toi. Tu ne savais rien… On ne t’avait jamais expliqué ta condition… Mais peut-être que les choses étaient bien différentes pour nuage et Arod se posa la même question bien que la réponse soit évidente, vous n’étiez pas dans le même cas de figure. « Tu sais pourquoi elle est là cette voix, ce qui l’a fait se manifester ? Ce qu’elle te veut puisque ce n’est pas elle qui te dit de faire ça dans la mesure où tu le fais pour la faire taire ? »
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Adam Ulver Isenhart
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Nuage P. de Spalla
What is truth if not an illusion?
Nuage P. de Spalla
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Sam 19 Oct - 14:31
.Kissing death and losing my breath
NOVEMBRE 1275 - BRUNWICH
Adam Ulver Isenhart & Nuage de Spalla
Un problème était quelque chose à résoudre, on t’avait appris. Un problème avait sa solution, avait, forcément, quelque chose pour débloquer la situation, pour que tout soit correct par la suite, pour que tout aille mieux par la suite. Depuis des années que tu traînais ton problème, tu n’avais rarement vu ne serait-ce que l’ombre d’une véritable solution. Ce n’était pas faute d’avoir cherché, d’avoir creusé dans les ouvrages afin de trouver des cas similaires, des problèmes similaires mais c’était comme si cette chose n’avait jamais existé, n’avait jamais trouvé solution. Alors tu t’étais résolu, naturellement, à croire que tu étais un cas parmi tant d’autres, faisant parti d’une minorité silencieuse dont le silence rapportait la difficulté du problème ; autant à l’identifier qu’à le guérir. Tu n’étais pas forcément aidé, qui plus est, par ton incapacité à parler aisément de ce qui te troublait, de tes sentiments et de tes émotions en général. Tu jugeais bon que personne ne soit au courant, pour la simple et bonne raison que tu n’avais pas à empoisonner les autres de ce qui te troublait. Ils n’avaient pas besoin d’être au courant et d’avoir cette charge supplémentaire qui pouvait les incomber si jamais ils venaient à savoir que tu n’allais pas bien. Ton mal-être était ton problème et non le leur, alors dans cette optique-là, tu n’avais pas à en parler à qui que ce soit. Même lorsque l’on venait à te demander, directement, il était plus régulier que tu éludes, que tu noies le poisson pour répondre avec un sourire que tout allait parfaitement bien, même quand tes joues étaient tiraillées par les marques d’un énième passage à tabac ou que tes mains tremblaient de l’anxiété de ne pas être à la hauteur ou d’inquiéter quelqu’un inutilement, d’être encore une fois… un boulet pour les autres plus que quelqu’un de lambda devant lequel on passait sans se retourner. Tu avais beau être une créature des plus sociales, ne craignant que peu les foules et les autres par nature, tu n’étais pour autant pas à l’aise quand l’attention était totalement portée sur toi pour autre chose que pour ton art, pour ce que tu savais faire de tes dix doigts. Tu étais très vite poussé à une anxiété grandissante et des crises paranoïdes quand on venait à te regarder autrement qu’avec le désintérêt notoire que l’on portait à quelqu’un de fatalement banal. Tu préférais que l’on ne te regarde pas, que tu ne sois qu’un point affameur dans un large spectre de personnalités bien plus captivantes que toi. Tu ne méritais pas que l’on te regarde autrement, à tes yeux ; tout comme tu ne méritais pas que l’on s’inquiète de ta personne car tes problèmes étaient les tiens, et dès lors où ils touchaient quelqu’un d’autre, c’était la culpabilité de ne pas avoir pu contenir le démon qui venait s’immiscer tel un poison méphitique sous ta peau et enserrer toute pensée raisonnable afin d’étouffer la réalité de ce qui pouvait être tes désirs et tes émotions. « Pourquoi quelqu’un s’intéresserait à toi, de toute façon ? » C’est vrai. Tu n’étais pas grand-chose. Tu étais à peine une figure substantielle, une simple figure de copiste dénué de réel intérêt lorsque l’on s’intéressait à la surface de cette paroi d’argile que tu maintenais tant bien que mal autour de qui tu étais. Tu n’osais à peine dire que sous la surface, le spectre était plus captivant, plus attrayant car au fond… Les autres méritaient bien plus d’intérêt que l’on ne pouvait en porter pour toi. Tu n’étais pas grand-chose. Au mieux, un grain de sable dans un bac-à-sable de couleurs et de teintes différentes, sans saveur et sans forme. Au pire, tu n’étais que la coquille vaporeuse empreinte de taches noires et grises courroucées par des aspects nébuleux colorés. Il n’y avait rien de concret et d’ensorceleur à ta personnalité, à ce que ton histoire pouvait bien avoir à raconter. Tu aimais la vie et tu aimais donner aux autres plus que tu ne t’autorisais à toi, et c’était suffisant. Les autres… Les autres, tu devais les aider et non pas les incomber d’un problème qui ne possédait aucune solution.

Même Adam, ou du moins, Arod, ne méritait pas de te voir dans cet état, il ne méritait pas de s’inquiéter pour ta personne et surtout… Tu ne méritais pas son attention et son inquiétude quant à un état qui durait depuis plus d’une décennie – si ce n’est plus, tu n’avais jamais été bon avec les chiffres – maintenant et qui pourrissait chaque pensée d’allégresse que tu pouvais connaître. L’arborescence de ta vie était définie par cette voix, par les pensées qu’elle infusait dans ton crâne comme un consensus légitime qui conditionnait tes lignes de conduites et tes mécanismes de défense comme un diktat impérial sur lequel tu n’avais aucun poids. Peut-être aurais-tu dû te forcer à ne jamais l’écouter ? Peut-être que tu aurais pu empêcher qu’elle prenne autant de poids et autant d’importance dans ton crâne ? Mais la solution n’était pas si simple. « Tu es faible, Nuage. Faible d’esprit, faible de corps. » C’était ça. Ce ne serait jamais arrivé si tu avais une force d’esprit et de caractère qui aurait permis d’étendre des barrières autour de ta conscience afin qu’elle ne puisse jamais venir te marteler d’ignominies passagères et éphémères. Tu n’avais pas la force nécessaire pour résister, pour t’emparer d’une arme et de tuer ce qui était, à ton sens, le poison le plus venimeux qui coulait entre tes synapses comme la parole la plus acerbe et la plus empreinte de vérité. Tu avais conscience de sa place, conscience de sa réalité, de sa véracité et quand bien même tu étais particulièrement au courant de l’infamie qui pouvait régner entre les lignes, tu ne pouvais t’empêcher de trouver qu’elle avait parfois raison. Que ces mots n’étaient pas simplement une pure invention dans le but de te mettre à mal mais une réalité que tu semblais te voiler par peur de découvrir la réalité de ce qui composait les abysses de ton esprit. Ces mots étaient alimentés par une culpabilité et des regrets que tu n’avais jamais sus présider, que tu n’avais jamais appris à guider dans le bon sens. Ta faiblesse d’esprit, et ton cœur intensément trop puritain, t’avait rendu vulnérable à ce genre d’attaques psychiques et psychologiques plus qu’aux attaques physiques que tu subissais sans un mot, mais avec les larmes qui découlaient de la douleur parallèle dans laquelle tu étais entraîné constamment. Il était difficile de vivre en sachant pertinemment que sa vie ne valait guère plus qu’un morceau de papier froissé, que tu étais brisé au-delà de raison mais que tu faisais fi du passé pour ne pas avoir à confronter ce qui avait un jour fragmenté la totalité de ton être jusque dans ses fondements les plus profonds. Tu ne parlais pas de tes émotions et de tes problèmes, mais tu ne parlais pas non plus de ton passé, de ce qui avait causé les divers obstacles que tu avais aujourd’hui. L’elfe était celui qui était dans ta tête, c’était ton meurtre par défense, c’était ton incapacité à ne pas faire de mal, que ce soit aux autres ou à toi-même. Tes oreilles étaient cette femme à qui tu avais donné une confiance aveugle sans te douter que le couteau se retournerait contre toi dans une furie meurtrière qui amena ton angoisse presque viscérale. Les chiens de Spalla avaient amenés ce dégoût que tu pouvais avoir de toi-même, de ce corps qui n’était même pas le tiens, de cette impossibilité à laisser les autres le voir ou le toucher. Gorgyr, malgré tout l’amour que tu lui portais, était celui qui avait envenimé une culpabilité déjà présente par ton incapacité à l’aider, à le sauver, à le protéger et avait engendré ce fondement de vulnérabilité dans lequel tu étais intrinsèquement bloqué. Et désormais, c’était le fait d’être seul, d’avoir été seul qui alimentait ta culpabilité, l’anxiété, l’angoisse, la paranoïa et ton éternel dédain de ta propre vie. « Tu avais mérité tout ça, Nuage. » Tu savais. Oh oui, tu savais très bien à quel point tu étais méritant de chaque coup de bâton qui était porté sur ta personne.

