Tu savais que tu étais trop sérieux, mais c’était comme ça. Tu ne pouvais absolument pas t’empêcher de penser à ce qui allait suivre, ce que tu allais devoir assumer plus tard devant une table qui t’effrayait parfois bien trop, bien plus que tu n’osais véritablement l’avouer mais c’était comme ça, y’avait pas grand-chose à faire. Alors, tu préférais enfouir ton nez et tes papilles arrosées d’alcool, désormais, d’un vin dont tu appréciais sans mal les arômes qui venait ravir tes papilles mais également ton esprit qu’il rendait un poil plus léger. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était déjà ça de pris, tu imaginais. Ca pourrait être pire, mais tu n’arriverais probablement pas à te retirer cet énervement en tête, ni même ce sérieux qui crispait plus ou moins tous tes muscles, même les lâches. « Je sais, Zéphyr, je sais. Et je te remercie pour ce vin, il est incroyable. Probablement le meilleur que j’ai bu goûter ces derniers temps. » Bon en même temps, avec l’hiver, tu n’étais pas franchement d’humeur à ouvrir une bouteille ni même à en acheter, alors tu étais resté sur tes petites réserves qui n’étaient clairement pas des meilleurs. Ce n’était pas que tu avais du mauvais vin, mais ce n’était pas la plus fine surface de ta cave, bien au contraire. Ils étaient bons, mais comparé à un est-est d’une magnifique année, ou encore un vin de la cave de ton fils d’une encore excellente année, il y avait un monde avec ce que tu pouvais présenté chez toi. Heureusement, tu avais encore ton excellente liqueur de mandragore qui savait ravir les papilles et désinfecter correctement un gosier abîmé et rendre à la faune intestinale toute son hygiène. Tu remarquas ton amie faire un toast à une jeune femme et tu suivis le mouvement pour voir la barde que tu avais toi-même invité pour cet évènement et tu lui adressas un sourire tout en levant ton verre en sa direction, si tenté qu’elle allait te voir ou non. Tu n’étais pas des plus rayonnants, et encore moins quand ton compagnon faisait son entrée. Une entrée que PERSONNE, absolument PERSONNE ne pouvait manquer à moins d’avoir déjà la tête dans une cuvette à vomir ses tripes. Tu ne pus empêcher le roulement de tes yeux derrière tes orbites en le voyant s’extasier de toute sa splendeur avec la grâce d’une reine. Oh, bien évidemment, il était magnifique, et tu l’aimais encore plus quand il était ainsi, mais, tu devais aussi avouer qu’il en faisait peut-être un peu trop aussi. En même temps, ça ne t’étonnait pas. Dans son for intérieur, tu savais que le dragon était une diva qui manquait cruellement de ces temps curieux où il pouvait exposer toute sa recrudescence de ce genre. Ce n’était pas grave. Tu l’aimais comme ça, et tu ne pus t’empêcher de suivre ta meilleure amie avec quelques applaudissements de ton propre cru, levant même ton verre en sa direction, ne sachant nullement s’il te verrait ou non faire ce geste. Oh, tu te doutais bien qu’il ne viendrait pas vers toi directement, pas quand il y avait autant d’invités aux environs, et que bien évidemment, tu ne pus empêcher ton regard de se poser sur cette tête brune que tu aurais probablement foudroyé sur place si tu avais pu. Tu aurais dû t’approcher d’Ataroa, rien que pour pouvoir contempler un peu plus ses écailles ivoire que tu aimais tant, mais non… MAIS NON. Ce foutu vampire n’avait absolument pas pu s’empêcher de s’approprier ton compagnon, bien évidemment. Qui cela étonnait encore ? Tu soupiras, suffisamment fort pour que quelques personnes qui étaient autour de vous se retournent, surpris, et tu fis taper tes ongles contre ton verre si bien qu’ils ne tardaient à revenir dans leur position initiale. « Il me tape sur le système Zéphyr. Regarde le, là ! Il se pavane, il sourit comme un bienheureux là, et il s’approprie Ataroa comme si c’était SON compagnon. Ah, je le supporte plus. » Tu crachas ton venin avant de prendre une grande rasade de ton verre si bien que tu dû arrêter un serveur pour en reprendre un sur lequel tu laissas une légère marque de griffes. Nan, vraiment, tu ne le supportais pas, ce n’était pas possible. Tu détestais cette proximité avec ton compagnon, véritablement. Tu ne pouvais pas, tu ne pouvais absolument pas le supporter, ça commençait à te rendre sérieusement en colère, même si c’était stupide. Après tout, il n’y avait rien de plus entre eux qu’une amitié, tu le savais, tout comme il n’y avait jamais rien eu d’autre, à priori. Tu le savais. Il n’était pas une menace, mais il y avait tant de paramètres en jeu qui faisaient que même avec ton âge, tu n’avais aucun poids contre lui que tu savais pertinemment que s’il voulait te tuer, lui, il pouvait le faire impunément. « Ils sont ridicules, ces cheveux. T’as vu ses bouclettes là ? Même pas soignées, et cette barbe… Erh ! Et cet air, tu as vu son regard de bienheureux là ? Ah mais au secours, qu’est-ce qu’il fout là ! Pourquoi il peut pas être comme sa sœur, avec un peu plus de verve, ah. » Tu soupiras à nouveau tandis que tes yeux scannaient de nouveau l’assemblée et que tu remarquais, alors, le rejeton du vampire que tu détestais si fort. Un rejeton dont tu avais refusé les sentiments quand ils s’étaient présentés, mais qui était bien plus intéressant que le dit père qui te tapait, tout simplement, sur les nerfs. « Comment il a pu engendré un fils pareil quand on a un père pareil, je comprends pas, ça me dépasse Zéphyr. » Tu roulas encore des yeux tandis que tu pris une lampée d’alcool, espérant que cela calmerait ton sel. Mais tout le monde le savait : non, ça ne calmerait rien, et surtout pas quand tu avais encore ton regard posé sur le duo. Insupportable. Ataroa allait t’entendre à ce sujet.