Welcome home, my loving daughter

☾☾ Tu n’avais pas imaginé et ni même pensé que tu puisses être aussi touché par la prestation de ta jeune fille. Tu savais qu’elle allait être ravissante, resplendissante même, mais tu n’aurais pas pensé que cela puisse mettre autant tes nerfs en pelotte, les rendant aussi moelleux que s’ils étaient formés uniquement par du sucre mou si malléable que tu devenais toi-même un sucre. Tu n’étais pas quelqu’un de foncièrement méchant ou difficile à faire plier, mais tu n’étais pas toujours très à l’aise avec l’idée de laisser voir tes émotions. Probablement une fierté masculine – fort mal placée – qui venait toujours faire des siennes et que tu n’avais que faire de modifier parce qu’au fond, tu t’en satisfaisais bien suffisamment pour que tu puisses t’en sortir. Tu n’avais pas besoin de te modeler de telle manière à convenir à tout le monde, de toute façon. Toutefois, tu n’avais pas pensé que voir ta fille dans telle position réussirait cet exploit magistral que de te faire monter les larmes dans le coin des yeux. Tu avais bien du mal à retenir ces perles salées qui étaient significatives de ton bonheur mais également de la nostalgie profonde que tu pouvais ressentir à ce moment présent. C’était étrange, tu n’étais pas forcément habitué mais là, à cet instant, tu pouvais bien te foutre des habitudes, car toute cette situation n’avait rien d’habituel. Tu avais rêvé, pendant de longs moments, de retrouver cette jeune femme qui était ta jeune fille adoptive, et maintenant que tu l’avais entre tes doigts, tu ne comptais pas la laisser filer de sitôt oh que non. A moins que la jeune femme décide de repartir sur les routes, et tu ne comptais pas l’empêcher de faire ce qui lui plaisait, oh que non. Les souvenirs étaient présents, ancrés dans ta mémoire comme s’ils étaient indélébiles (et c’était probablement le cas, finalement) et désormais, tu pouvais en ajouter un à ta collection qui se découlait devant tes yeux comme s’il s’agissait d’un panorama magique que tu avais toi-même créé de tes pouvoirs. Ce qui n’était bien évidemment pas le cas. Tu pouvais bel et bien serrer ta jeune fille contre toi et sentir ce cœur qui battait si vivement dans sa poitrine ; elle était là, bel et bien là, après tant d’années de séparation, et si une partie de ton cerveau refusait encore d’y croire, ces éléments-là te permettaient pourtant bien d’y croire et d’y poser la réalité du concret. Toutefois, ta prise se relâche doucement d’elle, dans la peur de l’étouffer du peu de force que tu peux avoir mais tu observes et tu vois, sans mal ce sourire qui caractérise tant cette jeune femme que tu as appris à reconnaître depuis quelques heures. Tu la redécouvres, sous un nouveau jour et c’est presque une bénédiction pour tes yeux. Tu souris doucement à sa question concernant un service qui, qu’importe – ou presque – la nature, tu allais accepter bien évidemment et ce, à cœur joie. Toutefois, tu reconnais cette fois qui te pousse à remonter bien loin dans des souvenirs qui ne se sont pas entachés avec le temps, ou du moins, pas autant qu’ils le devraient. Sa question te fait sourire doucement et tu te lèves, obligeant la jeune femme à faire de même. Tu t’approches de la fenêtre que tu clos doucement avant de te pencher pour éteindre une bougie alors que les rayons lunaires effleurent déjà la voûte de Toussaint en quelques milliers d’étoiles que tu aimerais connaître aussi bien que tu connais les rêves. Tu éteins les autres bougies alors que tu sens le regard d’Ubis sur toi, depuis l’encadrement de la porte et tu le rejoins, et c’est avec un petit sourire que tu te tournes vers Renarde, tendant doucement ta main en sa direction. « Tu viens, ma puce ? » Une fois sa main dans la sienne, tu sais que la jeune femme ne tardera pas à prendre sa forme animale, et ce, avant que vous n’atteigniez ta chambre qui sera bientôt composée de plus d’animaux que d’êtres à formes humanoïdes. Toutefois, pour la première fois depuis longtemps, c’est une nuit douce et sans l’ombre d’un cauchemar en vue que tu dormiras.