Alors, quand Arod souligna le fait que tu ne voulais peut-être pas mourir quand même, ça t’arracha un sourire, mince. Tes yeux, légèrement éteins et bouffis par les larmes salées qui avaient perlées sur tes joues il n’y a pas si longtemps, se posèrent sur tes doigts, dont les ongles s’incrustaient lamentablement dans la chair. Tu repensais, fatalement, à toute les fois où la lame avait été si proche d’un point vital que tu avais hésité à transpercer pour de bon, à enfouir la lame jusqu’à la garde pour que le souffle soit définitivement coupé et pour qu’il ne reste de toi qu’un cadavre glacial, une figure fantomatique dont on oublierait l’existence comme on chasse les moustiques en plein été. Un souvenir, à peine perceptible et tangible, de quelqu’un qui était là mais qui désormais, n’était plus que ça : un souvenir, fragmenté, une illusion de quelque chose qui souriait sans peine. Qui s’en soucierait ? Tu n’étais qu’un point intangible dans un monde trop concret dans lequel tu mettais pourtant énormément d’espoirs et de promesses qui seront à jamais perdues dans le court du temps. Toutefois, malgré la réalité de tes actes et la façon parfois dangereuse que tu avais de réellement penser à la mort, à l’annihilation de ta propre personne, tu ne voulais pas mourir. Tu voulais vivre, tu voulais encore aider les autres, et faire de ton mieux. Tu ne voulais pas succomber à ce désir éphémère qui était celui de t’annihiler pour de bon, pour empêcher plus de souci chez les autres. « Non, je ne veux pas mourir. Pas aujourd’hui, pas demain, pas… Non. » Tu faisais abstraction du reste de sa question, du reste de ses mots car tu savais que ça n’avait pas de résultat positif que de lui dire que tu savais très bien que tu te mettais en danger et que c’était aussi pour cette raison que tu le faisais, pour peut-être qu’un jour, la lame de trop tombe sans que tu t’en rendes véritablement compte. Tout ça, cependant, Arod n’avait pas besoin de le savoir. C’était mieux qu’il ne soit pas au courant des véritables motivations que tu pouvais avoir parfois à ce sujet. Il était préférable qu’il reste et demeure ignorant de ce qui pouvait réellement te torturer l’esprit parfois, à tel point que tu en venais à espérer que quelqu’un abatte la lame pour toi. Tu avais du mal, aujourd’hui, à te regarder dans un miroir, à voir autre chose que la culpabilité qui jouait son rôle de corruptrice. Tu ne pouvais plus faire abstraction des marques qui s’étalaient sur tes bras, le long de tes côtes et sur tes cuisses, malgré les tatouages stellaires qui désormais marquaient également ta peau dans un savant mélange compris pour effacer ces quelques traces qui, pourtant, n’allaient jamais disparaître. Jamais totalement. C’était même terriblement improbable et stupide que de penser qu’un jour, elles disparaitraient pour de bon, pour ne devenir qu’un vague souvenir d’une époque révolue et à jamais disparue. C’était idiot, et tu ne pouvais pas le penser. Tu les détestais, ces marques, mais… C’était la seule solution, la seule qui fonctionnait, la seule qui arrivait, malgré tout, à ramener de l’air dans tes poumons fragilisés par une culpabilité bien trop grande pour ce que tu étais. Alors, tu faisais simplement de ton mieux en trouvant les petits stratagèmes et les petites découvertes de rien du tout qui aidaient à ce que tu te sentes mieux, même si ce n’était que pour quelques secondes, quelques minces instants de passage, des petits rien. Alors, tu préférais faire abstraction des autres mots d’Arod, parce que tu n’aimais pas mentir, et tu ne voulais pas avoir à le faire en sa présence, en lui disant que tu allais arrêter parce que c’était faux. Il arrivait qu’il y ait des semaines où tu ne le faisais pas, parce que tu étais occupé, ou pour une autre raison, mais… Il arrivait parfois que ce soit tous les jours que la lame coupe et assaille ta peau. Il n’avait pas besoin de savoir ça, pas quand tu pouvais aisément déceler une forme d’inquiétude dans ses yeux et son comportement et qu’à ce titre, la culpabilité commençait déjà à former des nœuds dans ton estomac, tes entrailles s’emmêlant de la dureté d’une reine que tu connaissais que trop bien.

Tu relevais tes yeux vers lui quand il commença à parler de ce qui était en lui, ce qui semblait tout autant le torturer, d’une certaine manière, même si la souffrance était différente, et tu l’écoutais, silencieusement. Tes doigts se délogeaient naturellement de ta peau pour agripper avec un peu plus de vigueur la serviette qui était enroulée autour de ton corps, gardant au loin les images les plus viciées de ton corps. Tu tiquais très légèrement quand il t’annonça que le corps que tu avais en face de toi était en fait un vampire. Adam était un vampire. Non pas que cela t’inquiétait ou que cela pouvait te faire peur, loin de là, tu avais tout de même vécu avec un dragon, mais tu ne t’en serais pas douté, d’une certaine manière. Toutefois, tu te doutais que lui non plus ne devait probablement pas savoir que tu étais un monstre, un doppler. Après tout, tu savais mieux que de le crier sur tous les toits comme si cela devait être un exploit ou une bonne nouvelle. S’il y avait bien une chose que ce monde t’avait appris, c’était que la différence n’était tolérée que quand elle restait dans des clous pourtant bien définis et conformes aux normes humaines. Tu savais que tu transgressais de nombreuses normes rien que par ton existence et même si c’était douloureux, le monde fonctionnait ainsi, avec ses tares et les codes facétieux qui composaient une toile subtile. Toutefois, tu reculais ses pensées dans un tréfonds de ton crâne pour te concentrer sur ce qu’il te disait : ils étaient cinq, chacun avec un nom sauf.. un, qu’Arod ne jugeait pas bon de te dire, mais… Tu étais curieux. Tu te pinças alors les lèvres en te redressant très légèrement, une légère grimace tirant tes traits alors que la douleur sur tes côtes se réveillait quelque peu, pour te rappeler que le combat n’était pas fini, loin d’être achevé. « Qui est le dernier ? » Tu demandais, la voix encore légèrement tremblante et enrouée bien que des étincelles de ta vivacité si habituelle revenaient naturellement dans les trémolos de ta voix. Tu étais curieux, bien évidemment, mais c’était aussi parce que si chacun des cinq avait une importance, il ne fallait pas en laisser un de côté, qu’importe ce qu’il était et qui il était. Chaque personne avait son importance, d’une certaine manière. Même si tu étais bien incapable d’appliquer ces paroles à ton propre cas, bien évidemment. « Parce que tu n’es pas important, tout simplement. Ah, il faut tout te dire, à toi. » Tu grimaçais à nouveau, alors que tes doigts frêles s’accrochaient encore un peu plus au tissu de la serviette. Tu essayais d’oublier ces paroles et te concentrais, ou du moins, essayais, sur l’idée que tu aimerais découvrir chacune des personnes qui composaient Adam. Tu ne savais pas si tu serais capable de t’entendre avec tous, mais là n’était pas forcément la question, au fond, mais plutôt l’idée que tu aimerais les aider, si possible, même si ce n’était rien. Ton instinct d’abnégation était de retour, plus vrai que nature, plus réel que n’importe quoi d’autre et forcément, tu en oubliais la réalité de la situation, où Adam t’avait découvert dans ton bain, nu, avec des marques encore fraiches. Mais, ce n’était peut-être pas si mal, que tu arrives à oublier tout ça, même pour quelques instants, même pour quelques minutes. Tout était relatif, d’une certaine manière, mais parler avec lui permettait de faire taire la voix. Toutefois, tu ne pouvais pas ne pas voir les légères crispations qui apparaissaient sur le visage d’Adam, mais tu ne savais pas à quoi c’était dû, tu espérais surtout que ce n’était pas à cause de ta question. Ton cerveau était cependant ce qu’il était et tu pouvais déjà sentir les quelques nœuds de culpabilité à l’idée que ce soit toi qui ait provoqué cette réaction, ce mouvement de la main.

Néanmoins, ta légère culpabilité sembla s’évaporer doucement, comme une brume matinale quand les paroles d’Arod résonnèrent dans l’habitacle qu’était ta maison – ou du moins, ce qui y ressemblait. Il venait à t’expliquer le pourquoi du comment de son état et comment ils arrivaient à gérer la présence des autres, chose que tu étais incapable de faire alors que tu n’avais qu’une seule voix pour parasiter la totalité de ta conscience pour rendre d’un méli-mélo glacial de supercherie malines. Il t’expliquait qu’ils ne faisaient pas taire les autres mais également qu’ils n’apparaissaient pas tous, et même si tu essayais de comprendre, tout ceci faisait difficilement sens dans ta tête dans le sens où la voix que tu entendais était visiblement bien différente des personnalités qui logeaient dans l’esprit d’Adam. Ta voix à toi était la même que la tienne, sans aucune différence dans les tonalités et les volutes volubiles qui pouvaient s’élever parfois et elle « prenait » possession de ton comportement qu’à de rares moments où tu étais généralement trop piqué, trop à vif pour laisser court à la réalité de ton propre comportement et de ton propre spectre caractériel. Il t’arrivait, parfois, de devenir un peu plus agressif, un peu plus impulsif alors que tu ne l’étais pas le moins du monde, dans de rares situations où ta fragilité était encore plus sensible et plus visible que tu ne le voudrais et tu ne pouvais rien faire pour empêcher la voix de prendre le contrôle de tes paroles, de tes traits et de chacun de tes membres. C’était comme si tout était inconscient et conscient dans la même foulée et tu regrettais, très généralement, ces mouvements de comportement que tu ne pouvais gérer. Combien de fois avais-tu parlé sèchement à quelqu’un juste parce qu’il était un monstre ou un humain ? Combien de fois ta main s’était très légèrement levée contre un mouvement tiers sans que tu puisses faire quoi que ce soit pour l’en empêcher parce que tes mécanismes de défense étaient terriblement brisés et n’agissaient pas comme ils devaient le faire normalement ? Il y avait une part de cette voix qui essayait de te protéger, de te protéger des monstres et des humains en te faisant agir de la sorte alors que tu étais toi-même un monstre, une créature dissidente aux yeux de bien des êtres humanoïdes de ce monde. Toutefois, tu t’étais juré d’aider quiconque avait besoin d’aide, sans faire de distinctions, et de ne plus jamais faire de mal à qui que ce soit, si ce n’est toi. Alors, ces comportement dissidents purement créés et dictés par ta voix, c’était ceux qui renforçaient ta culpabilité et t’enveloppaient dans ce cocon glacial où tu te détestais encore plus et qui avançaient encore plus l’idée qu’il valait mieux que tu sois seul. Ainsi, tu hochais doucement la tête aux paroles du vampire, tes yeux fixés sur lui comme pour t’empêcher de rechuter dans les tréfonds de quelque chose de pire. « Donc… Si je comprends bien.. Adam a cinq personnes en lui, qui coexistent naturellement, sans forcément empiéter sur les autres à moins d’être.. Conscients de l’autre ? Enfin, vous êtes tous conscients des uns des autres et vous n’apparaissez pas toujours au même moment… C’est ça ?. » Tu fronçais très légèrement les sourcils, essayant de situer le sens de tout ceci. Tu n’étais pas une lumière, tu le savais bien, mais tu arrivais à comprendre certaines choses complexes malgré tout mais ce qui était décrit par Arod était particulier, bien plus particulier que ce que tu avais toi-même en tant que problème. « ça ne doit pas être facile à gérer, j’imagine. Vous… Vous avez tous des besoins et des envies différentes, nan ? Enfin… Vous êtes tous différents, mais tous nécessaires à … Adam. » Tu repris doucement, mimant une légère grimace alors que tu essayais de restituer les pièces d’un puzzle bien plus complexe qu’il ne semblait l’être. Tu resserrais un peu plus la couverture, sentant un léger courant d’air venant frapper ta peau encore à vif, et tu jetais un regard dans la pièce, dans l’espoir d’y trouver des vêtements pour éventuellement retirer cette nudité abjecte. Toutefois, tu reposais d’abord ton regard sur Adam. « Donc, vous ne cherchez pas à vous taire mutuellement, mais plus… A vous écouter et à agir de façon indépendante, c’est ça ? » Cela devait être quelque chose de possible pour lui, mais tu savais très bien que si tu écoutais ta voix, tu n’en sortirais pas vivant. C’était une telle évidence qu’éviter de la mettre en lumière était une bien meilleure option plutôt que d’essayer de maîtriser l’idée. Si tu essayais de coexister avec ta voix en lui laissant une plus grande importance, tu deviendrais probablement une incarnation de la folie même et on ne tarderait pas à te mettre sur le bûcher et même si ton existence était fatalement peu importante, tu ne voulais véritablement pas finir sur le bûcher de Novigrad à cause de cela. Si tu devais mourir, tu préférais que ce soit différemment. Soit de ta main soit… Parce que tu serais allé trop loin, qu’importe comment. La question suivante d’Arod eu cependant l’effet de te refréner quelque peu, de refroidir un peu tes quelques légères ambitions et tes quelques pointes de bonne humeur qui se développaient à nouveau. Tu inspiras doucement, alors que tu te redressais un peu plus, faisant craquer quelques un des os dans ton dos. « Qu’est-ce que je te veux, hein, Nuage ? » Tu tremblas très légèrement avant de t’appuyer sur le dossier du canapé pour te lever. Tes jambes étaient encore tremblantes mais il fallait que tu t’habilles, que tu enfiles quelque chose avant d’attraper une maladie quelconque qui te clouerait au lit pendant plusieurs jours, si tu t’en sortais vivant, bien évidemment. Tu te dirigeas alors vers les escaliers, où une petite commode était, et tu ouvris un tiroir pour en extraire un long pull vert foncé ainsi qu’un caleçon et un pantalon en lin, beige. Tu étais de dos à Adam et tu en profitas pour descendre, très légèrement la serviette sur tes hanches, cachant le plus de nudité possible même si tu te doutais que le vampire n’allait pas te regarder faire. Toutefois, tu sentais le tatouage sur tes épaules et ton dos te brûler très légèrement et tu te retins d’enfoncer tes ongles dedans pour enfiler le pull, plutôt. Le haut col permettant à ton visage de s’emmitoufler à moitié dedans, ce que tu fis en enfilant le reste des vêtements, reposant la serviette sur la rambarde des escaliers. Une fois fait, tu inspiras à nouveau, expirant lentement avant de passer une main dans tes cheveux de jais et de revenir vers le canapé où tu repris la même position, recroquevillé dans le coin du canapé, tes doigts s’entremêlant anxieusement entre eux, faisant craquer les os de tes phalanges sans le faire exprès. Tu relevais pourtant tes iris caramel en direction du vampire, une petite moue ornant tes lèvres mordues par ton anxiété. « Je ne sais pas ce qu’elle veut, Arod. » Tu soufflais doucement. Tu avais compris, au fil des années, qu’elle était une forme de personnification de ta propre douleur, de ta culpabilité, de ton dédain de toi-même et de tout ce que tu étais incapable de comprendre et d’appréhender correctement chez toi. « Et.. Je crois savoir pourquoi elle est là, oui, et je sais d’où elle vient. » Tu soupirais, une de tes mains attrapant le col de ton pull pour le remonter très légèrement pour couvrir la totalité de ton cou. « Je… Elle est apparue peu après que j’ai… Tué celui à qui appartenait ce corps, et elle est devenue plus forte après que l’on ait fait… ça, à mes oreilles. » Tu tournais légèrement la tête pour lui montrer l’oreille où un tatouage de lierre était inscrit à l’intérieur, dévoilant pourtant sans mal l’atrocité qui avait été perpétuée sur tes deux oreilles, aucunes d’elles n’ayant été épargnée par le couteau de la jeune femme qui avait prétendue être ton amie et qui, aujourd’hui, n’était qu’un vilain souvenir que tu ne voulais guère te rappeler mais dont tu n’avais pas le choix tant tu étais forcé de le voir en permanence. « Mais je ne sais pas ce qu’elle souhaite de moi, je sais pas ce qu’elle veut que je fasse à part… mourir ? Ou me faire culpabiliser à jamais pour ce que j’ai fait. » Un léger sursaut de rire apparut dans le creux de ta voix à ces mots tant ils étaient ironiques puisque tu n’avais pas besoin d’elle pour ça. Tu n’avais pas besoin de cette voix pour culpabiliser, pour avoir envie de mourir, pour avoir des regrets et des remords. Un léger sanglot forma une bulle dans le creux de ta gorge et tu tentas de le contenir du mieux que tu pouvais mais tu n’avais pu rien faire quand quelques larmes coulèrent à nouveau sur tes joues et que tu te recroquevillas encore un peu plus, enfonçant ton front contre tes genoux tandis que tes bras s’enroulaient autour de tes jambes dans l’espoir de maintenir un semblant de protection tandis que tes barrières d’argile s’effondraient une à une. Tu n’aimais pas parler de toi, tu n’aimais pas parler de ça, mais tu ne pouvais pas mentir, tu ne pouvais pas éluder, pas quand il avait déjà… vu le problème, quand Arod était si proche de ce qui était le pire de tout ce que tu étais. Tu ne pouvais tout simplement pas mentir, tu n’avais pas d’alternative.

Nuage P. de Spalla
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Adam Ulver Isenhart
What is truth if not an illusion?
Adam Ulver Isenhart
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What is truth if not an illusion?
Jeu 14 Nov - 16:35
Kissing death and losing my breath Even if it hurts. Even if it makes me bleed
I'm gonna carry you, pushing through with the dirt on my sleeves.
Even if it hurts. Even if it's razor deep
I'm not giving up, not gonna run
I'll be there when you need me. Even if it hurts
I've got no regret cause if I could Id do it over again
How long will it take for you to lean on me ?
Time to let it go, so you can finally breathe
Slow, slow ( Sam Tinnesz → Even if it hurts )
Ton rapport aux autres avait toujours été difficile à appréhender. Fatalement, tu n’aimais pas être seul, parce que tu ne l’avais jamais véritablement été. Parce qu’à une époque elle était toujours là et qu’à sa mort, tes autres avaient pris le relais, te tenant compagnie même quand leur présence devenait trop lourde à porter… Tu n’aimais pas l’idée d’être seul car elle signifier les perdre eux et malgré la difficulté que tu avais à vivre ainsi, vivre sans eux s’était avoir le poids d’action qui n’était plus celle d’un parasite de ton esprit, c’était vivre avec le faite d’être le seul à bord, leur seul fautif, le seul à devoir répondre de tes actes, le seul à devoir apprendre à faire un pied devant l’autre, à devoir prendre soin de toi quand tu ne savais pas comment t’y prendre. La seule vérité c’est que tu étais faible, bien trop faible pour ne serait-ce qu’essayer de vivre seul. Tu avais peur, de tout et même de toi-même. Tu avais peur, tu n’étais qu’un enfant à qui l’on avait encore jamais appris à marcher, tu n’étais qu’un estropié qui ne pouvait pas se passer de béquille pour avancer. Tu n’étais qu’une coquille vide qui réclamait une âme pour l’animer, ou plusieurs. Alors tu avais peur d’être seul et tu avais beau souhaiter leur départ, tu ne supporterais pas de voir ce souhait se réaliser, car sans eux tu n’étais rien, sans eux tu pouvais tout de suite te laisser mourir dans un coin sans un brin de volonté pour survivre, pour préserver une existence qui n’avait aucun sens. Tes rapports avec eux étaient déjà paradoxale, contradictoire, conflictuelle et ton rapport avec les personnes bien réelles n’était pas plus simple, loin de là. Bien souvent tes interactions passaient par l’un de tes autres car quand bien même tu aspirais à t’entourer de personnes faite de chair et d’os, tu étais bien incapable de le faire par toi-même, bien trop peureux, bien trop étrange. Et quand bien même tu arrivais miraculeusement à t’approcher de quelqu’un, tu devais encore affronter les regards, les incompréhensions, les questions sur tes changements soudains de comportement, sur le fait de ne pas te retourner lorsque l’on t’appelait par ton nom, sur tes absences, sur tes violences. Tu devais expliquer, tenter de le faire, inlassablement comme un condamné qui récite son plaidoyer pour tenter de se convaincre lui-même de son innocence. Et si par miracle il restait quelqu’un au bout du compte, tu devais encore vivre avec la peur de ne plus être toi-même, de pas te souvenir, de voir subitement vos rapports changer du jour au lendemain, de voir la peur dans son regard, le même dégout que celui que tu vois chaque foutu matin dans ta foutue glace. Alors tu finis par ne plus chercher à approcher quiconque, tu finis par te contenter de ta solitude factice et de la compagnie suffoquant de voix dans ton esprit vicié jusqu’à t’oublier toi-même petite à petit, inlassablement… Il est difficile de mettre des mots sur ce que tu es, sur ce mal qui te ronge, à supposer que cela soit un mal quand c’est le seul moyen que tu aies de rester en vie. Il est difficile de l’expliquer, de le comprendre, de l’accepter et si c’est déjà le cas pour toi, comme pourrais-tu demander à quelqu’un d’autre de le faire à ta place ? Comment peux-tu demander à quelqu’un de ne voir non pas qu’une seule personne en toi, mais une multitude ? Cette méfiance vis-à-vis de ce que tu es a fini par être parfaitement perceptible si bien que tu en deviens naturellement révulsant et c’est très certainement mieux ainsi. Pour que tu ne puisses plus décevoir, effrayer, briser…

Qu’en serait-il de Nuage ? Qu’en était-il de ce jeune homme qui avait le malheur de se retrouver proche de toi par la force des choses ? Pouvais-tu te permettre d’imposer ta présence méphitique à un gamin déjà accablé par le poids d’un autre qui voulait le détruire de l’intérieur ? Pouvais-tu prendre le risque de le briser lui aussi comme tu avais déjà brisé bien d’autres personnes ayant eu le désespoir de croiser ta route ? La pensée de Jodariel s’imposait encore et toujours comme la résurgence de ce que tu étais de pire, ce que tu pouvais faire de pire… Et si cela ne tenait qu’à toi tu partirais, tu fuirais loin pour t’éviter la souffrance d’un nouveau rejet, pour t’éviter la souffrance d’un nouvel échec, pour t’éviter la douleur de voir une autre vie détruite de tes mains. Mais cela ne dépendait plus de toi et si tu n’avais plus la force de prendre le moindre risque, ta vision parasitée par toutes les tentatives manquées, par toutes les fêlures et les défaites, Arod lui, avait encore le courage d’essayer. À la seconde où il avait vu la lame, à l’instant où il avait vu la couleur de son sang, il ne pouvait d’ores et déjà plus détourner le regard, il ne pouvait plus partir, il ne pouvait alors qu’essayer comme il l’avait toujours fait, de soulager le poids des épaules de ceux qui n’ont plus la force de le porter. Même s’il ne le montrait pas, même s’il arrivait à maintenir tout cela enfouit au fond de lui-même, toi tu le savais, tu le sentais trembler. Depuis son frère, depuis Andril… L’échec n’était plus une option, l’abandon n’était plus envisageable et le déni était totalement hors de question. Tu le sentis desserrer ses poings en entendant la réponse de Nuage… Il ne voulait pas mourir, c’était déjà cela, quelque chose dont tu ne pouvais pas te vanter toi-même… Même si la donne avait quelque peu changé récemment, plus parce que tu y avais été contraint que par un soudain instinct de préservation méconnu jusqu’alors. On avait dû te forcer à la vie sans quoi tu ne serais déjà plus là, plus qu’un tas de chaire flétrie attendant de ne devenir qu’un mince souvenir, qu’une infime pensée, qu’une impression avant de t’éteindre sans espoir de réveil. Et pourtant, ton cœur battait encore et c’est ton corps, bien vivant qui se retrouver face à Nuage ce soir. Pas parce que tu avais soudainement trouvé une quelconque valeur à ta vie et ton esprit, à l’amas de souvenirs fragmentaires que pouvait constituer ton existence, mais justement parce que tu n’étais pas seul et que ton rapport, étrange et addictif, à tes autres te forçait à la vie. Parce que tu avais été obligé de réaliser que ta mort laisserais certaines personnes dans l’incompréhension, le questionnement et aussi étrange que cela puisse paraître, dans la tristesse. Tu n’arrivais pas encore à savoir comme tu avais pu acquérir une telle importance aux yeux d’Amélia tant tu n’arrivais pas à projeter l’importance qu’elle avait à tes yeux à ta propre personne, mais tu avais bien était forcé d’entendre que ta mort la ferait souffrir. Or tu ne supportais pas cette simple idée que ta mort pouvait laisser une emprunte aussi néfaste que ta vie. Ton supplice était donc sans issue, tu étais condamné à faire rouler ton rocher jusqu’au sommet d’une colline pour le voir retomber tout en bas, inlassablement. Tu étais condamné à remplir des jarres percées, encore et encore et voir la moindre échappatoire s’échapper comme le liquide s’écoulant des fissures des amphores sans que tes mains puissent les retenir… Et il y avait tes autres, ces voix sans qui tu ne pouvais pas vivre et sans qui tu serais déjà mort de nombreux siècles auparavant. Ces autres que tu haïssais autant que tu y étais attaché, comme une addiction de laquelle tu ne pourrais jamais te défaire. Ces autres qui avaient bien plus de valeur que toi quand bien même ils n’étaient réels que parce que tu l’étais toi-même. Ces autres qui, pour la plupart, avaient bien plus à apporter que toi-même. Amélia avait raison, comme c’était souvent le cas, tu ne pouvais pas les condamner pour en châtier un seul. Tu ne pouvais pas faire preuve de cette autodestruction égoïste quand ils avaient mis tant de ferveur à te maintenir en vie, quand eux-mêmes n’avait pas envie de fermer les yeux pour ne plus jamais les ouvrir. Alors tu avais remis ta catabase à plus tard, tu avais ajourné ta fin jusqu’à ce que tu trouves enfin la force de te complaindre dans ton égoïsme, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne pour retenir ton bras et apaiser ton esprit. Ta fin était inévitable et celle de Nuage était à éviter. Inconsciemment, tu partageais le souhait d’Arod. Tout simplement parce que tu ne pouvais souhaiter ta propre fin à d’autre, tout simplement parce qu’on ne peut jamais prétendre l’indifférence quant au sort d’une personne que l’on connaît, quand bien même il ne s’agit que de quelques échanges anodins. Tout simplement parce qu’il reste un tant soit peu de palimpsestes de l’empathie qu’Islène s’est évertué à t’enseigner, tout simplement parce que tu te reconnaissais dans ce gamin et que tu ne voulais pas qu’un autre subisse la même souffrance, porte le même poids et finisse de la même manière. Alors certes, il ne voulait pas mourir et Arod et toi, vous ne pouviez que vous en réjouir mais il en demeurait que ses actions présentaient un risque bien trop grand. Il en demeurait que vous ne saviez pas jusqu’où pouvait aller cette voix pour lui faire un mal qu’il ne méritait pas. Tu voyais déjà les stigmates qu’elle l’avait poussé à s’infliger et c’était déjà bien plus que ce quelqu’un pouvait supporter, devait avoir à supporter. Des stigmates bien différents des tiens quand dans ta lâcheté, tu avais toujours préféré attendre et pousser les autres à te les infliger. Dans ta lâcheté mais aussi parce qu’une part de toi savait qu’ils interviendraient si c’était toi-même qui tenais la lame. Alors tu laissais les autres marquer ton corps, tu chercher la libération de la main d’un tiers dans un suicide par procuration. Lâche et peureux… Au milieu de toute ton empathie et de l’inquiétude que tu étais parvenu à partager avec Arod, il demeurait une sorte d’admiration morbide pour un jeu homme qui arrivait à faire ce don tu étais incapable. Tu savais que c’était mal, tu savais que ce n’était pas sain, tu savais qu’Arod avait raison et que tes pensées n’aidaient en rien les propos qu’il essayait de tenir, mais c’était plus fort que toi et tu ne pouvais qu’essayer d’éluder ces pensées viciées, tout comme Arod. Tout ce qu’il voulait retenir, c’est que Nuage ne voulait pas mourir, c’était tout ce qui comptait à l’heure actuelle. Pour autant, il n’était pas dupe, il était déjà bien trop familier de ce genre de situation pour se contenter de cela. Nuage avait l’honnêteté de ne pas prétendre qu’il ne recommencerait pas, mais ça, c’était une triste évidence. Les marques étaient trop nombreuses, leurs cicatrisations bien trop uniformes. Il ne pourrait pas arrêter, il ne le voulait peut-être même pas et Arod pouvait difficilement lui lier les mains et enlever toute objet tranchant de son entourage direct sans le blesser autrement que physiquement. Il ne pouvait pas le considérer comme un enfant, il ne pouvait pas lui retirer la confiance dont il avait sans doute besoin. Tout ce qu’il pouvait faire c’était l’empêcher le mieux possible, c’était être présent pour le dissuader de recommencer, comme un filet pour l’empêcher de sombrer. Il ne pouvait pas avoir la prétention de l’être, mais il le ferait et cette fois, que Nuage le veuille ou non. « Heureux de l’entendre p’tit ! » Il n’avait pas besoin qu’il lui fasse promettre, il n’avait pas besoin qu’il enfonce le clou et tu lui en étais toi-même reconnaissant tant tu ne pouvais pas promettre toi-même d’être encore en vie dans un jour, une semaine, un an…

Arod était décidément bien plus à même de pouvoir faire face à cette situation. D’une part parce que tu n’avais pas assez de recul mais aussi parce qu’il était capable de comprendre comme il t’avait compris toi. Il arrivait aussi à expliquer ce que tu étais bien en peine de nommer, tes névroses. Mais, tout comme tu l’aurais sans doute fait, il éluda le nom de celui qui rendait ton existence aussi toxique et ne put donc pas empêcher la question suivante de Nuage malgré ses efforts pour rendre ses dernières paroles anodines. Il laissa un léger soupir lui échapper alors qu’il passait une main dans ses cheveux comme pour s’arracher du crâne la bonne manière d’exposer les choses. Si Nuage était un jour amené à le rencontrer, il devait savoir à quoi s’attendre car ni toi ni Arod ne pouvait le protéger de cela. Après tout, vous étiez voisin et en cela, Nuage était déjà en danger. C’est aussi sa présence à lui qui te poussait à vivre un minimum à l’écart du village de Brunwich et encore plus de Novigrad, là où la décadence et les tentations pouvaient bien vite faire vriller l’excitation et la patience de Darius. Seulement voilà, tu n’étais pas seul dans ton coin de forêt et même si Nuage n’était pas souvent chez lui, au vu de l’implication d’Arod, tu allais être amené à le recroiser bien plus souvent alors il devait savoir et le sorceleur le savait. Il prit une inspiration avant de chercher un point d’ancrage pour son regard dans la pièce, comme si s’il ne regardait pas le jeune homme directement dans les yeux, il ne pouvait pas l’entendre véritablement. « Le dernier… Le dernier c’est Darius et honnêtement c’est pas quelqu’un que l’on a envie de connaitre et je te souhaite de ne jamais le croiser…. Disons qu’il est… la raison pour laquelle Adam a une bonne partie de ces stigmates. C’est pas quelqu’un de bien Nuage… » C’était un tueur malade, rien de plus, rien de moins et cela Arod aurait pu le préciser mais le but n’était pas de faire peur au gamin quand bien même il avait voulu savoir. Il devra apprendre à s’en méfier, il devra apprendre à déceler les signes de sa présence tant il était d’ores et déjà devenu une source d’inquiétudes pour toi et tes autres qui n’étaient pas des monstres sanguinaires. Tu te retrouvais déjà à avoir peur pour lui, à craindre le jour où il croiserait sa route et à prier pour qu’il s’en sorte. Tu ne pourrais pas supporter d’autre souffrance sur la conscience, d’autres morts… Et ce gamin… ce gamin avait déjà bien trop de douleur pour avoir à subir en plus les griffes de Darius. Ce gamin… Ce gamin il réveillait en toi un instinct que tu pensais disparu à tout jamais mais que tu n’arrivais pas encore à écouter quand Arod l’avait d’ores et déjà embrassé sans se poser de questions. Ce gamin avait réveillé cet instinct qui t’avait poussé à ne pas abandonner cet orphelin malade dans les campagnes d’Angern. Cet instinct c’était celui qui t’avait poussé à lui donner un nom. Cet instinct c’était celui qui t’avait donné envie de lui donner un toit, des vêtements chauds et de la nourriture à mettre dans son assiette. Cet instinct c’était celui qui t’avait donné l’envie viscérale de souffrir à sa place. Cet instinct, c’était celui qui avait fait couler tes larmes à sa mort. Cet instinct… tu refusais de le voir ressurgir, parce qu’il te faisait peur, parce qu’il était bien trop puissant, bien trop dangereux tant il te laissait vulnérable à de nouvelles fêlures, à de nouvelles meurtrissures que tu ne pourrais pas supporter. Ce n’était pas le cas d’Arod. Il reporta son regard sur le jeune homme en l’entendant grimacer, poussé par cet instinct restait bien trop longtemps en sommeil. Il ne semblait pas avoir pris peur quant à la révélation de ta race, ce qui aurait été normal et ne manqua pas de t’étonner. Ses traits momentanément tirés ne devaient donc pas être de ce fait mais sans doute de celui ta sa voix. Arod devait tenter de la lui faire oublier, de la couvrir du mieux qu’il pouvait de la sienne pour qu’elle cesse de le harceler. Il répondit donc à sa question, du mieux qu’il pouvait, écoutant sa réponse sans l’interrompre, gardant son regard aussi bienveillant qu’il pouvait l’être. Il semblait en tout cas avoir tout compris de ses maigres explications bancales et ce n’était pas plus mal quand on connaissait la difficulté d’expliquer ce que tu étais dans toute ta complexité. « C’est tout à fait ça p’tit ! On coexiste tant bien que mal à cinq et non, c’est pas facile… Nous devons supporter de parfois assumer les frasques des autres. Nous ne savons pas toujours ce qui se passe et nous devons faire face à des conséquences dont on ne connaît pas les causes. Nous ne savons pas toujours ce que les autres font de mon… De ce corps, celui d’Adam. Ouai, c’est pas simple, d’autant plus quand chacun n’en fait qu’à sa tête et je reconnais que ça m’arrive aussi. D’autant plus que… Enfin c’est compliqué. » Bien trop pour une soirée. C’était d’autant plus compliqué pour Arod qui avait une vie et une histoire avant de n’être qu’un invité dans un corps auxquels il avait dû s’accommoder. C’était parfois bien commode pour toi tant Arod avait donné une histoire à ce corps qui n’avait pas d’origine, mais pour lui, sa vie s’en retrouver dévié, il en était privé… Non rien n’était simple...

Arod finit par baisser soudainement le regard, essayant de réprimer un sourire qui ourlait d’ores et déjà ses lèvres en se souvenant d’un détail que tu oubliais toi-même bien trop souvent. Il se redressa vers Nuage, humant légèrement d’amusement, tranchant radicalement avec l’atmosphère pesante qui flottait encore dans la pièce. « C’est paradoxal… Tu veux que je te dise un secret ? Adam, ce n’est qu’un surnom, un diminutif. On a toujours tendance à l’oublier et lui-même ne le savait pas avant qu’Islène ne le lui dise. Son prénom complet, c’est Adamas et tu sais le plus drôle ? ça signifie « inaltérable » ! La bonne blague ! Il n’y a rien de plus inconstant que ce vieux vampire… si ses géniteurs avaient su… » Comment auraient-ils pu ? Mais Arod avait raison. Tu oubliais sans cesse ton propre nom et personne ne t’appelait jamais ainsi alors que tu te présentais toujours sous ton diminutif. Mais tu avais un prénom foutrement ironique quand on y pense. Il n’y avait rien d’aussi mal nommé que ta personne. Tu étais changeant, incomplet, imparfait, fragile et ton esprit était aussi solide qu’un fétu de paille balayé par le vent… Mais tu étais inaltérable. Foutue blague en effet et ce n’est que lorsque l’on te rappelait ce fait que cela sautait d’autant plus aux yeux. Islène ne t’avait appelé ainsi qu’une seule fois, la seule et unique fois où elle avait élevé le ton pour te faire réagir, te faire sortir de ta torpeur léthargique. C’est ainsi qu’était venu cette révélation, à l’époque où elle était encore en vie. Elle t’avait toujours mieux connu de toi-même, elle connaissait ton identité, ton histoire, les raisons de tes névroses et c’est le seul et unique jour où tu demandas des réponses. Des réponses qu’elle ne te donna pas, parce qu’il était préférable de ne pas savoir, parce que tu n’en avais pas besoin, parce que tu étais mieux sans tes souvenirs, parce qu’il était plus sain de te construire sans. Son discoure n’avait soulevé que plus de questions encore, et plus de craintes également quant à l’horreur qui avait pu mener à ce que tu étais à présent. Maintenant qu’elle n’était plus, maintenant que Darius et elle était les gardiens du néant de ton anamnèse, tu ne cherchais plus à savoir. Tu n’étais pas inaltérable, tu n’étais pas un diamant, tu n’étais qu’une foutue gemme craquelée aux couleurs incertaines et à la solidité toute relative. Tu n’étais plus Adamas, tu n’étais qu’Adam la coquille. « Enfin, tu as bien compris la situation… On doit se coordonner pour le bien d’Adam, pour l’empêcher de faire… enfin… C’est pas toujours évident pour tout le monde et certains n’ont pas la même conception de ce qui est bien pour lui mais, on est bien forcé de faire avec. » Encore une fois il parlait de Darius. Si pendant un temps il t’avait aidé à vivre sans la culpabilité de ton métier de mercenaire en guidant ta main, en prenant la responsabilité de ces gestes, tu avais fini par porter la culpabilité de sa présence alors que lui s’évertuait toujours à faire parler cette violence qui était tienne, sans retenue ni remords comme par souci de ne pas imploser si tu ne la laissais pas se déchaîner. Darius était néfaste, c’était une putain d’évidence, pour autant, tu savais qu’il ne ferait jamais rien pour te blesser directement, pour attenter à ta vie, seules les conséquences de ses actions sur le monde et ta conscience était des meurtrissures toujours plus vive parce qu’il n’arrivait pas à comprendre que ce qui était bon pour lui n’était pas bon pour toi. Tu avais du mal à l’admettre, mais il ne cherchait au final que ta survie et ta protection, ce qui ne semblait pas être le cas de la voix de Nuage. Vos situations semblaient bien différentes et difficilement comparables au final et tu le compris aisément face à la réaction que la question d’Arod avait suscitée. Tu lui aurais surement fait remarquer la connerie de son acharnement et de son manque de tact d’un coup derrière la tête si tu étais en mesure de le faire mais tu ne pouvais guère intervenir et au final, il avait eu raison d’une certaine manière. Pour aider Nuage, il devait comprendre ce qu’il en était et jusqu’où allait l’influence de cette voix. Arod le vit se redresser, se diriger vers les escaliers et il s’apprêta à se lever avant que tu ne l’en empêche. Tu comprenais qu’il tente de le protéger de lui-même, mais qu’il l’étouffe, non. Alors il le laissa s’éloigner et compris que tu avais eu raison en le voyant prendre des vêtements. Il détourna le regard, le laissant se promener dans la pièce, sur sa cheminée, sur le matériel de peinture et les restes de ce qui avait été une toile colorée éparpillée au sol. Il attendrait la réponse à sa question, il attendrait que Nuage ait enfilé des vêtements chauds, ce qu’il aurait dû lui proposer bien plus tôt à vrai dire. Mais le sorceleur dans un corps de vampire qu’il était avait tendance à oublier la fragilité de certains êtres et la vulnérabilité aux maladies qu’un simple coup de froid pouvait apporter. Alors un peu honteux, il attendit. Le jeune homme revint finalement s’installer et Arod reposa son regard sur lui, voyant les mouvements de ses mains comme des témoins de son anxiété. Il l’écouta alors patiemment, essayant de comprendre, de faire des parallèles avec ta propre situation, des parallèles qui se révélèrent bien vite hasardeux et non-avenue. Et puis bien vite la recherche d’explication laissa place à la colère lorsque le jeune elfe évoqua ce qu’il avait subi à ses oreilles. Dans sa théorie d’une possession par un blême, Arod avait déjà trouvé une explication à cela qu’il n’avait pas révisé jusqu’alors quand bien même elle était obsolète depuis qu’il avait constaté son ombre. Mais maintenant il apprenait qu’il ne s’était pas fait cela lui-même, ce qui aurait dû être évident. Quelqu’un l’avait mutilé et l’avait par là-même enfoncé plus profondément dans la spirale infernale qu’il s’était créée. Et puis il releva un détail qu’il n’avait même pas relevé plutôt. Celui à qui appartenait ce corps. Ce visage n’était donc pas le sien, il n’était pas un elfe et tout devint tout de suite un peu plus clair. Arod passa une nouvelle fois une main dans ses cheveux pour tenter de mettre de l’ordre dans ses idées. Il attendit qu’il ait fini de parler pour tenter d’exposer ce qu’il avait déduit. « Tu es un doppler donc. » Ce n’était pas un jugement et il n’y avait aucune agressivité dans sa voix, seulement un constat. De toute sa vie de sorceleur, il n’avait jamais croisé de représentant de cette race mais les lectures qu’il avait consacrées aux bestiaires de son école lui avaient appris le peu de chose que l’on pouvait savoir de ces êtres si particuliers. Des monstres métamorphes, capables de prendre l’apparence de personne qu’ils avaient déjà croisée et de côtoyer par là-même leur esprit. Des êtres qui n’avaient rien de maléfique, de dangereux ou de fourbe mais qui inspiraient la peur par leur capacité à lire en quiconque en prenant simplement son apparence comme on change de vêtement. Mais il y avait une chose dont il était maintenant absolument sûr, les dopplers n’étaient pas mauvais par essence, tout comme bon nombre de créatures qui n’aspirent qu’à vivre tel qu’ils sont. Seulement il apprenait maintenant que leurs essences, leurs capacités intrinsèques pouvaient se retourner contre eux. Si cette vois était apparu en prenant le corps de cet elfe, n’était-ce pas la perversion de son esprit assassiné qui faisait payer à son meurtrier ? Peut-être. Le sorceleur était bien en peine de le dire. Quoi qu’il en soit, cette voix était définitivement néfaste et alimentée une culpabilité qui le rongeait déjà de l’intérieur. En cela, était-ce véritablement différent d’un blême ? Arod resta silencieux un moment avant de reposer ses coudes sur ses cuisses pour se pencher vers le jeune homme, prenant une voix qui se voulait d’autant plus rassurante. « J’avais un grand frère, il y a bien longtemps de cela. Il a tué nos parents, c’était un accident, la simple conséquence de la maladresse d’un enfant. Quoi qu’il en soit, il avait fait de nous des orphelins et il ne se l’est jamais pardonné. J’ai vu la culpabilité le ronger tous les jours un peu plus et il a fini par… se faire du mal. Je n’étais qu’un enfant mais j’ai comprit un jour que quelque chose alimentait cette culpabilité... Mon frère était possédé par un blême, un spectre qui se nourrit des remords, vidant son hôte jusqu’à ce qu’il ne devienne que le fantôme de lui-même. Il est mort après plusieurs années de supplice et ce malgré le fait qu’il était le seul à se tenir responsable de ce qui s’était passé… La culpabilité est un fardeau que l’on a tendance à s’imposer, parfois à outrance. Tu as tué cet elfe et tu te le fais payé depuis mais Nuage cette culpabilité ne justifie pas tout ce que tu t’infliges. Si tu veux porter sa mémoire, soit, fait le, mais tu as déjà largement payé ta dette, j’en suis sûr. Tu dois te pardonner Nuage. » Il ne savait pas qu’il avait choisi les bons mots, il ne savait pas si cela allait suffire. Après tout, cela n’avait pas suffi à sauver son frère quand bien même il lui avait répété ses mots jour après jour.

Dans un soupir, il se redressa pour enfoncer son dos dans le dossier de sa chaise avant de laisser son regard se perdre une nouvelle fois dans la pièce, comme s’il cherchait un moyen de justifier ses propos. Or il n’y en avait pas réellement, Nuage avait assez souffert, c’était une certitude et cela devait cesser. Son regard finit par tomber une nouvelle fois sur les fragments de toiles qui gisaient au sol. Le sorceleur n’avait pas un œil artistique, loin de là, c’était un néophyte fini qui ne comprenait rien à la peinture. Lui c’était un artisan et même si on pouvait parfois les comparer à des artistes, lui se contenter de recopier la nature sans l’interpréter, reproduisant des motifs végétaux dans les sculptures de ces meubles en bois, c’était jolie, ornemental, mais il n’arrivait pas à considérer cela comme de l’art quand il ne s’agissait que de technique et d’imitation. Peut-être avait-il tord mais dans tous les cas, il était bien incapable de différencier une toile de maitre d’une escroquerie artistique. Il fonctionnait à l’émotion, si la toile était belle à ses yeux, si elle lui transmettait une émotion, alors c’était de l’art réussi, c’était aussi simple que cela et il ne s’encombrait pas de considération quant au mouvement artistique qu’il était bien en peine de comprendre. L’artiste, c’était toi, enfin à supposer que tes toiles soient dignes de cette appellation. Quoi qu’il en soit, il observait les fragments de couleurs éparpillées au sol et se risqua à se pencher pour en saisir quelques-unes et essayer de reconstituer un semblant de puzzle. Tout ce qu’il était en mesure de dire c’est que ça n’avait rien à voir avec tes toiles. Toi tu avais un style plus proche de ce que faisait Van Rogh en plus abstrait encore sans aucun doute. Tu aimais représenter les formes et les couleurs telles que tu les ressentais et voyais dans ton esprit vicié au lieu de te contenter de recracher sur une toile ce que la nature montrait bien mieux que toi. Tu préférais représenter des impressions de paysage, de ciel, de couleur telle qu’elle se formait dans ton crâne. Celles de Nuage semblaient bien différentes et quoi qu’il en soit, Arod trouvait ça plutôt jolie. C’était coloré, il y avait de l’énergie et du mouvement et ça parlait à son âme de néophyte complet. Il regarda donc les semblants de toiles reconstituées avec un œil qui se voulait critique avant de reposer le tout à peu près dans l’ordre sans le lâcher du regard. « Hum… C’est dommage que tu es détruit ta toile, ça avait l’air jolie, j’aime bien à vrai dire. » Ce n’était même pas de la démagogie, il était sincère, bien en peine de mentir sur un sujet qu’il ne maitrisait pas. Quoi qu’il en soit, il voulait essayer de redonner le sourire à ce jeune homme qui le méritait amplement.
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Adam Ulver Isenhart
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